Sandrine Dans: “Je voudrais ne pas m’inquiéter pour des petites choses“

Dans le salon de cette maison bruxelloise prêtée pour l’interview, Sandrine Dans, notre Guest du mois, choisit la méridienne rouge, y plie les jambes en tailleur, dos droit, nuque dégagée et, pendant deux heures d’interview, cette position ne lui coûtera visiblement aucun effort. Chez Sandrine, on est danseuse de mère en fille. Ne cherchez aucun lien avec son nom de famille, ce dernier marque tout simplement que les ancêtres paternels sont passé par Ans, près de Liège. Mais c’est à Bruxelles qu’elle a grandi et habite aujourd’hui.

On voit tout de suite la danseuse en toi.

J’ai commencé tôt ! J’ai passé mon examen d’entrée au pré-conservatoire de danse classique, à La Monnaie, à 5 ans. Je revois cette secrétaire au chignon tiré : « Alors, comment tu t’appelles ? », « Sandrine Dans », « Oui, je sais que tu vas danser, ma petite, mais quel est ton nom ? » J’ai toujours vu ma maman danser, je l’accompagnais parfois à ses cours. Ma grand-mère faisait du ballet et des claquettes. À part une pause à l’adolescence, j’ai dansé jusqu’à ce que je sois enceinte d’Inès, puis j’ai repris, puis arrêté. Devenue maman, ça ne collait plus à mes horaires. Après le boulot, j’avais envie d’être avec mes enfants. Après, j’ai fait du Pilates, du fitness, j’ai toujours continué à bouger. Aujourd’hui, c’est ma fille qui danse.

Tu as besoin de mouvement ?

Oui, mais plus pour un bien-être psychologique et mental que physique. Au bout d’une semaine sans sport, je suis beaucoup plus stressée, négative, anxieuse, impatiente. J’ai moins de recul sur les choses, je réfléchis moins bien, je suis moins créative, mon sommeil est plus agité.

Tout va ensemble, le corps et le mental.

J’en suis convaincue depuis toute jeune. Notre culture occidentale, où tout le monde doit bien rentrer dans les cases, privilégie la tête au détriment du corps. C’est l’inverse de ce qu’on devrait faire. Ma maman m’a éduquée comme ça. Petite, j’étais sujette à des angines à répétition. C’est un médecin homéopathe qui l’a rassurée : « Le jour où elle se libérera de ses anxiétés, de ce qui “reste dans la gorge” et qui se noue, elle n’aura plus d’angine. » Et c’était vrai. J’étais une petite fille assez anxieuse. Plus tard, j’ai choisi des études de kiné, une activité en lien avec le corps, mais aussi avec le psychologique, car les souffrances physiques s’accompagnent parfois d’émotions.

Aujourd’hui, quel est ton défi quotidien ?

Ne pas m’énerver.

Toi, t’énerver ?

Autour des devoirs avec mon fils, mais aussi de façon générale. Je voudrais ne pas m’inquiéter pour des petites choses. Au lieu de me stresser parce que je n’ai pas lancé de machine avant de partir, réussir à me dire : « Est-ce que c’est grave ? Franchement, non ! » Tu vois, des petites choses du quotidien, liées à ce perfectionnisme, à ce côté « Je gère tout, tadaa, tadaa ! » Depuis un an, j’y arrive.

Que s’est-il passé il y a un an ?

J’ai rencontré une thérapeute qui m’accompagne dans la respiration, la méditation, le lâcher-prise sur plein de choses. Depuis plus de trois ans, lors du décès de ma maman, que j’ai accompagnée dans sa maladie, ses moments de souffrance, d’incertitude, d’attente, jusqu’aux soins palliatifs, j’avais des maux de dos qui m’empêchaient de dormir et parfois de rouler en voiture. Elle, en quatre séances, elle m’en a débarrassée. Elle travaille au niveau des énergies, libère ce qui était verrouillé en mode « Je porte tout le monde ».

« J’ai vécu des moments difficiles après mon adolescence. Des proches ont subi de la violence très forte, morale, verbale, parfois même physique. »

La dernière fois que tu t’es répété : « Est-ce que c’est grave ? »

Ce matin. J’ai déposé mon fils à son premier jour de CEB. Je suis très émue d’en parler. Il est sorti de la voiture avec son gros cartable et m’a dit : « Maman, je suis hyper motivé, je vais le réussir, ce CEB. » Et je l’ai regardé s’éloigner en m’inquiétant : « Pourvu qu’il lise bien les énoncés ! » Puis je me suis reprise et je me suis dit : « Oh ! Tu lui fais confiance ou pas ? Tu crois en ses ressources ? » Et la réponse est oui.

Est-ce qu’il y a une question que tu aurais aimé que je te pose ?

Oui : est-ce que je suis heureuse ?

Sandrine, es-tu heureuse ?

Oui, je pense que je l’ai toujours été, mais maintenant, je le suis vraiment. Je me rends compte que — oh, ça m’émeut de le dire... — j’ai beaucoup de gratitude envers la vie. J’ai vécu des moments très difficiles après mon adolescence. Des proches ont subi de la violence très forte, morale, verbale, parfois même physique. Cette violence m’a impactée émotionnellement, rien que d’en être témoin. Je l’ai ressentie jusqu’à ce que je rencontre Mohamed.

Ton instinct te conduit souvent à bon port, on dirait.

Oui. Il ne faut pas écouter que sa tête, mais aussi son corps. Quand tu te mets à trembler, par exemple parce qu’on te dit des choses qui te font peur ou mal, il faut l’écouter. Je suis passée par des moments comme ça, mais je sais aujourd’hui que, si je suis vraiment heureuse, c’est aussi grâce à ces expériences. On vit des moments parfois terribles dans nos vies, et il faut se dire — même si dans l’instant ça nous semble vain — qu’après-coup, il y aura un sens à tout ça.

  • Cet été, Sandrine enregistre les épisodes de L’Amour est dans le pré, qui passera sur RTL-TVI à la rentrée. En radio, elle sera présente sur les ondes de Bel RTL. Plus d’infos sur rtl.be.

Retrouvez notre rencontre avec Sandrine Dans en intégralité dans le GAEL d’août, disponible en librairie.

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