Comment l’infidélité peut-elle redonner vie à votre couple?

L’adultère reste tabou, la trahison impossible à surmonter. Et pourtant, selon la gourou de la thérapie de couple Esther Perel, il renferme des possibilités. Quand cette bombe explose, la reconstruction peut en e et amener des résultats inédits.

« Aucune relation n’est complètement imperméable »

Dans le film Infidèle, Diane Lane a tout pour être heureuse: elle est mariée avec Richard Gere et maman d’un fils adorable. Son couple est aussi confortable qu’un bon vieux pull en cachemire: chaud, seyant, solide et chic. Et pourtant, Diane craque. Impossible de résister au charme d’un beau jeune homme qui lui fonce littéralement dedans en pleine rue: Olivier Martinez, quand même. Une nouvelle paire de chaussures et de la jolie lingerie mettent la puce à l’oreille de Richard Gere, qui tente de comprendre ce qui ne tourne pas rond dans leur mariage. C’est la théorie du symptôme, selon laquelle l’infidélité est toujours le signe que quelque chose cloche dans la relation. Esther Perel, la célèbre sexologue qui a écrit le best-seller L’Intelligence érotique, n’est pas de cet avis. Dans son dernier livre (Je t’aime, je te trompe), après une décennie passée à interviewer des centaines de couples confrontés à l’infidélité, elle tente d’en expliquer le pourquoi. Bien sûr, elle a rencontré des couples où on est volage parce qu’on manque d’attention. Parce qu’on a envie de sexe et l’autre pas. Parce que le mariage est devenu un fleuve monotone où on s’ennuie à deux. Parce qu’il boit, parce qu’elle frappe.

Mais pour Esther Perel, la théorie du symptôme a un défaut majeur: elle sous-entend qu’il existerait un mariage «parfait», garanti sans adultère. «Impossible, affirme la sexologue qui ne mâche pas ses mots. Même dans un couple heureux, l’infidélité n’est pas exclue, aucune relation n’est complètement imperméable ou immunisée.» Dans son cabinet, elle reçoit des gens qui trompent leur partenaire par insatisfaction, mais bien plus souvent, ce sont des femmes et des hommes qui disent: «J’ai un mariage génial, mon compagnon est mon meilleur ami/ma femme est ma confidente, nous nous entendons bien, je le/la trouve toujours sexy, je suis bien dans mon couple... Mais j’ai quand même une liaison.»

« L’infidélité n’a rien
à voir avec vous. (...) La raison principale qui nous fait succomber à la tentation, c’est ce nouveau regard, admiratif, sur nous. »

S’il n’y avait qu’une seule phrase à retenir de son dernier livre — imprimez-la sur un t-shirt, écrivez- la sur les murs, mais ne l’oubliez jamais —, c’est: l’infidélité n’a rien
à voir avec vous. Votre partenaire n’est pas à la recherche de quelqu’un d’autre. Il/elle est en quête d’une autre version de lui-même/d’elle-même. La raison principale qui nous fait succomber à la tentation, c’est ce nouveau regard, admiratif, sur nous.

PETITS ARRANGEMENTS AVEC LA MONOGAMIE

Pour Esther Perel, la façon dont on conçoit aujourd’hui l’infidélité n’est pas très productive. En Amérique, on accorde une importance exagérée à la monogamie. «Un homme qui se marie trois fois et vit quelques aventures entre ses mariages est qualifié de monogame. Mais celui qui est marié depuis quarante ans et qui a une petite aventure est immédiatement jugé infidèle. Tout juste bon à être flanqué à la porte. Avouez que ça ne tient pas la route.» Les statistiques sont claires: quasiment tout le monde aura affaire à l’infidélité à un moment ou l’autre de sa vie, alors pourquoi dramatiser et diaboliser la chose à ce point? Ne pourrions-nous pas l’aborder avec un peu plus de pragmatisme et ne pas en faire un point de rupture absolu?

Une opinion qui a secoué l’Amérique, mais qui fait moins de vagues en Europe. Ici, les maîtresses et les enfants adultérins assistent aux funérailles de l’infidèle (rappelez- vous Mazarine, la fille de François Mitterrand), les princesses parlent ouvertement à la télé (Lady Di et Charles) et des rois se vantent de leurs conquêtes (Juan Carlos, fier de ses 4 786 maîtresses). Dan Savage, le célèbre chroniqueur sexo américain, inventeur du terme «monogamish» (qui désigne les personnes qui se considèrent comme monogames mais qui s’autorisent occasionnellement une aventure extraconjugale, NDLR), estime qu’Esther Perel porte un regard réaliste sur le phénomène, désamorçant la bombe qui se trouve sous chaque couple de longue durée. «Aux États-Unis, où l’infidélité est jugée inacceptable, on s’étonne du nombre croissant de divorces. Voilà des années que je dis qu’il ne faut pas faire de crise cardiaque si quelqu’un a eu une petite aventure sur cinquante ans de mariage. Quel poids a cette liaison en regard de tout ce qui a été construit? Nous persistons à mesurer la réussite d’un mariage à la monogamie stricte, pas au plaisir, l’humour ou la sincérité. Alors qu’à mon avis, elle détruit plus de couples qu’elle n’en sauve.»

  • À LIRE: « JE T’AIME, JE TE TROMPE: REPENSER L’INFIDÉLITÉ POUR RÉINVENTER SON COUPLE », ESTHER PEREL, ÉD. ROBERT LAFFONT. 

Retrouvez le dossier « Infidélité, le couple réinventé » en intégralité dans le GAEL de mai, disponible en librairie

Gael mai

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