Pomme: « Je suis bien dans mon identité artistique et dans mon corps »

Elle chante depuis qu’elle sait parler et elle écrivait avant même d’apprendre l’orthographe. Sa façon à elle d’évacuer le trop-plein d’émotions qui l’habite depuis toujours. Sa mélancolie, ses angoisses, ses « failles » ont finalement permis à Claire Pommet d’être entendue, acclamée. Et aimée. Par Isabelle Blandiaux. Photos: Laetizia Bazzoni.

Rencontre avec Pomme

Comment as-tu découvert le chant et la musique ?

J’ai commencé à chanter les comptines de l’école à 2 ans. Et ma mère m’a dit que j’ai tout de suite chanté juste, ce qui était quand même interpellant à cet âge-là. Du coup, mes parents se sont dit rapidement que j’allais peut-être avoir envie d’en faire mon métier. Je leur semblais hyper sensible à la musique. Avec mes sœurs et mon frère, on a tous été obligés de suivre un cours de solfège, mais c’était surtout un immense privilège, même si on le voyait un peu comme une corvée parce qu’on était des petits enfants bourgeois. Le solfège m’a beaucoup aidée, mais là, je ne l’utilise pas du tout. Je me suis plus investie dans le violoncelle, mon premier instrument, et dans le chant. Ma mère écoute beaucoup de musique, elle joue de la flûte traversière. Elle est plus pratiquante que mon père et les chants des messes de Noël, c’est magnifique. Le seul beau souvenir que j’ai gardé de la religion.

Monter sur scène à 15 ans dans des bars, cela n’a pas été compliqué pour toi ?

Non, et puis j’ai toujours eu besoin de beaucoup d’attention. Je me sentais au bon endroit parce que je pouvais exprimer des choses sans avoir à parler. Je recréais un équilibre, même si c’est assez particulier de devoir monter sur scène pour être écoutée. Pour moi, c’était hyper naturel. Je ne me souviens même pas d’avoir eu le trac.

« Maintenant que je suis là où j’ai envie d’être, j’ai presque développé une addiction à l’idée de sauter dans le vide »

Ton parcours dans le métier a été long et semé d’embûches. Tu as été victime de harcèlement sexuel et moral à 16 ans, au début de ta carrière, comme tu l’as révélé l’an dernier sur le site de Mediapart juste avant de recevoir ta Victoire de la musique...

Exactement. Et pour mon 1er album, si je n’ai pas été harcelée, je n’ai pas été bien considérée non plus. J’étais tellement pressée que j’ai signé un contrat à 19 ans et cela a été très facile d’avoir un ascendant sur moi. Donc, cela a été pire que tout : j’étais enfin arrivée là où je voulais être depuis l’âge de 12 ans et, en même temps, je n’étais pas bien du tout. Je suis même devenue anorexique. C’était ma façon de reprendre le contrôle sur ce qui était encore en mon pouvoir : la nourriture. Je me sens alignée seulement depuis 2019, avec la sortie de mon 2e disque, Les Failles. Pendant les huit années qui ont précédé, cela a été toute une aventure.

Après l’écueil de ton 1er album, tu as réagi et tu as réussi à imposer ta façon de faire...

Oui, c’est vrai que j’ai toujours eu une espèce de vitalité. Je suis anxieuse mais j’ai la chance d’avoir une énergie qui me fait sortir de ma zone de confort, me mettre à l’épreuve, sauter dans le vide... Maintenant que je suis là où j’ai envie d’être, j’ai presque développé une addiction à l’idée de sauter dans le vide. J’ai tellement été emmenée dans quelque chose qui ne me ressemblait pas, avant 2019, que maintenant que je suis bien dans mon identité artistique et dans mon corps, c’est comme si j’avais envie de vivre mon adolescence. D’expérimenter des choses fortes parce que je me fais confiance. Le film, par exemple, je l’ai fait pour ces raisons. Ce tournage a mis en valeur le niveau de toxicité de mon rythme de travail. Je dois accepter de lâcher prise, de déléguer, plutôt que d’endosser tous les rôles. J’ai par exemple engagé une personne qui s’occupe de mon label et elle est devenue ma manageuse. Les choses se mettent en place.

Son actu: Pomme a sorti son troisième album, Consolation (Sois Sage Musique/Universal), l’automne dernier, et en propose une réédition le 10/2, Lot 2 Consolation, augmentée de 6 titres inédits. Elle sera en concert le 8/3 au Cirque royal (complet) et le 14/11 à Forest national.

Découvrez notre rencontre avec Pomme en intégralité dans le GAEL de février, disponible dès maintenant.

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