Alex Vizorek: « J’aime ne pas me demander ce que je vais faire demain »

Il aurait dû être ingénieur commercial. Puis non, finalement : journaliste. Oh et puis zut, comédien. Il a bien fait pour finir d’écouter sa voix intérieure et de devenir humoriste : il cartonne. Tellement même que ça n’a pas été évident de l’attraper. L’homme s’avoue peu disert quand il s’agit de parler de lui, mais il nous en a dit assez pour nous laisser voir l’essentiel. PAR FLORENCE HAINAUT. PHOTOS : LAETIZIA BAZZONI.

Alex Vizorek en vrai

Alex, c’est l’un de ces enfants chéris de la Belgique francophone qu’on regarde briller à Paris, le cœur un peu gros mais en se disant qu’on le comprend, qu’il aurait été un peu à l’étroit au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Chez Ardisson, chez Drucker, dans la matinale ultra-écoutée de France Inter, mais aussi l’après-midi dans Par Jupiter, sur scène avec Ad vitam, son nouveau spectacle, aux commandes du Kings of Comedy Club à Ixelles, il est tellement partout qu’on a du mal à (le) suivre. Alex Vizorek n’arrête pas une seconde, joue le soir à Bruxelles, conduit de nuit pour assurer une chronique de grand matin à Paris.

« Si le service public français ressemble de plus en plus au belge, c’est un peu grâce à lui. »

Son rythme de marathonien lui convient, même s’il lui laisse peu de temps pour les questions existentielles. Mais ça aussi, comme tout le reste, c’est réfléchi et planifié. Il n’aime pas gratter là où ça peut faire mal, à quoi bon ? Il déteste aussi les disputes, les débats clivants et les rancœurs. Son côté farfadet qui louvoie entre les contigences de ce bas-monde, c’est une vraie philosophie de vie. Le temps qu’il ne passe pas à se faire des ennemis, il l’utilise pour conquérir les rares espaces qui lui échappent encore.

Bon camarade, il n’a pas savonné la planche pour la génération Thalys des humoristes belges : Guillermo Guiz, puis plus tard Florence Mendez, Fanny Ruwet... Ils ont pu compter sur Alex Vizorek, quarante printemps au compteur et déjà un vieux de la vieille. Si le service public français ressemble de plus en plus au belge, c’est un peu grâce à lui. Le vrai grand remplacement, c’est celui-là, et vu d’ici, ça nous fait bien rire.

Les confidences d’Alex Vizorek

Comment on va faire cette interview... ? Tu as un discours bien rôdé sur toi-même, tu te confies peu.

Je ne me confie à personne, je n’ai pas de meilleurs amis en permanence au courant de mon évolution affective, humaine, de mon baromètre perso.

Par choix ?

Je crois que ça doit être une pudeur instinctive, je trouve que je parle déjà énormément de moi, ma vie consiste à ça — en y met- tant des blagues —, donc mon divertissement est de me taire. Dans les dîners, si je sens qu’il faut quelqu’un pour mettre l’ambiance, je le fais, mais si je peux ne pas parler, c’est mieux.

« Je ne me vois pas commencer à être déprimant, même si je ne faisais pas ce métier. »

Mais tu es assez proche de ta mère...

Oui, c’est l’une des personnes les plus importantes de ma vie. C’est elle qui me connaît le mieux, sans tout savoir. Comme elle aussi est un peu pudique, ça passe plutôt par le feeling que par la formulation de nos problèmes respectifs. Il y a un vrai apaisement quand on se voit, qu’on mange des croquettes de crevettes. Peut-être qu’un jour va me tomber sur le coin de la gueule la nécessité absolue de faire une thérapie qui va reprendre quarante ou cinquante ans de problèmes non résolus, mais pour l’instant, je vis extrêmement bien avec ce sac que personnellement je pense vide, même si tous les bons thérapeutes diront qu’aucun sac n’est vide. Le « penser vide » me facilite énormément la vie. Quand on y pense, c’est peut-être un trou noir dans lequel les choses disparaissent. Est- ce que ça vaut la peine de passer ma vie à chercher des choses disparues dans un trou noir ? Je préfère prendre le bonheur tel qu’il est.

Donc tu n’as pas l’impression de traîner quoi que ce soit, tu avances avec légèreté ?

Ce n’est pas tout à fait vrai. Mais je trouve que la légèreté, c’est de la politesse. Je ne me vois pas commencer à être déprimant, même si je ne faisais pas ce métier. C’est peut-être une erreur, je ne me rends pas compte...

Tu n’es jamais triste ?

Rarement. Mais je pense n’être jamais complètement dans un bonheur total, et ça explique sans doute ma course au travail. J’aime ne pas me demander ce que je vais faire demain, mon agenda est fait de manière à ce que rien ne puisse bouger. C’est un truc que je me reproche, je me dis que je suis quand même créatif quand je ne fais rien. Alors je ne fais rien une demi-journée, puis j’appelle dix personnes pour mettre en place les idées que j’ai eues et c’est reparti pour la course.

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