Photo d'illustration (c) Getty Images.

Témoignage: mon frère a un trouble de la personnalité narcissique

Quand Mia, 39 ans, a pris la décision d’aller voir un psy, elle ne pensait pas que celui-ci allait détecter un trouble de la personnalité narcissique... chez son frère Luc, 52 ans. Elle nous explique le jour où elle a eu le déclic...

« Quand mon psy m’a montré les caractéristiques des personnes atteintes de trouble narcissique, le franc est tombé: mon frère cochait presque toutes les cases. », confie Mia.

Malaimé et peu chouchouté

« Depuis son plus jeune âge, mon frère prétend qu’il est malaimé et que l’on s’occupe peu de lui. Durant toute son enfance, il affirmait avoir reçu peu d’amour. Entretemps, il a légèrement nuancé cette histoire, mais il reste sur sa position: il a toujours eu le sentiment d’avoir été mis de côté et il prétend que cette enfance triste a eu un rôle crucial dans l’homme qu’il est devenu... Quand il était étudiant, il virevoltait souvent d’un domaine à l’autre et ne se sentait jamais obligé de terminer ses études, même après trois années d’études d’ingénieur à son actif. Il s’est dit qu’il obtiendrait finalement un emploi à la télévision...Luc est doué et a un certain charisme. Il est extraverti, ouvert et sait traiter avec les gens avec diplomatie aux bons moments. Côté amour, il a eu une petite amie de temps en temps, mais les relations ne duraient généralement pas longtemps car il pouvait se montrer dominateur et dictateur. Il ne comprenait jamais pourquoi elles partaient... »

Le masque tombe

« Un jour, Luc nous a parlé, à mes soeurs, ma maman et moi. Il nous a confié que plus rien n’allait au travail. Ses patrons, ses plans de carrière, ses relations. Tout capotait. Il avait de plus en plus de mal à boucler ses fins de mois. Son masque a commencé à se fissurer. Il ne pouvait plus payer ses factures et il élaborait un plan après l’autre pour rembourser ses dettes.

J’ai ressenti une responsabilité écrasante, de la compassion et de la culpabilité, mais en même temps je n’arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui me rongeait

« Pour limiter la situation, nous avons voulu faire placer Luc sous administration de biens. Mais Luc a finalement réussi à s’en sortir. Il est actuellement complètement fauché et vit dans un petit studio. Le mois dernier, je lui ai donner de l’argent pour payer son loyer, il a tout dépensé. Il ne reconnaît pas qu’il a un problème avec l’argent et il s’attend à ce que nous épongions tout le temps ses dettes. »

Diagnostic indirect

Luc met beaucoup de pression sur sa famille sur le plan émotionnel. « Il se sentait tellement pathétique. Il n’avait pas d’argent pour sortir, boire un verre avec des amis et se construire une vie sociale. Il disait qu’il se sentait seul et nous demandait de compenser cette solitude. J’ai ressenti une responsabilité écrasante, de la compassion et de la culpabilité, mais en même temps je n’arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui me rongeait. Quand j’ai voulu l’aider, je me suis heurtée à un mur. Le fardeau de mon frère était devenu si lourd que j’ai moi-même suivi une thérapie. C’est à ce moment que mon thérapeute m’a parlé des troubles narcissiques et de ses 9 caractéristiques. Je n’en croyais pas mes oreilles. Tout est devenu clair d’un coup. Il cochait toutes les cases. J’ai compris qu’il fallait que ma famille et moi nous ressaisissions. Luc frappe encore souvent à la porte de sa mère et de ses sœurs. « Mais je décide désormais quand je lui ouvre la porte. Je ne lui donne plus de munitions. Avant, il m’interrogeait régulièrement sur mes problèmes personnels, puis il renversait la situation en les retournant contre moi. Il souligne mes difficultés et mon incapacité à les résoudre, mais nie encore ses problèmes. C’est son trouble. Il est aveugle sur certains points, il nie la réalité et la déforme pour qu’elle lui convienne. »

Le centre de l’attention

« La situation était très lourde pour ma famille et moi. J’ai un fils avec qui tout ne s’est pas toujours bien passé, mais j’étais toujours constamment occupée avec mon frère. Mon stress lié à la vie de Luc était toujours présent. J’ai ressenti le besoin de mettre plus de distance entre mon frère et moi. C’était compliqué au début, car il me faisait clairement comprendre que cette distance allait empirer sa situation. Mais j’en avais besoin. Mon thérapeute m’a énormément aidée, il m’a fait découvrir la communication connectée. Ce style de communication tient compte des besoins sous-jacents, sans pour autant zapper la compassion. J’analyse désormais une situation en écoutant les besoins de mon frère mais aussi les miens. Je comprends mieux son points de vue, sans nier mes limites. Quand vous comprenez quels besoins se cachent derrière ses sentiments, ses déclarations, ses excès ou ses actions, vous êtes automatiquement plus indulgent. Je ne me perds plus dans sa souffrance, je ne me laisse plus emporter. J’ai ma vie et mes défis, il a les siens. »

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