Alice on the Roof: « Je ne serai jamais la fille des magazines »

Lunaire, volubile, pétillante, Alice Dutoit semble sortir d’un conte pour enfants. Elle chante depuis qu’elle sait parler et s’est créé un univers artistique fantaisiste à son image, gagnant pas à pas en confiance, affirmant peu à peu sa personnalité hors normes et colorée. Bienvenue dans son pays des merveilles. Par Isabelle Blandiaux. Photos: Lisa Carletta.

Les confidences d’Alice on the Roof

Elle est bien loin l’image de la timide Alice qui se présentait aux auditions de The Voice. Trois ans après avoir participé au télécrochet qui l’a fait connaître du grand public, Alice on the Roof signe son deuxième album, un opus déjà très populaire qui passe en boucle à la radio. Notre GAEL Guest de juillet se livre sur ses nouveaux titres riches qui ne manquent pas de rythme et d’originalité.

Ton premier album, Higher, parlait beaucoup de ton entrée dans la vie adulte. Te sens-tu adulte aujourd’hui ?

C’est un mot que j’ai du mal à m’approprier. Disons que je me sens plutôt « adulescente ». Parce qu’un adulte, à mes yeux, c’est mon père ou ma mère. Cela me travaille tous les jours de m’assumer, de devenir indépendante, donc d’accepter de ranger mon chez-moi pour être maîtresse de mon environnement alors que je suis très bordélique, de passer l’aspirateur, de payer mes factures, de faire des trucs rébarbatifs qui donnent une forme de routine... Et j’ai hyper peur de la routine. Mais en même temps, faire tout ça, c’est aussi se rendre service et libérer du temps pour faire des choses créatives.

S’affirmer et s’accepter comme on est, c’est tout un chemin que tu décris sur ton deuxième album, Madame...

C’est vrai que je ne me suis pas du tout rendu compte en écrivant que le thème de s’accepter revenait tout le temps. Parce que c’est ce que je suis en train de vivre. J’essaye de le faire au quotidien. Dans mon cas, c’est particulier, parce que je dois m’accepter publiquement. Et lâcher prise, tout en donnant le meilleur de moi-même. Je suis d’une nature qui n’aime pas déranger. Au début, je n’aimais pas trop sortir du lot et je voulais plaire à tout le monde. Je disais toujours le bon truc aux profs pour qu’ils soient contents. Être artiste, ce n’est pas cela. Entre mon 1er et mon 2e album, j’ai rencontré mon manager, qui a toujours les mots justes pour me faire m’épanouir et m’amuser dans ce que je fais. Au début, il a beaucoup insisté pour que j’assume mes choix et que je les porte jusqu’au bout, parce que si on fait les choses à moitié, on est compris à moitié. C’est un peu le travail d’une vie, mais c’est en tout cas ce que j’essaye d’appliquer.

« PETITE, JE VOULAIS ÊTRE STYLISTE-INGÉNIEURE, POUR CRÉER DES CHAUSSURES AVEC TALON HAUT RÉTRACTABLE »

S’accepter, c’est aussi dépasser ses complexes ; or, les femmes grandissent avec des tas d’injonctions, concernant leur physique notamment.

Oui, c’est vrai. La chanson T’es beau comme t’es parle de cela. J’y dis que ce n’est pas grave si on ne ressemble pas au personnage idéal. Dans mon cas, j’aime la vie, je suis gourmande, donc je ne serai jamais la fille des magazines. Mais on peut dégager quelque chose de beau sans être dans un moule. Je peux remercier ma mère qui m’a toujours dit que mon corps était mon meilleur ami. On a toutes les deux les mêmes formes. Si je me plains de chausser du 39, d’avoir de grands pieds, elle me dit que c’est pour marcher droit et ne pas tomber. Le corps d’une femme change en permanence. J’ai vu le documentaire Embrace, qui a provoqué un gros déclic : une nana a interrogé plein de filles qui s’aiment, des femmes rondes ou des femmes qui ont subi une ablation du sein. S’aimer, c’est la clé. On aime mieux les autres quand s’aime soi-même. Cela donne de la force. Ce que je trouve dur, c’est que dès notre plus jeune âge, on nous apprend, à nous les filles, que notre beauté est notre point fort. J’ai vu aussi des conférences TEDx sur Internet qui disent qu’on peut, par des petites choses, éviter cela en encourageant par exemple les petites filles à être courageuses plutôt qu’en les complimentant sur leur apparence.

Dans ton métier où l’image est importante, est-ce que ton look est un moyen de t’affirmer telle que tu es ?

Bien sûr. La mode me passionne. Quand j’étais petite, à un moment, je voulais être styliste-ingénieure, pour mettre au point les premières chaussures convertibles : avec talon haut rétractable. J’adore les gens qui osent des vêtements expérimentaux. Dernièrement, je voyais un article sur les tenues des stars au gala du Met, et je m’extasiais à chaque page, puis j’ai lu que ces robes étaient présentées par le magazine comme les plus ridicules. Alors que moi, j’adorais. (Rires.) Je ne m’habillerais pas de façon loufoque au quotidien, mais j’aime beaucoup faire un effort pour des événements. Et parfois je me trompe. J’ai déjà eu beaucoup de remarques négatives sur mes vêtements, mais l’audace me fait du bien et je ne peux pas plaire à tout le monde.

  • Alice on the Roof sera en concert le 13/7 au Baudet’stival (Bertrix), le 18/7 aux Francofolies de Spa pour une carte blanche avec des invités, le 28/7 à Les Gens d’Ere (Tournai), le 31/8 à Scène Sur Sambre (Thuin), le 20/10 au Festival des libertés (Bruxelles).
  • Dernier album Malade (PiaS).

Retrouvez notre rencontre avec Alice en intégralité dans le GAEL de juillet, disponible en librairie.

GAEL juillet

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