Florence Mendez: « Je ne pense pas devenir une grande stand-uppeuse »

À peine a-t-on eu le temps d’apprendre son existence qu’elle était déjà partout. La carrière de cette humoriste s’est construite en quatre ans, un record rarement égalé. Féministe, franc-tireuse, bienveillante, elle promène son talent et dépeint délicieusement ses névroses de plateaux télé en festivals prestigieux. PAR FLORENCE HAINAUT. PHOTOS : LAETIZIA BAZZONI.

Cet article fait partie de notre rencontre avec Florence Mendez parue dans le numéro de janvier. Pour y accéder gratuitement, il suffit de vous inscrire ci-dessous!

De Florence Mendez, le public connaît les blagues cinglantes, qui font parfois hoqueter celles et ceux qui pensent que cette toute petite femme de 34 ans au look angélique a le doux caractère de son physique. Depuis peu de temps, en interview, elle aborde très franchement les problèmes de santé mentale qu’elle a traversés et le fonctionnement un peu particulier de son cerveau. Elle n’a honte de rien et surtout pas de ce que la société peut parfois considérer comme des failles. Ce que l’on sait moins, c’est à quel point cette tornade de spontanéité et de répondant est un être dont chaque conviction est réfléchie, pesée, mesurée. « Bon, allez, vas-y, pose tes questions, je promets que je serai 100 % honnête. » On n’en doutait pas une seconde.

Tu as dit dans une interview : « En tant qu’artiste, on est un bébé, puis on fait une crise d’adolescence, puis on grandit et on apprend à affiner. »

Comme quoi, je ne dis pas que des conneries en interview ! Écoute, jusqu’ici tout va bien.

On peut revenir sur ces trois stades chez toi ?

« Alors, le stade bébé, c’était faire de la pure provocation, comme des blagues très sexuelles alors que ça n’était pas nécessaire dans le propos. Affirmer une liberté et une impolitesse à outrance. L’adolescence, c’était le refus de nuancer mes propos. J’avais envie de dénoncer des injustices mais sans la moindre nuance. J’étais incapable d’entendre que mon point de vue n’était pas le seul juste, j’étais très manichéenne.
Et le stade adulte, c’est beaucoup de tendresse pour les failles de l’humain. J’ai désormais un prisme par lequel j’arrive à entrevoir les différentes couleurs du monde. Il y a de bonnes personnes qui font des trucs moches, c’est la vie. Je suis moins misanthrope, bizarrement, parce que je crois fort au concept d’humanité. Et plus je fais ce métier, plus je réalise qu’il y a des jolies personnes partout. Il en reste des moches, hein, attention. »

« Je suis un condensé d’émotions et il y a des choses que je voudrais pouvoir exprimer, transmettre autrement qu’avec l’humour. »

Tu as des modèles dans l’humour ?

« Guillermo Guiz, Hannah Gadsby, Katherine Ryan... Mais je ne pense pas devenir une grande stand-uppeuse, une grande humoriste. Je n’ai pas la technicité de certains et certaines, ni la volonté de l’avoir. Je ne suis pas une chirurgienne, je ne passe pas des heures à ciseler mes phrases. Il y a aussi des carrières que j’admire, comme celle de Virginie Efira, par exemple. Elle a été classée dans la catégorie « animatrice » et c’est très dur d’en sortir. Non seulement elle l’a fait, mais avec brio, en plus. J’ai vraiment envie de faire du cinéma, ça me tente à fond, j’ai envie de passer ce cap. J’en reviens à cette idée que je ne suis pas une chirurgienne des mots ; c’est aussi pour ça que je veux virer vers le cinéma. Je suis un condensé d’émotions et il y a des choses que je voudrais pouvoir exprimer, transmettre autrement qu’avec l’humour. »

Ça serait quoi, le rôle de ta vie ?

(Long silence.) Je n’en vois pas comme ça. Je voudrais un rôle qui humainement n’est pas que du personnage mais me fasse sentir de manière telle qu’il ne s’agit plus de jouer, mais d’être. Il me faudrait un personnage pour qui je pourrais ressentir de l’empathie. Ce qui est faisable, parce que j’ai tendance à voir du bon chez tout le monde et à me sentir désolée pour les pires salauds.

Et est-ce qu’il y a, aujourd’hui, un rôle dans lequel tu te sens enfermée ?

Celui de la jolie idiote. Parfois, les gens font des blagues et des réflexions en pensant que je ne vais pas comprendre. Ils ne vont pas penser à moi pour certains jobs. Ce qui est difficile, c’est que les gens n’aiment pas forcément être surpris et aiment que tu répondes à leurs a priori. Ils pensent que je suis une petite jeunette un peu naïve. Et là, souvent, ça clashe.

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