Les superaliments ont-ils autant de bienfaits qu’on le prétend?
Les superaliments ont-ils vraiment un superpouvoir ? Trois experts en nutrition nous révèlent que la réalité n’est pas aussi simple et nous disent quoi et comment mieux manger.
On les connaît bien, ces aliments auxquels on attribue toutes sortes de bienfaits particuliers. Les kiwis, notamment, sont blindés en vitamine C, les avocats, non contents d’être riches en minéraux, font des miracles pour la peau, les noix non salées protègent contre les maladies cardiovasculaires et le poisson gras est bon pour le cerveau, pour n’en citer que quelques-uns. Mais dans quelle quantité et à quelle fréquence les consommer, et comment les associer de la façon la plus bénéfique ?
Une stratégie marketing?
À en croire Eric De Maerteleire, bioingénieur et docteur en sciences biologiques appliquées, il n’existe pas de « superaliments » : « Le mot superfood ne veut rien dire, il a été inventé pour promouvoir les produits. L’un affirme que nous devons nous mettre à boire du thé matcha, l’autre crie haut et fort qu’il faut manger plusieurs avocats par jour. Mais quel que soit l’aliment, quand on exagère, ce n’est pas bon pour la santé. »
UNE VISION HOLISTIQUE
En réalité, tous les aliments non transformés sont bons, même s’il existe effectivement quelques différences entre les uns et les autres. Certains sont plus riches en vitamines, d’autres contiennent plus de substances bioactives, qui peuvent être intéressantes dans certaines circonstances. Comme les kiwis, par exemple : « Ils sont parfaits pour lutter contre la constipation. Prenez-en deux tous les jours avec votre petit-déjeuner et vous verrez rapidement la différence. Mais si vous mangez trop de kiwis au détriment d’autres aliments, cela aura des effets moins positifs. Il faut considérer l’ensemble des aliments, car ils se complètent les uns les autres. »
Aucune baie, aucun germe ne vous fera vivre dix ans de plus. Il faut mettre les choses en perspective...
La Pr Elisabeth De Waele, cheffe d’un service de nutrition clinique, ne croit pas non plus à la power food : « Aucune baie, aucun germe ne vous fera vivre dix ans de plus. Il faut mettre les choses en perspective. Il peut y avoir une preuve scientifique qu’une certaine baie a par exemple un effet antioxydant, mais si par ailleurs vous buvez un verre de vin ou que vous vivez dans un environnement pollué, elle ne fera pas la différence.» Pour la professeure, tout est également une question de dosage des quantités : « Si vous mangez des huîtres tous les jours, un aliment sain en soi, à la longue, vous aurez une intoxication aux métaux lourds. Chaque aliment a ses avantages et ses inconvénients. Les gens dépensent parfois beaucoup d’argent pour la power food, alors que d’un point de vue holistique, ça ne sert pas à grand-chose. »
GARE À L’ORTHOREXIE
En ce qui concerne la qualité, la spécialiste de la nutrition considère comme bénéfique l’alimentation méditerranéenne : « Il est prouvé qu’elle pourrait prévenir certaines maladies. Mais il ne faut pas exagérer, cette façon de se nourrir n’est pas la seule manière de préserver sa santé. »
Même son de cloche chez Eric De Maerteleire : « Chaque année, aux USA, on établit une liste des meilleures habitudes alimentaires du monde, et le régime méditerranéen figure depuis de très nombreuses années en haut du classement. Il s’agit d’une alimentation riche en noix, pommes de terre, maïs, légumes et fruits, herbes et épices, avec beaucoup de poisson gras et peu de viande. Mais, je le répète, c’est l’ensemble qui est bon pour la santé, pas un aliment en particulier. » La variété de l’alimentation est ainsi bien plus importante que la valeur nutritive d’un produit précis, confirme Elisabeth De Waele. « On voit des gens qui, à force de vouloir manger sainement, exagèrent au point d’être atteints de ce que nous appelons « l’orthorexie nerveuse”. Ils bannissent notamment tous les sucres et consomment trop de protéines parce que c’est la grande mode actuellement. Ils se font plus de tort que de bien, alors qu’ils sont convaincus de se nourrir sainement. C’est un phénomène que nous voyons de plus en plus souvent ces dernières années. »
On mange quoi, alors?
Eric De Maerteleire nous confie deux astuces pour tous ceux qui désirent améliorer leur alimentation et leur santé : éliminer tous les sucres ajoutés de son alimentation — manger donc le plus de produits non transformés — et consommer deux fruits par jour. Car c’est un fait, Elisabeth De Waele va dans le même sens, nous devrions manger plus de fruits et de légumes en général : « C’est valable pour l’entièreté de la population. La Belgique ne score pas bien en matière d’alimentation, nous ne nous nourrissons pas si bien que ça. Les campagnes publiques en faveur de plus de fruits et légumes au menu ne sont pas là pour rien. »
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