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Entre mer et nature: les îles d’Hyères, le trésor de la Côte d’Azur

Voitures interdites, une flore qui est ici chez elle et la mer tout autour, les trois îles au large d’Hyères nous ramènent à la splendeur originelle de la Côte d’Azur. Par Evy Van Elsacker, avec la collaboration de Marie Aubin.

Enivré par les nuances de bleu de la Riviera, c’est le poète français Stéphen Liégeard qui a inventé le nom de Côte d’Azur en 1888. Curieuses de la beauté d’hier, nous le suivons à la trace et nous rendons en train à Hyères. Nous arrivons ensuite à la petite ville balnéaire Le Lavandou pile à l’heure pour l’apéro à une terrasse avec vue sur la mer, les voiliers et les îles d’Hyères. La douceur de la soirée suffit déjà à nous faire comprendre pourquoi les gens ne veulent plus quitter cette côte. Quoi de plus agréable que le parfum des pins, le soleil sur la peau, le petit verre de rosé… Les vignes descendent jusqu’à la mer, où mûrissent des côtes-de-provence de plus en plus raffinés, aux arômes iodés. Nous voilà prêtes pour la traversée vers les mystérieuses « Îles d’or », sanctuaires naturels protégés que nous apercevons depuis la côte. Le temps s’y est arrêté et il paraît que la Côte d’Azur y est toujours comme au temps de Liégeard.

Port-Cros, nirvana des promeneurs

Le bateau hybride Latitude verte est l’un des rares à se rendre directement à Port-Cros, la plus petite et la plus pure des trois îles. À bord, on s’efforce de polluer le moins possible. « Nous arrivons au parc marin protégé », annoncent les haut-parleurs après trois quarts d’heure de bonheur sur le pont. Entre les rochers, le guide nous indique le Chemin de la mer, où on peut faire du snorkeling le long d’une corde et découvrir des trésors de faune et de flore marines. Pour l’heure, nous nous contentons de l’étoile de mer que nous apercevons dans l’eau et des macareux sur les rochers. Dans le petit port de Port-Cros, c’est comme si nous pénétrions dans un autre univers. Tout est petit, calme, lent. Il n’y a que quelques maisons, trois restaurants, deux bars, un magasin.

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À l’Office du tourisme, on nous donne plus d’infos sur la nature unique et protégée. « En fait, nous vivons ici comme des marins, explique Élisabeth, qui travaille sur l’île depuis des années. Il arrive qu’on ne puisse pas retourner sur le continent, s’il y a de la tempête. Mais nous avons des provisions et une radio pour garder le contact. »

Le seul quatre-roues de l’île nous attend pour transporter nos valises à l’hôtel Le Manoir. Un chemin de sable nous mène au portail de la villa blanche aux tourelles rondes et aux volets bleus, dans un jardin luxuriant avec des eucalyptus centenaires.

Le seul quatre-roues de l’île nous attend pour transporter nos valises à l’hôtel Le Manoir. Un chemin de sable nous mène au portail de la villa blanche aux tourelles rondes et aux volets bleus, dans un jardin luxuriant avec des eucalyptus centenaires. À l’intérieur, les ventilateurs au plafond, le marbre frais au sol et les cadres rétro donnent le ton. Nul besoin de se préoccuper de l’heure à laquelle nous irons manger. C’est simple : quand on entend sonner la cloche, le dîner est prêt. Toujours après le coucher du soleil, afin que personne ne rate le spectacle. Sortir son smartphone semblerait un sacrilège.

Entre snorkeling et randonnées

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Pour explorer l’île, nous allons devoir faire des choix : allons-nous l’admirer sous l’eau ou au-dessus ? Nous décidons de marcher jusqu’à la plus haute montagne, le mont Vinaigre, qui culmine à 194 mètres, pour la vue imprenable. Les panoramas sont fabuleux. Nous humons le romarin et le thym, nous nous baignons sur des plages dorées. Et nous comprenons d’où vient le surnom « Îles d’or » : à leur point le plus haut, les rochers nus brillent d’un éclat doré.

Le Levant, jardin d’Eden des naturistes

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Il faut à peine un quart d’heure de bateau pour atteindre l’île du Levant, la bien nommée, étant la plus orientale des trois. L’équipage du Méditerranée XIV est une bande de joyeux drilles. Le capitaine, Vincent, et ses assistants, Hugo et Max, nous narguent. « Savez-vous que le plus gros de l’île est une zone militaire ? Seule la petite partie autour d’Héliopolis est accessible, mais les gens sont tout nus. Vous êtes trop habillées pour y aller », lance le capitaine. J’ai la parade : « La nudité n’est obligatoire qu’à la plage. » « Exact, sourit-il. » La route qui mène du quai au village d’Héliopolis est raide. Dans la montée, des panneaux racontent l’histoire de l’île et des associations de nudistes qui y viennent depuis 1960. On voit des photos des fondateurs, les frères Durville, en tenue d’Adam évidemment. Ces deux médecins considéraient qu’un séjour sur l’île était un retour à l’être originel, une cure indispensable contre la civilisation stressante (déjà à l’époque !).

