Littérature belge: 3 romans bien de chez nous à dévorer en octobre

Et si on se la jouait un peu chauvins? La rentrée littéraire belge apporte son lot de pépites en tout genre. Découvrez le top 3 de notre journaliste! Par Paloma de Boismorel.

Tyrranie domestique

Une maison dans un lotissement sans âme, une mère au foyer effacée, un père violent, chasseur de gibier et buveur de whisky, une vie presque banale, voire pleine d’ennui si la narratrice n’avait le réconfort du rire de son petit frère. Il suffit cependant d’un accident stupide mais violent pour que la réalité saute à la figure de l’adolescente: l’atmosphère familiale qu’elle respire tous les jours est empoisonnée par la haine et la peur. Décidée à se battre contre la fatalité d’une existence glacée, l’héroïne cultive sa sensibilité et son intelligence à l’insu de son père avec l’espoir de réussir peut-être un jour à sauver son frère et sa mère. Ce premier roman d’une jeune auteure belge a toutes les qualités d’une fable envoûtante: suspense, sensualité, fantastique, désir de rédemption et lutte cachée. Plongé dans le climat malsain d’un quotidien contaminé, on se prend à tourner les pages de plus en plus vite pour chercher de l’air et suivre la narratrice dans sa quête de bonheur.

Si on a aimé: on dévorera Trois jours et une vie de Pierre Lemaître (prix Goncourt 2016), un huis-clos oppressant sur fond d’adolescence, de culpabilité et de forêts ténébreuses.

  • LA VRAIE VIE, ADELINE DIEUDONNÉ, 308 P., ÉD. L’ICONOCLASTE.

Littérature et imposture

Si vous croyez que la réalité est trop plate pour être crédible, précipitez-vous sur ce premier roman riche en anfractuosités où réel, mensonge et fiction se mêlent avec jubilation. Clara Clossant gagne sa vie en écrivant des notices pour des catalogues d’art et se rêve en héroïne de roman à défaut d’en écrire. Excédée par la surmédiatisation de certains romanciers à succès, la jeune femme fait une fixation sur Marcus Klein, auteur de best-sellers parisien récemment installé à Bruxelles. Déterminée à percer à jour l’imposture de cette écriture si populaire, Clara devient son assistante personnelle pour mener l’enquête. Entre fantasmes, vengeance, frustrations et ambitions, notre héroïne se prend les pieds dans le tapis de la réalité, avec à la clé la possibilité d’une véritable amitié et d’un grand roman. On savoure la liberté de cette narration qui nous divertit tout en nous faisant réfléchir aux enjeux de la littérature et de sa création.

Si on a aimé: on se laissera subjuguer par D’après une histoire vraie, le thriller psychologique de Delphine de Vigan qui développe les mêmes thèmes avec à la clé quelques retournements puissants et intelligents.

  • LE TIERS SAUVAGE, ALIÉNOR DEBROCQ, 318 P., ÉD. LUCE WILQUIN.

Sur la piste du passé

À 18 ans, Julien Delorge est confronté à la disparition de son père, mort dans un attentat terroriste, et à la révélation difficile que sa mère n’est pas sa mère. Dix ans plus tard, le jeune homme est marié et vit à Londres dans une relative insouciance jusqu’à la naissance de sa fille, qui réveille en lui les traumatismes d’une enfance à double fond. Armé de son regard d’adulte, Julien tente patiemment de dénouer les fils de son destin au gré de ses rencontres et de ses investigations. Entremêlant passé et présent, enjeux familiaux et politiques, le journaliste Joan Condijts (rédacteur en chef de L’Écho) tisse un deuxième roman attachant qui interroge à toutes les échelles notre besoin d’identité et d’histoire personnelle. Une lecture captivante à ne pas entamer après une journée fatigante en raison d’un flot continu de personnages et de rebonds narratifs.

Si on a aimé: on suivra avec délices l’itinéraire sentimental d’un orphelin dans La Fin de la solitude, du jeune romancier allemand Benedict Wells.

  • LES SOEURS DE VLAEMINCK, JOAN CONDIJTS, 212 P., GENÈSE ÉD.

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