Victime de body shaming, Myra aide les femme à aimer leur corps

La vie parfois vous bouscule tragiquement. Étonnamment, au creux de la détresse, certaines personnes découvrent précisément un sens à leur existence. Et le transforment en projet. La preuve avec Myra. Harcelée enfant pour son physique, elle photographie des femmes pour les aider à aimer leur corps.

Myra (39 ans)

« La lumière s’est comme éteinte en 2017. Physiquement, j’étais au plus mal. Mes bras me semblaient mous comme des spaghettis cuits, j’avais des vertiges et je souffrais de migraines. Burn-out sévère. À ce stade, j’avais visiblement ignoré tellement de signaux d’alerte qu’une bonne série de nuits réparatrices n’allaient pas suffire à me remettre d’aplomb. Je suis allée voir un psychologue, qui a conclu que j’avais besoin d’une longue période de repos intégral. Cela a hélas permis à d’anciens démons de refaire surface.

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J’ai traversé ma jeunesse avec un sentiment d’angoisse permanent. J’ai toujours vécu en mode fight or flight, programmée pour réagir à tout danger. Je n’ai jamais appris à écouter mon corps et j’ai toujours travaillé trop intensément. Je ne ressentais rien, ne remarquais rien, comme s’il n’y avait aucune connexion entre mon corps et ma tête. Moi qui pensais avoir depuis longtemps réglé les traumatismes de ma jeunesse, ce n’était donc en fait pas du tout le cas... Progressivement, tout est remonté à la surface. Le mur, pas d’échappatoire. Un vrai crash physique.

Transcender ses traumas

En tant que photographe, je couvrais principalement des fêtes de mariage, mais j’ai dû arrêter. Cela m’en demandait trop. Je suis passée à ce que j’appelle maintenant des sessions “Body & Soul”, des shootings très intimes de femmes “normales” en lingerie, style boudoir. Après quelques clientes, j’ai remarqué que tout comme moi, de nombreuses femmes vivaient avec des traumatismes non réglés. Certaines avaient traversé un cancer, d’autres une enfance difficile, une séparation douloureuse ou une succession de fausses couches. Progressivement, les shootings ont évolué vers autre chose que de simples photos en lingerie. C’est devenu un moyen de transcender avec d’autres personnes mes expériences traumatisantes et ma lutte contre mon image de moi. Sans intention d’en faire quelque chose de super thérapeutique, je remarquais le bien que cela procurait à ces femmes de se montrer un court instant vulnérables, presque nues, devant quelqu’un qui comprenait ce qu’elles avaient vécu.

« Enfant, j’ai été beaucoup harcelée car j’étais joufflue, je portais des lunettes, j’avais des taches de rousseur et les cheveux roux. Ce type d’expérience, on le porte toute sa vie. »

J’ai moi- même longtemps été en lutte avec mon image. Enfant, j’ai été beaucoup harcelée car j’étais joufflue, je portais des lunettes, j’avais des taches de rousseur et les cheveux roux. Ce type d’expérience, on le porte toute sa vie. À chaque shooting, je peux observer à quel point il est difficile de reprendre contact avec son propre corps, d’oser ressentir les choses. Je commence toujours en disant : “Rentrez en vous-même, oubliez-moi, essayez d’être présente.” C’est un vrai plaisir quand cela fonctionne. La détente arrive le plus souvent après une petite heure. Pendant la séance, je ne cesse de faire du renforcement positif, ce qui m’aide aussi moi-même, finalement. C’est un peu de l’autopersuasion, en fait : si vous répétez sans cesse que la cellulite ou les vergetures n’ont aucune importance, vous commencez à le penser réellement.

Pour beaucoup de femmes, une session “Body & Soul” enclenche tout un processus, comme un catalyseur qui donne envie de reprendre en main les problèmes de leur vie. Et moi, après chaque shooting, je me sens un rien moins seule et j’arrive à vivre un peu mieux avec l’histoire qui a été la mienne. »

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