Pourquoi la nudité nous met-elle si mal à l’aise et comment s’en libérer?

Notre embarras quand nous nous déshabillons tient à des représentations faussées de ce à quoi devrait ressembler un corps. Ceux qui ont appris à l’aimer tel qu’il est nous racontent comment ils en sont venus à le regarder autrement.

Témoignage: les spas nudistes les ont aidé à zapper leurs complexes!

Quel que soit le niveau de confiance en soi, se déshabiller s’accompagne souvent d’un sentiment d’insécurité. Même si tout le monde ne souffre pas de gymnophobie (une peur intense de la nudité), il reste difficile de montrer son corps nu.

Tabou ou pas?

Pourtant, la honte n’est pas innée, comme le prouvent tous les petits enfants qui déambulent les fesses à l’air sans se soucier du reste du monde. Mais tout change à la puberté. Nous devenons plus conscients de notre corps et nous commençons à vouloir le protéger. Le Pr D. Fessler, de l’Université de Californie, psychologue, a mené des recherches sur la nudité et est arrivé à la conclusion que la honte est une émotion qui nous maintient dans le rang. Nous avons appris au cours de l’évolution qu’un corps nu envoie des signaux sexuels et que cela menace l’environnement sécurisé dans lequel les couples se reproduisent. Au cours de l’histoire, il y a eu cependant plusieurs vagues durant lesquelles la nudité a été plus ou moins acceptée.

Le cauchemar d’Isabel

Pour certains, devoir se mettre nu devant d’autres personnes sera toujours un cauchemar. Isabel Cambré (39 ans) a dû apprendre à regarder son corps avec plus d’amour et de bienveillance. Durant toute sa vie, elle s’est battue contre l’image négative qu’elle se faisait d’elle-même. Après avoir passé des années à se scruter devant le miroir et essayé une centaine de régimes, elle a finalement appris à s’accepter telle qu’elle est. Aujourd’hui, elle est même devenue coach et aide les femmes qui ont développé une image négative de leur corps.

« La plupart des femmes sont autodestructrices et se concentrent sur les zones qu’elles estiment problématiques. Nous ne regardons que ce que nous voulons changer, et non la beauté qui est déjà là. Il faut retravailler ces pensées »

« Je partage mon processus et le chemin que j’ai parcouru. L’un des plus grands enseignements que j’ai reçus est que vous devez regarder votre corps avec amour. C’est grâce à lui que vous vivez. Si vous aimez votre corps et lui donnez ce dont il a besoin, vous commencerez automatiquement à faire d’autres choix. La première barrière que vous devez franchir est celle de vos a priori. La plupart des femmes sont autodestructrices et se concentrent sur les zones qu’elles estiment problématiques. Nous ne regardons que ce que nous voulons changer, et non la beauté qui est déjà là. Il faut retravailler ces pensées. Si vous croyez en quelque chose, vous allez agir en conséquence. Ma mission est accomplie lorsque les femmes réalisent que les personnes minces ont, elles aussi, des mauvais jours. Vous n’avez pas besoin d’être svelte ou d’avoir le visage d’une star de cinéma pour recevoir des compliments de votre entourage. Les gens aiment être en compagnie d’une personne positive qui se sent bien dans sa peau et cela n’a rien à voir avec la taille que l’on fait. »

Et le sexe dans tout ça?

Autre obstacle de taille : le s-e-x-e. Souvenez-vous des premiers rendez-vous. La maladresse avec laquelle on se déshabille pour la première fois. Les rougissements qui colorent notre visage quand on voit une nouvelle paire d’yeux parcourir notre corps nu pendant qu’on tente de rentrer le ventre. Heureusement, cette peur disparaît généralement quand on apprend à mieux se connaître, mais, pour certains, elle ne les quitte jamais. Par honte de leur corps, elles ne font l’amour que dans le noir, c’est dommage. D’après Nathalie Jacquemyn, sexologue et psychothérapeute, on se fait souvent une certaine image des relations et de la sexualité, la société nous pousse à placer la barre très haut et à avoir énormément d’attentes vis-à-vis de notre corps : « Le fait que nous nous soyons forgé une image très irréaliste de ce à quoi les corps devraient ressembler à cause des réseaux sociaux et du porno n’aide pas. C’est le premier point que j’aborde lorsque quelqu’un vient me voir pour une thérapie. »

Comment retrouver un peu de sérénité?

Pour (re)tomber amoureuse de son corps, l’experte préconise un exercice. « Nous nous concentrons sur la façon dont votre corps se sent. Comment fonctionne-t-il ? Comment pouvez-vous vous en occuper ? Il existe un exercice de pleine conscience que j’enseigne souvent à mes patientes. Se caresser en toute conscience aussi lentement que possible. Quelles sensations cela vous procure ? Quelles sont les pensées qui vous viennent à l’esprit à cet instant ? La masturbation peut aider, car de cette façon, vous apprenez à (re)faire connaissance avec votre corps. Une personne excitée est beaucoup plus dans l’instant présent, ressent davantage ses émotions et est plus en contact avec son corps. La question “De quoi ai-je l’air ?” passe alors au second plan. »

« Je conseille aussi de vous rendre dans des bains publics afin d’y voir de vrais corps. En ayant une image plus réaliste de ce à quoi doit ressembler un corps, vous serez moins dure envers vous-même. J’essaie également de faire comprendre à mes patientes qu’il faut accepter de manquer d’assurance, c’est totalement normal. Tout le monde y est confronté à un moment ou un autre. Vous ne devez pas toujours déborder de confiance en vous, vous n’avez pas à aimer votre corps tous les jours. Votre nouveau partenaire partage, probablement, les mêmes craintes que vous. Il est très important d’en prendre conscience. De cette façon, vous pouvez vous rassurer mutuellement. Et ensuite, vous pourrez sortir de votre zone de confort ensemble, petit à petit. Un pas de plus à chaque fois, tout en respectant les limites de l’autre. »

Bye bye les complexes!

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu des partenaires

Contenu sponsorisé