Comment aider un ami qui fait face à la maladie?

Souvent, nous ne savons pas quoi dire ou comment nous comporter vis-à-vis d’une personne confrontée à la maladie et à la mort. Se sentant impuissant et démuni, nous préférons parfois nous éloigner, ce qui ne fait que renforcer le sentiment de solitude et d’isolement de la personne malade. Le psychiatre Christophe André a consacré un ouvrage au thème de la consolation, dans lequel il livre de précieux conseils à ceux qui sont confrontés de près ou de loin à la maladie.

Témoignage: Sheila nous raconte ici comment elle est devenue le pilier de son amie Sylvia, atteinte d’un cancer incurable.

« La consolation est un moyen de vivre avec les orages »

Le psychiatre français Christophe André a accompagné de nombreuses personnes aux prises avec la maladie ou avec celle d’un proche, entre autres à l’Hôpital Saint-Anne à Paris. Il y a six ans, il a lui-même été frappé par une maladie grave. Pour lui, « bien plus qu’un réconfort passager, la consolation est un moyen de vivre avec les orages, une déclaration d’affection, une chanson douce qui remet en lien avec le monde ». Dans son récent livre Consolations, celles que l’on reçoit et celles que l’on donne, il détaille avec finesse comment soulager une peine (dans l’immédiat) et aider celui qui souffre à continuer à vivre (sur le long terme).

« L’art de la consolation est un art de l’empathie et il nécessite d’accepter ses émotions en écho à celles de l’autre. »

Extrait: « En général, les mauvais consolateurs le sont non par indifférence mais parce qu’ils sont empêtrés dans leurs propres émotions, qu’ils ont pris l’habitude de réprimer ou de verrouiller. Or, l’art de la consolation est un art de l’empathie et il nécessite d’accepter ses émotions en écho à celles de l’autre. Pour ma part, j’ai longtemps été paralysé face aux plaintes de mes proches ; si je ne me sentais pas capable de les aider concrètement, alors j’étais stressé, affolé, coincé : que faire, si quelqu’un qu’on aime souffre à cause d’un problème qu’on ne peut résoudre ? Leur souffrance me submergeait, mon impuissance me pétrifiait, l’avenir m’angoissait. Alors que, en tant que médecin, la distance thérapeutique me donnait de la clairvoyance et de l’énergie, et permettait à mon empathie de s’exercer.

Depuis, j’ai fait des efforts, et j’ai fini par comprendre (et par m’appliquer) un certain nombre de règles simples :

• Tu n’es pas obligé de trouver une solution aux difficultés de tes proches et semblables dans l’adversité ; parfois, il n’y en a pas d’accessible, alors il faut te tourner de bon cœur vers la consolation.

• Commence par écouter et par te contenter d’aider l’autre à comprendre et à clarifier ce qui lui arrive, à exprimer ses émotions, ses inquiétudes ; si c’est possible, pose-lui des questions simples : “Tu te sens comment quand on parle de ça ? Tu te dis quoi ?”, et ne cherche pas à corriger ou rectifier ses propos.

• Exprime tout d’abord, à mots clairs, ton affection et, à mots mesurés, ta confiance en la vie et en la suite.

• Ne généralise pas, ne parle pas des autres, de toi, mais seulement de la personne que tu as en face de toi et de la peine qu’elle a, à cet instant.

• N’oublie pas que toute consolation a un effet retard : même si elle semble inutile sur le moment, elle suit toujours un cheminement souterrain qui finira par faire du bien.

• Rappelle que tu seras toujours là pour offrir ton aide, quelle qu’elle soit. Voilà, maintenant tu as fait ce que tu pouvais, et ce qu’il fallait, le reste ne t’appartient plus... »

3 ERREURS À NE PAS COMMETTRE AVEC UNE PERSONNE ATTEINTE DE MALADIE GRAVE

  1. « L’éviter de peur de commettre une maladresse, car justement, le plus important à ses yeux, c’est de savoir que vous êtes là pour elle. Il peut arriver à tout le monde de gaffer (comme ce médecin qui dit à sa patiente à qui il vient de faire une ponction pour analyser des tissus suspects : “Bonne semaine et bon courage !”). Si votre langue fourche, revenez sur vos propos inadéquats, précisez votre pensée, avouez que vous vous sentez maladroit. »
  2. La forcer à positiver, avec des phrases telles que “Tu as l’air en forme” ou “La science a fait des progrès, ils trouveront peut-être une solution”, souvent très mal perçues par le malade, qui se sent d’autant plus incompris. Si vous noyez le poisson, l’autre aura l’impression qu’il n’a pas le droit de parler de ses peurs, de la mort et de toutes ses émotions négatives. Cela pourrait renforcer sa souffrance. »
  3. « Utiliser un vocabulaire de combat. Souvent, les malades ne s’y reconnaissent pas vraiment. On en fait des héros car ils sont atteints d’une maladie incurable, mais ce n’est pas forcément ce qu’ils ressentent. Un peu comme s’ils devaient sortir les armes pour éviter une issue fatale. Laissez-les plutôt exprimer leurs émotions négatives, car elles sont bel et bien présentes. »
  • Christophe André, Consolations, celles que l’on reçoit et celles que l’on donne, éd. L’iconoclaste, 2022.

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