Système Nutri-score: outil healthy révolutionnaire ou pure arnaque?

Avec le Nutri-Score, ce système d’étiquetage censé nous aider à repérer les aliments sains, les chips peuvent être mieux cotés que du saumon fumé ! Remballez, c’est pesé ? Pas si simple, en fait, car si on ne le prend pas au pied de la lettre, il peut contribuer à équilibrer nos caddies.

On peut difficilement passer à côté au supermarché : les lettres sur les emballages (de A à E), blanches sur fond jaune, vert ou rouge, qui indiquent si le produit est sain ou pas. Le système combine des qualités positives présentes dans notre alimentation (vitamines, protéines et fibres) et des éléments nocifs (sucres, graisses insaturées et sel). Le score obtenu est ensuite traduit en une lettre et une couleur. Les produits avec la plus haute valeur nutritionnelle obtiennent un A vert foncé, ceux qu’il faut limiter sont marqués d’un E rouge. Un système très clair et qui, selon une étude de Sciensano (l’institut belge de la santé), a été choisi par les Belges comme étant le label le plus facile à utiliser par les consommateurs.

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LA FACE CACHÉ DU A

Question : ce genre de système est-il vraiment nécessaire ? N’est-il pas évident qu’une pomme est plus healthy qu’une barre de chocolat ? Les consommateurs ne sont-ils pas capables de discerner quels produits sont bons ou mauvais pour eux ? À en croire la nutritionniste Evelyne Mertens, le Nutri-Score aide bel et bien les gens à faire de meilleurs choix alimentaires. Détentrice d’un master en gestion des soins de santé et attachée à l’Université de Louvain, elle voit pas mal d’avantages à cette labélisation : «C’est un pas dans la bonne direction, qui aide les gens à prendre conscience de leurs choix. Évidemment, ce sont surtout les consommateurs déjà sensibilisés à l’alimentation saine qui font attention au Nutri-Score quand ils font leurs courses. Mais cela incite tout de même les fabricants à adapter leurs produits, en diminuant par exemple la teneur en sucres ou en graisses afin d’obtenir un meilleur Nutri-Score. Et ça, c’est une bonne chose. »

Le saumon fumé, plus mauvais que des chips?

Les études confirment en effet que le système aide les consommateurs à faire des achats plus sains, mais ça et là, des voix critiques s’élèvent, qui questionnent certaines réponses de l’algorithme. Avez-vous remarqué par exemple qu’un sachet de chips au paprika possédait un Nutri-Score plus élevé qu’un paquet de saumon fumé ou que le Coca light obtenait de meilleurs points que l’huile d’olive ? Absurde, non ? Evelyne Mertens : « Le système peut paraître illogique, mais c’est principalement dû au fait que les gens ne savent pas comment l’utiliser. L’idée a toujours été de comparer des produits d’un même groupe alimentaire entre eux. Si vous hésitez entre trois paquets de biscuits, mieux vaut prendre ceux qui ont un score B plutôt que D. Mais il serait insensé de comparer des céréales avec un fruit frais. Le saumon fumé est moins “bon” que le saumon frais, car on y a ajouté beaucoup de sel. Mais il vaudra toujours mieux manger du poisson, même fumé, qu’une fricadelle. Et le fait que le saumon fumé ait un moins bon score que les chips au paprika est aussi lié à la grande teneur en sel. Ajoutée à la présence d’acides gras, celle-ci génère un Nutri-Score plus bas.

« L’attribution du score ne tient pas compte du mode de préparation. C’est ainsi qu’un paquet de frites surgelées obtient un score A... »

En fait, le système est très simple à utiliser, à condition d’être bien informé. Ce qui joue aussi, c’est que l’attribution du score ne tient pas compte du mode de préparation. C’est ainsi qu’un paquet de frites surgelées obtient un score A — puisque ce sont des pommes de terre —, ce qui peut porter à croire qu’on peut en manger autant qu’on veut. Que du contraire ! Sans posséder toutes ces informations, le système peut paraître trompeur. »

JUSTE UN VERRE, ALORS...

Une autre chose qui échappe à l’algorithme, c’est la taille des portions. Le score est calculé pour une quantité de 100 grammes ou de 100 millilitres d’un produit, ce qui explique d’emblée le mauvais résultat de l’huile d’olive. Car il va de soi que personne ne consomme un décilitre d’huile d’un seul coup. De plus, l’éventuelle présence d’additifs tels que conservateurs et pesticides n’est pas prise en compte lors du calcul. Ce qui explique le score étonnamment positif d’une boisson comme le Coca light, qui n’est pourtant pas considéré comme une boisson saine. « Les scientifiques qui ont développé l’algorithme ont surtout regardé l’influence des produits alimentaires sur notamment le poids et les maladies cardiovasculaires, explique Evelyne Mertens. Pour ce faire, ils se basent évidemment sur des études scientifiques. Les gens partent du principe que l’aspartame, l’édulcorant dans les sodas light, a un effet néfaste sur leur santé, mais cela n’a jamais été démontré de façon irréfutable.

N’optez pas que pour du A!

Evelyne Mertens plaide pour un mix équilibré de produits variés : « N’allez pas au magasin avec l’idée que vous ne devez acheter que des produits au score A. Car vous rentrerez chez vous avec des frites surgelées, un pot de yaourt et un paquet de biscuits. Vous aurez uniquement des scores A, mais pas un repas complet pour autant. Prenez plutôt des produits qui scorent bien dans les catégories d’aliments dont vous avez besoin. Choisissez plutôt du cabillaud frais (A) qu’un poisson pané (C). Mais ne vous sentez pas coupable si vous achetez un dessert au moins bon score. Dans une alimentation équilibrée, il n’y a aucun problème à faire des écarts de temps en temps. »

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