Meet our Guest: Jérôme Colin en vrai

Il y a ceux qui l’idolâtrent et ceux qu’il irrite. Jérôme Colin, 44 ans, ne laisse, comme le dit une formule compassée, personne indifférent. À la radio dans Entrez sans frapper (La Première) et en télé dans Hep Taxi ! (La Trois), il écoute les autres. À lui maintenant de se livrer. PAR MYRIAM LEROY. PHOTOS : LAETIZIA BAZZONI.

Sensible, intègre et passionné

Jérôme Colin est un homme que l’on pourrait qualifier, faute de mieux, de « vrai » (mais en existe-t-il de faux ?). Je le connais un peu, je travaille avec lui à la radio. Il a l’air expansif, vite vu, comme ça, mais c’est un garçon pudique, doté d’un talent fou pour faire parler les autres, et d’un talent tout aussi fou pour protéger ses secrets — il prétend qu’il a peu d’amis. Alors, de lui, pour l’observer en studio et à la pause clope depuis cinq ans, je dirais que c’est un type réglo, droit, honnête. Un mec intègre. Espèce pas toujours très en vue dans les médias. Jérôme ne ment pas, jamais. Et comme les injustices le révoltent, le cocktail est parfois explosif.

Il ne sera jamais chef de rien, sauf d’un petit pré carré, de quelques émissions comme des bulles dont les invités sortent presque tous avec le sentiment d’avoir fait une rencontre, une vraie, d’avoir pu dire qui ils étaient et de l’avoir fait face à un gars authentique, passionné, qui comme personne met son pied dans la porte pour les empêcher de tricher. Depuis deux romans (et un troisième en gestation), le public a aussi accès à une autre dimension de la — grosse — personnalité de Jérôme : son immense sensibilité. C’est un émotif, un sentimental, qui dissimule derrière des manières cash une passion ardente pour la beauté, l’amour, l’absolu. Dans son discours, Colette, sa femme, n’est jamais loin. Ses trois enfants (15, 17 et 19 ans) non plus. De même que l’auteur italien Erri De Luca, qui a révélé à Jérôme son mantra : « Que sais-je de demain ? Ici, il y a tout l’aujourd’hui qu’il faut. »

AUTOBIO EN 3 DATES

9 novembre 1974 Ma date de naissance. Qui est aussi celle de la femme que j’aime. Nous sommes nés le même jour. À deux heures d’intervalle. Elle est mon aînée. J’ai toujours vu cela comme un signe. Alors qu’a priori, ce sont des choses auxquelles je ne crois pas. Détail cocasse : elle a le même prénom que ma mère. Quand je dis ça à un psy, il me dit : « Monsieur Colin, vous faites quoi les trente prochaines années ? Je crois qu’on a du boulot ! »

22 août 2000 Naissance de notre premier enfant. Impossible de donner trois dates importantes sans évoquer les naissances. Elles ont enfin donné un sens que je cherchais. Il est né au petit matin. Quelques heures plus tard, je rentrais chez moi et pleurais seul dans ma voiture. D’une joie que je n’ai ressentie qu’aux naissances. Aujourd’hui, il a 19 ans. C’est l’âge du départ. Et il me fait toujours pleurer. Juste pour d’autres raisons.

7 mai 2015 Sortie de mon premier roman, Éviter les péages. Je n’avais jamais pensé à publier un livre. J’écrivais pour moi. Et puis j’ai rencontré des gens qui m’ont dit : « Tu as le droit ». Je ne le savais pas. L’autre déclic a été une phrase sublime d’Oscar Wilde : « Tout a été écrit. Mais pas par moi. » Écrire ralentit le temps. C’est ce que j’aime dans l’exercice.

SON ACTU

  • Entrez sans frapper, du lundi au vendredi sur La Première, change d’horaire. Cette saison, l’émission occupera la case 11 h 30‐13 h.
  • Hep Taxi ! (jadis sur La Deux) passera désormais sur La Trois le dimanche à 20 h.
  • Son deuxième roman, Le champ de bataille, deviendra un spectacle du 5 au 23 novembre 2019 au Théâtre de Poche dans une adaptation et mise en scène de Denis Laujol, avec Thierry Hellin.
Découvrez cette rencontre en intégralité dans le GAEL d’octobre, disponible dès maintenant en librairie!

GAEL octobre

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