Témoignage: Tom, 55 ans, papa féministe et fier de l’être

À quelques jours du 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes, plusieurs papas prennent une pause, et la pose, avec leurs filles. PAR FLORENCE HAINAUT ET CARA BREMS.

Tom Van Noten, 55 ans, directeur artistique de votre GAEL, et ses filles Charlotte, 26 ans, vidéaste, et Camilla, 24 ans, fraîchement diplômée en sciences économiques appliquées.

TOM

« Je fabrique des magazines féminins depuis le tout premier Flair en 1984. Toute une carrière à travailler avec et pour les femmes! Cet environnement de travail, certainement plus doux et empathique que la construction ou l’industrie portuaire, a évidemment eu une influence sur ma relation avec mes filles. En tant que directeur artistique, je préfère travailler de façon horizontale que selon la hiérarchie classique: je suis pour l’égalité et l’ouverture aux idées de chacun. Du coup, à la maison aussi, j’écoute plus. Je savais déjà, étant jeune, que je voudrais des enfants. J’ai toujours été attaché à la famille. J’ai donc veillé à ce que mon job me permette d’être présent à la maison le soir et de cuisiner. Lors de mes temps libres, je ne jouais pas au foot avec des amis, j’allais plutôt nager avec Charlotte et monter à cheval avec Camilla. Quand mon ex-femme et moi avons décidé de nous séparer, mon lien avec mes enfants s’est en réalité renforcé. Quand on ne peut plus renvoyer la balle à la maman, il faut aborder toutes les questions en direct avec ses enfants. »

« Papa est très direct et honnête avec nous, j’apprécie. Il ne va jamais mentir pour nous protéger » – CAMILLA

CAMILLA

« Papa est très direct et honnête avec nous, j’apprécie. Il ne va jamais mentir pour nous protéger. S’il trouve qu’on commet une erreur, il va rapidement nous donner son avis sur la situation, mais avec calme. »

TOM

« Étonnamment, j’ai toujours été un peu plus dur avec mes filles qu’avec leur frère Milan, 19 ans. Peut-être avais-je envie qu’elle soient plus solides pour affronter le futur. J’ai toujours insisté pour qu’elles mènent des études qui les stimulent. Ainsi, on s’y implique plus facilement, parce que, hélas, en tant que femme, ça reste encore plus difficile de faire ses preuves qu’en tant qu’homme. J’ai donc essayé de donner à Charlotte et Camilla le sentiment qu’elles allaient réussir à gérer leurs études et qu’elles pouvaient croire en elles. Regardez les femmes bien dans leurs baskets et indépendantes qu’elles sont devenues! »

CHARLOTTE

« Oui, s’il voulait m’aider à être sûre de moi et indépendante, il a réussi. Car je ne pense pas que l’on naisse en étant déjà sûr de soi. Lorsque je feuillette un magazine ou que je vais sur Insta, je peux m’extasier sur les belles photos, mais je ne vais jamais me sentir mal par comparaison avec ces images. Ce n’est pas le cas de toutes les femmes, je crois. Et cette force, je la dois à mon éducation, et donc aussi à mon papa. »

TOM

« Je crois que chaque papa trouve ses filles les plus belles. J’ai voulu dès le début que mes enfants développent une bonne image d’eux-mêmes: ils sont beaux comme ils sont. »

CHARLOTTE

« Il paraît qu’on compare inconsciemment son partenaire avec sa figure paternelle. Je n’ai pas l’impression que ça soit mon cas, mais j’aimerais en effet que mon partenaire se comporte dans une relation comme mon père le fait : il est très romantique. Pas au sens cliché du terme, mais parce qu’il trouve qu’on doit vivre pour l’amour. »

TOM

« C’est vrai, je suis sentimental. Je trouve qu’il faut veiller à garder une relation nourrie avec la femme de sa vie. Quand on traite son partenaire en égal, on incarne un exemple : les enfants risquent de l’intégrer pour le reste de leur vie. »

« Aussi longtemps que les femmes seront discriminées, la journée pour les droits des femmes restera nécessaire. » – TOM

CHARLOTTE

« Si mon copain s’impliquait peu dans notre couple, ou plus futilement que ne le fait mon père, cela me ferait réfléchir. Par ailleurs, je ne pense pas que je pourrais choisir quelqu’un qui ne s’accorde pas avec mon père. C’est que quelque chose clocherait chez lui, je pense (rires). »

TOM

« Je suis un papa féministe. Selon moi, tous les hommes devraient l’être. Ça veut dire pour moi qu’on doit avoir les mêmes droits. Chaque homme a une mère et souhaite quand même qu’elle soit traitée avec autant de respect que son père! Quand on a des filles, on y réfléchit encore plus. On veut le meilleur pour elles. »

CAMILLA

« Que cette inégalité soit encore si présente devrait être communiqué dès l’école. Lors de mes études supérieures, ce n’est qu’en management des organisations que j’ai découvert la différence de salaire entre les hommes et les femmes et que les top managers sont encore quasi tous des hommes. Il faudrait l’enseigner aussi dans d’autres types d’études. »

TOM

« Aussi longtemps que les femmes seront discriminées, la journée pour les droits des femmes restera nécessaire. J’espère que mes filles continueront à se battre pour la liberté d’exprimer leur vision et leurs opinions. J’espère que dans dix ans, elles seront encore plus heureuses en tant que personnes, dans leur couple et dans leur travail. J’aurai alors réussi la dernière partie de mon job de père. »

Retrouvez l’intégralité du dossier « Tel fier, tel fille » dans le GAEL du mois de mars, disponible en libraire.

GAEL mars

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