L’instantané: Sébastien Ministru nous raconte son cliché préféré

Homme de radio, homme de lettres, homme de théâtre, il est aussi homme de coeur. En ce mois des amoureux, il nous livre une histoire sensible, mais pas sentimentale.

On s’est connus, on s’est reconnus...

« Ostende, été 1987. C’est une journée à la mer, avec des copains. Le truc banal, quoi. À ceci près que cette photo est la première qui existe de notre couple. On chasse les grains de sable d’entre nos orteils et ma copine Martine, amusée par notre mimétisme, nous immortalise. C’est vrai qu’on se ressemble. D’ailleurs, je le dis toujours: je n’ai pas rencontré Serge, je l’ai “reconnu”. C’était quelques mois plus tôt, en février. On habitait la même ville, on fréquentait les mêmes endroits, mais on ne s’était jamais vraiment “vus” jusqu’à ce jour-là.

Serge est entré et je me suis dit: “Voilà, c’est lui.”

Ce jour-là, j’étais dans un bar, avec un ami; puis Serge est entré et je me suis dit: “Voilà, c’est lui.” C’était à la fois une évidence et une urgence. J’ai dit à mon ami: “Il faut que je sorte avec ce garçon, il le faut, sinon je vais mourir.” Mais je n’ai pas osé aller lui parler, alors, quand il est parti, je l’ai suivi dans la rue (pas très discrètement d’ailleurs). Quand je suis enfin arrivé à sa hauteur, tout penaud, je lui ai proposé d’aller boire un verre. Trente ans plus tard, l’évidence est toujours là. Une relation de trente ans, c’est à la fois plus fort, et toujours aussi fragile. L’amour comporte son lot permanent d’évolutions, de changements, de réaffirmations.

En amour, il n’y a pas d’idéal, ni de modèle. Il n’y a que ce qui importe dans l’instant

Ce qui est pratique entre Serge et moi, c’est que nous sommes à la fois amis, amants, compagnons, frères. C’est une multiplication des figures affectives qui le rend indispensable à ma vie. Mais ça ne fait pas de nous un couple modèle pour autant, d’ailleurs j’ai horreur de ce concept. Chaque histoire d’amour est unique, les histoires d’amour ne devraient jamais être comparées, mises en compétitions. Il y a des histoires brèves tout aussi fortes et essentielles que d’autres qui durent une vie. En amour, il n’y a pas d’idéal, ni de modèle. Il n’y a que ce qui importe dans l’instant.»

Son actu

C’est un début d’année sur les chapeaux de roues pour Sébastien Ministru: son premier roman vient de paraître chez Grasset. C’est l’histoire d’Antoine, directeur de presse, qui à 60 ans se rapproche de son père, veuf immigré de Sardaigne, analphabète, acariâtre et rugueux. Le vieillard accepte le retour du fils à une condition: qu’il lui apprenne à lire. Désorienté, Antoine se sert du plus inattendu des intermédiaires: un jeune prostitué aussitôt bombardé professeur... Sensible, mais pas sentimental.

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