Témoignage: réfugiée d’Ukraine, Olga et son fils passeront les fêtes en Belgique

Après une courte escale en Pologne, l’Ukrainienne Olga, 39 ans, et son fils Ivan, 15 ans, sont aujourd’hui réfugiés ici. Avec le soutien de la famille qui les héberge, elle a retrouvé un semblant de vie, mais a constamment peur pour ceux restés sur place. Par Hanne Vlogaert, avec la collaboration de Charlotte Davila. Photo: Rebecca Fertinel.

Mon premier Noël... en Belgique

« Je n’ai pas immédiatement fui lorsque la Russie a envahi mon pays. C’est très dur de laisser sa maison et son cœur derrière soi. J’ai vécu dans des sous-sols pendant un certain temps. Mais dans la nuit du 14 mars 2022, la situation est devenue si grave que j’ai décidé à la hâte de partir. Les troupes militaires russes se dirigeaient vers ma ville, Zaporizhzhia. Il était clair désormais que la Russie ne visait plus seulement des cibles militaires, mais aussi, délibérément, des habitations et des civils. Cette nuit-là, dès que les sirènes ont cessé de hurler, j’ai attrapé mon fils et j’ai fait comprendre à mon mari et à ma mère que je partais avec lui sur-le-champ. Moins d’une demi-heure plus tard, nous étions en route pour la gare.

« Sans amis ni connaissances en Europe, sans plan précis, je me suis enfuie pour protéger la vie de mon enfant »

Sans amis ni connaissances en Europe, sans plan précis, je me suis enfuie pour protéger la vie de mon enfant. C’était la seule alternative à l’horreur. Le lendemain, nous traversions la frontière polonaise, où par chance je suis tombée sur deux personnes adorables qui nous ont hébergés. Grâce à eux, j’ai rencontré la Polonaise Karolina, qui a partagé mon histoire sur Facebook, ce qui m’a permis d’être accueillie dans la famille belge qui nous loge actuellement. Le 20 mars, Ivan et moi avons été conduits jusqu’en Belgique par des bénévoles. Épuisés et submergés par l’émotion — mais tellement reconnaissants d’être arrivés ici et envers toutes les personnes chaleureuses qui nous ont aidés —, nous avons débarqué à 1 h 30 du matin chez Herwig et Annick. Ils m’ont immédiatement proposé un toit et trouvé un travail. En Ukraine, je travaillais en tant que psychologue et orthophoniste auprès d’enfants handicapés. Ici, je suis professeure de mathématiques et je donne quelques séances de logopédie en ligne. J’envoie tout l’argent ainsi gagné à des bénévoles qui aident notre armée à s’équiper. Le plus difficile dans cette situation, c’est la peur et l’incertitude constantes concernant la vie des personnes restées sur place : mon mari, mes parents et mon frère sont toujours en Ukraine.

« Aborder les fêtes loin de mon mari, de ma famille et de mes amis est douloureux. Mais on trouve de la chaleur et du réconfort auprès de ceux qui nous ont reçus »

L’imprévisibilité totale avec laquelle les troupes russes opèrent est effrayante : leurs actions sont extrêmement brutales. Ni les enfants, ni les écoles, ni les bâtiments publics ne sont épargnés. Leur stratégie est dénuée de toute logique, ce qui en fait un ennemi difficile à combattre : vous ne savez jamais quel sera leur prochain coup. Cela peut sembler surréaliste que de nombreux Ukrainiens choisissent néanmoins de rester. Mais beaucoup ne sont pas en mesure de fuir : ils sont trop vieux ou pas assez mobiles pour le faire. D’autres restent parce qu’ils ne veulent pas laisser leurs parents et grands-parents derrière eux. D’autres — comme ma propre grand-mère — par pur idéalisme. À 87 ans, elle a connu l’Allemagne nazie. Elle est fermement convaincue qu’après les fascistes, elle survivra aussi aux “russistes” et elle n’a aucune intention de les laisser la chasser de chez elle.

Aborder les fêtes loin de mon mari, de ma famille et de mes amis est douloureux. Mais on trouve de la chaleur et du réconfort auprès de ceux qui nous ont reçus. Herwig et les siens sont devenus comme une famille pour nous. Ils ont veillé à ce qu’Ivan et moi reprenions une existence normale, bien que dans un pays étranger avec une langue in- connue. En attendant, mon fils va au manège tous les week- ends avec l’un des enfants d’Herwig. Il aime le contact avec les animaux. Les rencontres avec d’autres Ukrainiens de Belgique sont également une source de réconfort. Mon plus grand vœu pour Noël ? Que l’Ukraine, avec l’aide des États-Unis et de l’Europe, réussisse à repousser les Russes. Que mon fils et moi puissions rentrer vite chez nous. »

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