Hormones, soleil: comment différencier les taches pigmentaires (et les traiter)?
L’hyperpigmentation est la nouvelle cible des cosméto. Qu’elle soit due au soleil, à l’âge, aux hormones, à une inflammation… à chaque forme son traitement. Par Sophie Albrecht.
Selon une étude internationale menée par le laboratoire La Roche-Posay, quatre Européens sur dix et une personne sur deux dans le monde souffrent d’hyperpigmentation. Si ce problème cutané est l’un des plus courants, c’est aussi l’un des plus complexes. L’hyperpigmentation résulte d’une production trop importante de mélanine. Celle-ci s’accumule dans les tissus cutanés et provoque des taches de formes et de couleurs variées comme les lentigos, les taches de vieillesse, les taches de rousseur, les marques d’acné ou d’inflammation et le mélasma.
D’où viennent les taches pigmentaires?
« La production de mélanine est un processus continu qui se déroule 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, explique David Njoo, dermatologue spécialisé dans les troubles de l’hyperpigmentation. Cette production peut être stimulée par différents facteurs, comme les rayons UV, la lumière bleue, les hormones (lors de la grossesse, par exemple), l’inflammation (eczéma, psoriasis, acné…), les facteurs de croissance (lors de la cicatrisation des plaies) et la pollution. » Il recommande donc d’éviter le soleil ainsi que les autres facteurs de déclenchement comme la pilule, le parfum et certains médicaments. Il préconise aussi une dose d’antioxydants ainsi qu’une protection quotidienne suffisante contre les UV.
Comment différencier les différentes taches pigmentaires?
L’hyperpigmentation touche tous les âges et toutes les carnations. « Les peaux plus foncées ne sont pas épargnées, confirme le Dr Njoo. Plus la peau est foncée, plus les granules pigmentaires sont larges et actives. Elles produisent un pigment qui a du mal à se décomposer et qui reste plus longtemps dans les tissus. »
Ces trois types de taches (lentigo, mélasma et hyperpigmentation post-inflammatoire) ont des causes différentes et donc des traitements différents.
Dr Njoo
L’hyperpigmentation se présente sous trois formes : le lentigo (qui rassemble les taches de vieillesse et celles liées au soleil), le mélasma (d’origine génétique et hormonale) et l’hyperpigmentation post-inflammatoire (cicatrices post-acné, blessures ou intervention chirurgicale). « Ces trois types de taches ont des causes différentes et donc des traitements différents », précise le Dr Njoo.
Taches de vieillesse (ou lentigo solaire)
« Les dommages causés par le soleil entraînent l’apparition de taches marron foncé, plates et délimitées par un contour net, explique le Dr Njoo. Elles apparaissent sur le visage, le dos des mains et le décolleté, des endroits souvent exposés au soleil. La pigmentation est constante, bien qu’elle s’assombrisse davantage pendant l’été. Les phototypes plus clairs (les catégories 1 à 3), plus sensibles aux rayons UV, y sont particulièrement exposés. »
Comment les traiter?
À faire chez soi. Traiter ce type de tache exige de la patience, de la discipline et une routine appropriée comprenant un nettoyage doux, une exfoliation régulière, un sérum ciblé, une protection contre les UV et des crèmes contenant des substances éclaircissantes qui bloquent la production de pigments. Les ingrédients ayant un effet anti-âge, comme le rétinol, sont particulièrement intéressants pour traiter les taches de vieillesse.
Chez le dermato. « Comme il n’y a pas d’inflammation, le traitement est moins complexe, explique le Dr Njoo. L’excès de pigments peut être éliminé à l’aide de lasers spécifiques, tels que l’IPL, le laser CO2 ou le Picolaser. » Le Dr Ostijn recommande également l’azote liquide (N2).
Mélasma
« Le mélasma est plus complexe, car plusieurs facteurs peuvent entrer en jeu (génétiques, hormonaux, solaires…), précise le Dr Njoo. Ces taches allant du brun clair au brun foncé apparaissent de façon symétrique sur les pommettes, la lèvre supérieure (la fameuse “moustache du soleil”) et le front. Pendant l’été, elles ont tendance à grandir. Les femmes (enceintes) et les phototypes mats (3 et 4) sont particulièrement sujets au mélasma. C’est une affection chronique : une fois qu’on l’a développée, il est difficile de s’en débarrasser. »
Comment les traiter?
À faire chez soi. Utilisez des produits doux qui ne provoquent pas d’irritation, car une routine trop agressive peut aggraver le mélasma. Demandez conseil à un spécialiste pour éviter les erreurs. De plus, il est essentiel de protéger la peau des rayons UV, car ceux-ci accentuent le mélasma. « La meilleure protection consiste à combiner des filtres UV minéraux et chimiques à large spectre, explique le Dr Njoo. Idéalement, complétez cette routine avec des antioxydants, des anti-inflammatoires et des agents dépigmentants. » Le Dr Ostijn ajoute que les produits teintés n’ont pas seulement un effet esthétique : « La lumière bleue joue également un rôle dans le mélasma et vous pouvez la bloquer grâce à l’oxyde de fer contenu dans certaines crèmes solaires teintées. Un chapeau et de l’ombre permettent aussi de lutter contre le mélasma. »
La meilleure protection consiste à combiner des filtres UV minéraux et chimiques à large spectre, explique le Dr Njoo. Idéalement, complétez cette routine avec des antioxydants, des anti-inflammatoires et des agents dépigmentants.
Chez le dermato. « On peut prescrire une thérapie triple (comprenant de l’hydroquinone, de la trétinoïne et des corticostéroïdes), commente le Dr Ostijn. Tous les types de laser ne conviennent pas au traitement du mélasma, mais le Genesis s’attaque à sa composante vasculaire. L’acide tranexamique est également une option, via microneedling ou par voie orale, car cette substance ne pénètre pas bien dans la peau. Le microneedling peut également être réalisé avec de la vitamine C, de l’acide mandélique ou des extraits salins. » L’experte termine en recommandant également un complément alimentaire à base d’extrait de fougère (polypodium leucotomos), un puissant antioxydant qui offre une protection supplémentaire contre les dommages causés par le soleil.
Hyperpigmentation post-inflammatoire
« En cas d’inflammation ou de blessure combinée à la lumière du soleil, les facteurs inflammatoires et de croissance peuvent provoquer des taches hyperpigmentées irrégulières, explique le Dr Njoo. Ce phénomène est généralement temporaire. Les phototypes les plus foncés (4 à 6) y sont particulièrement sensibles. »
Comment les traiter?
À faire chez soi. Optez pour des produits doux adaptés à la cause de l’inflammation — une peau sèche souffrant d’eczéma et une peau normale sujette à l’acné n’auront pas les mêmes besoins. Des substances anti-inflammatoires (comme la niacinamide) et une bonne protection contre les UV sont également recommandées.
Chez le dermato. « Il faut d’abord traiter la cause de l’inflammation, précise le Dr Njoo. En outre, il faut stopper la production de pigments et éliminer l’excédent. Vous pouvez réduire le risque d’hyperpigmentation après un traitement en utilisant la thérapie triple (voir ci-dessus, NDLR) ou de l’acide tranexamique avant et après. »
Pour une peau en bonne santé
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