Helena Noguerra: « je suis dans l’adolescence de la vieillesse »

C’est une artiste aux dons multiples dont la beauté captive autant que les convictions. Helena Noguerra, l’actrice-chanteuse-auteure, qui joue avec les codes de l’extrême féminité dans son spectacle La Reine de la piste, mène avec douceur un combat féministe. La cinquantaine éclatante, elle nous reçoit en jeans sur Zoom, en vacances au Portugal. Textes: Juliette Goudot. Photo: Fabrice Mabillot.

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Comment appréhendez-vous la question du temps ?

Je suis contre la formule qui dit que le temps passe vite. Je trouve qu’il passe bien, moi, le temps ! (Elle rit.) Je suis assez en recherche d’ailleurs de rôles de femmes de mon âge, comme dans La Petite Femelle, de Philippe Faucon, où j’ai un petit rôle. Je suis dans l’adolescence de la vieillesse et ça me plaît. Sur les plateformes, on voit de plus en plus de rôles pour les héroïnes de plus de 40 ou 50 ans. Regardez Jane Fonda, elle a sa série à 80 ans.

Vous étiez face à JoeyStarr dans Le Remplaçant, gros succès télé de l’année sur TF1. Il est comment, JoeyStarr ?

Il est comme le bon vin, il s’améliore en vieillissant, il gagne en douceur. Pour moi qui suis une pacifiste, j’apprécie. Je commence à le trouver plus smooth, plus doux. La douceur est vraiment une qualité que j’aime.

Vous tournez avec votre spectacle musical La Reine de la piste cette année, vous avez aussi écrit deux romans, enregistré sept albums solo, tourné une trentaine de films. Si vous deviez choisir aujourd’hui, vous choisiriez quoi ?

Les carrières se font aussi avec ce qu’on n’a pas fait, les films qu’on croit qu’on va faire et dont on est évincé au dernier moment. Jeune fille, j’ai failli faire L’Annonce faite à Marie, d’Alain Cuny, et puis finalement il a trouvé que j’étais trop aristocratique. Les Américains disent qu’il faut avoir raté pour réussir. Longtemps, je n’ai pas su répondre à cette question, mais à force de tout pratiquer, je peux répondre que je choisirais la musique. Lorsqu’on joue avec mon guitariste, Philippe Eveno, ce sont les moments les meilleurs. Comme comédienne, je suis obligée d’accepter à chaque fois une nouvelle famille, avec plus ou moins d’affinités. Je suis comme de la terre glaise, je dois répondre au désir de l’autre. Dans l’écriture, je suis seule, même si j’adore. Dans la musique, il y a tout, je suis dans la création avec les amis que j’aime. J’ai résolu l’équation.

L’album de vous que vous préférez ?

Mon album en duo avec Federico Pellegrini (Bang !, en 2006). C’est un album qu’on a fait à Tucson, en Arizona, au Congress Hôtel, où le gangster historique John Dillinger a été capturé. Alors on a appelé notre groupe Dillinger Girl et Baby Face Nelson, c’est un album folk avec deux guitares, deux voix. On chante en duo tout le temps, c’est mon disque préféré.

Votre état naturel dans la vie ?

Mélancolique-comique. Quand on se sort les doigts du nombril et qu’on regarde le monde et les autres, on se rend compte qu’on est plus heureux que si on se regarde tout le temps soi-même. 

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