Porquerolles, paradis des cyclistes

Avant de mettre le cap sur l’île numéro trois, nous passons la nuit près du port des ferries, à l’idyllique Belambra Les Criques. Des criques de sable doré et une piscine sous les pins parasols en font un lieu de rêve, mais il ne faut avoir aucun souci de mobilité, car le sentier qui mène au ferry est aventureux, avec des dizaines de marches dans les rochers. Le bateau nous emmène à Porquerolles en vingt minutes. « Saviez-vous qu’un riche self-made-man belge, François Joseph Fournier, a acheté cette île en 1912 pour l’offrir à sa dulcinée ? », nous demande Hugo, que nous avons retrouvé à bord. La plus grande et la plus fréquentée des Îles d’or a aussi su conserver son caractère d’origine. Ici non plus, pas de voitures, mais des pistes cyclables cahoteuses et aventureuses. Seul le centre du village est asphalté. Chez Le Team, nous louons un VTT électrique, histoire de parcourir une bonne partie de l’île en une journée. Journée qui s’avérera finalement trop courte.

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Nous traversons des vignobles ensoleillés pour atteindre Le Mas du Langoustier. À l’ombre des pins, le long d’un chemin caillouteux, nous arrivons à cet hôtel élégant, typiquement provençal, avec ses tuiles rouges, sa terrasse et ses hautes fenêtres. C’est une oasis de calme, même en haute saison. Même sans y loger, on peut luncher au restaurant La Pinède, avec vue imprenable.

Après cette visite mémorable, il nous reste tout juste le temps de paresser sur la plus belle plage de l’île, la plage Notre-Dame. Une baie turquoise, sous les pins, avec une eau cristalline qui scintille de motifs formés par les rayons du soleil.

Pour repartir, nous pédalons à travers les oliveraies vers la Fondation Carmignac, où les visiteurs admirent les œuvres d’art pieds nus. C’est une expérience à part. À l’intérieur, toujours pieds nus, on découvre des œuvres de Botticelli, Lichtenstein ou encore Egon Schiele, dans le cadre de l’exposition The Infinite Woman qui est accessible jusqu’au 3 novembre 2024.

Dans le jardin, il y a les œufs géants en marbre de Nils-Udo et le miroir du sculpteur Denant, dans lequel se reflète la nature. Le musée a ouvert ses portes il y a seulement cinq ans, mais il peut déjà se targuer d’une impressionnante collection. Après cette visite mémorable, il nous reste tout juste le temps de paresser sur la plus belle plage de l’île, la plage Notre-Dame. Une baie turquoise, sous les pins, avec une eau cristalline qui scintille de motifs formés par les rayons du soleil. Nous descendons l’escalier en bois pour nous baigner. Des poissons nagent autour de nous, les grillons chantent. La Côte d’Azur tel un fantasme réalisable en quelques tours de roues !

Les Îles d’Hyères en pratique

  • Ces îles sans voitures se situent au sud de la ville d’Hyères, à l’est de Toulon. Sur place, on les appelle les Îles d’or.
  • Même sans voiture, Toulon et Hyères sont facilement accessibles. Nous avons trouvé le train de nuit Intercités au départ de Paris-Austerlitz vers Toulon très confortable, avec ses couchettes à partir de 69 € par personne. Si vous préférez voyager en journée, il y a les TGV Inoui et Ouigo de Bruxelles via Paris vers Toulon en 6 heures, à partir de 45 € par personne.
  • Les ferrys TLV, Les Vedettes des Îles d’or, ou un bateau-taxi vous emmènent dans les îles. La traversée vers Porquerolles dure 20 minutes à partir de La Tour Fondue à Giens. Vers Le Levant et Port-Cros, elle dure 45 minutes depuis Hyères. Entre ces deux dernières îles, comptez 15 minutes avec le ferry Inter-Îles.sncf-connect.com. vedettesilesdor.fr. tlv-tvm.com. bateaux-taxi.com.

Où dormir aux Îles d’Hyères?

Le Manoir, à Port-Cros, respire l’Histoire et le calme. Il y a une piscine et les chambres sont élégamment meublées d’antiquités.àpd de 260 € pour 2 personnes. hotel-lemanoirportcros.com.

Le Mas du Langoustier, à Porquerolles, propose 47 chambres classiques et 2 excellents restaurants. àpd 404 € pour 2 personnes. langoustier.com.

Sur l’île du Levant, nous recommandons l’Heliotel. Toutes les chambres ont vue sur mer et le restaurant est excellent. Ambiance relax. La nudité est autorisée partout, sauf dans le restaurant.àpd 145 € pour 2 personnes. heliotel.net.

Belambra Les Criques est le logement idéal sur le continent. On rejoint le ferry à pied au départ de ce resort all-in. Forêts de pins, petits escaliers, criques, plages et terrains de sport, tout y est. Les personnes moins mobiles logeront plutôt au Belambra Riviera Beach Club. àpd 650 € par personne par semaine, avec petit-déjeuner, dîner et activités sportives. belambra.be.

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