Du Portugal à Bruxelles: l’été de Pierre Marcolini comme si vous y étiez

Même si elle risque bien de passer les beaux jours à travailler, la drôlissime Virginie Hocq vous raconte son « mode été », et les petits luxes qu’elle s’octroie en vacances. Interview: Myriam Leroy.

 Les petits luxes de vacances de Pierre Marcolini

J’ai lu ce livre, Éloge du luxe, de Thierry Paquot, qui racontait que dans une société aux marques omniprésentes, le luxe, pour les classes moins favorisées, était justement de s’y raccrocher, pour en faire pleinement partie, tandis que ceux qui étaient nés riches leur attribuaient moins de valeur. Le bouquin concluait que la seule chose non achetable dans la vie, et donc le véritable luxe, que tu sois riche ou non, c’était le temps. Ça me parle, évidemment, même — et surtout — dans le cadre de mon métier. La qualité d’un chocolat, ce qui va en faire ou non un produit de luxe (outre le savoir-faire de la personne qui le fabrique), c’est le temps qu’on lui consacre.

Mes lieux favoris réunissent tout ça. J’aime les belles terrasses. Comme Chez Richard, en face de ma boutique au Sablon. C’est un endroit qui me correspond, joli, peuplé de jolis gens, confortable, où on peut passer des heures. Ou alors la nouvelle terrasse du Vini Divini à l’hôtel du Berger, à Ixelles. Peu de gens connaissent cette cour intérieure réaménagée, qui est un pur havre de paix. Dire qu’avant, c’était un parking! Et là, tu as l’impression de te retrouver dans le jardin d’un ami, préservé du bruit et de la circulation. Une bulle. Un peu comme, jadis, dans les avions. Les long-courriers étaient des moments très propices à la création. Or, bientôt, on pourra avoir du wifi dans chaque vol, et ce sera la fin de ces moments suspendus, au propre comme au figuré.

« J’aime pénétrer dans mon atelier à 6 h et y faire une séance de dégustation dans une atmosphère de calme et de sérénité. »

J’ai eu la chance de côtoyer les gars du restaurant El Bulli, en Catalogne, avec lesquels nous parlions un langage commun. Leurs clients devaient leur envoyer une lettre de motivation pour espérer obtenir une table. Quand je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont dit que leur but, c’était de susciter une émotion, l’étincelle, de provoquer une madeleine de Proust. Et que quand on arrive à un tel degré de sophistication dans le bousculement des codes de la cuisine, finalement, il n’y a plus que des professionnels qui viennent y décortiquer froidement ce qu’il mangent. La magie disparaît. D’où la lettre de motivation, pour sélectionner une clientèle qui sera réceptive au spectacle proposé.

Je vous parle d’Albert et Ferran Adrià d’El Bulli parce qu’ils ouvraient six mois et fermaient six mois, ce qui, dans nos métiers est totalement fou. Ils faisaient ça pour pouvoir créer, innover, ce qui se produisait généralement entre 22 h et 6 h du matin. C’est mon cas aussi. Peut-être pas la nuit, mais vraiment à l’aube. J’aime pénétrer dans mon atelier à 6 h et y faire une séance de dégustation dans une atmosphère de calme et de sérénité.

L’ÉTÉ DE PIERRE

Je vais souvent dans le Sud du Portugal, du côté de Faro, où je me gave de plaisirs simples et authentiques. Mais en réalité, mon lieu de villégiature favori, c’est Bruxelles. On m’a encore demandé récemment en interview quelle était ma capitale préférée (et des capitales, j’en fais beaucoup): en fait, c’est elle. Le premier luxe en été, pour ce qui me concerne, c’est le temps. C’est de faire ce que je n’ai pas eu le temps de faire pendant l’année, comme cuisiner, par exemple. La bonne adresse, c’est donc surtout chez moi. J’adore cette impression paradoxale d’avoir, l’été, une forme d’hivernation. Cette période est pour moi synonyme de ralentissement.

Les petits luxes de vacances de Laurence Bibot, Bouli Lanners ou encore Virginie Hocq, c’est dans le GAEL de juillet, disponible en librairie!

Ce que vous réserve le GAEL de juillet

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