Entre beachbars et villages de montagne: les deux visages de Marbella

Des boutiques de luxe aux simples mais délicieux restos du port, des plages branchées aux montagnes à la nature authentique : cette surprenante ville de la Costa del Sol est le point de départ d’expériences les plus contrastées. Par Evy Van Elsacker, avec la collaboration de Charlotte Davila. Photos : Ronald Van De Walle, E.A.

Sur le chemin de Malaga en direction de Marbella, à bord de notre voiture de location, c’est un peu la panique. La route côtière hyper fréquentée, bordée de mastodontes commerciaux, ne nous met pas immédiatement dans un mood de vacances paradisiaques... L’arrivée à notre hôtel, le Club Med Magna Marbella, nous laisse aussi un peu dubitatifs : un grand immeuble à appartements. Mais nous constaterons vite qu’il y a des coins effectivement paradisiaques, à commencer par les 14 hectares de jardin autour de l’hôtel et la vue grandiose depuis le balcon de notre chambre sur les montagnes et la mer.

LE LUXE AUX TRIDENTS

« J’ai commencé ici en tant que G.O. dans les années 1980 », expliquait Eric Georges lors de l’ouverture officielle du Club Med Magna Marbella, entièrement rénové. Le CEO Benelux rappelle le principe initial du Club Med : « Le concept génial de son fondateur, Gérard Blitz, un Belge, coupeur de diamant et sportif, était de laisser tout le luxe derrière soi et de profiter de la nature et des gens qui nous entourent dans un cadre simple. Parce que la chose la plus importante dans la vie n’est pas l’argent, mais être heureux. »

Les choses ont un peu changé aujourd’hui : le luxe est toujours plus poussé et garanti par une multitude de tridents — le symbole Club Med pour le niveau de confort. Les bracelets en plastique ont été remplacés par des bracelets numériques branchés, mais l’accueil est toujours aussi chaleureux. Nous faisons notre check-in. L’eau gargouille dans le hall spacieux et depuis la terrasse, avec notre premier verre de vin du séjour et quelques tapas, nous profitons de la vue sur la ville et sur la mer. Le décor du restaurant est lui aussi enchanteur, inspiré par les vagues et les mouvements endiablés de la danse locale.

Le soir, des spectacles de flamenco assurés par un duo de jeunes propriétaires d’une école de danse montrent que les traditions peuvent se perpétuer de manière bien dynamique. Le buffet qui suit, composé de homard, de jambon espagnol, de paella, de pastèque et de bien d’autres délices, est renversant. Je me détends sur une chaise longue au bord de la piscine. Tant de plaisirs... Il faudra faire des choix difficiles pour tirer le meilleur parti de nos courtes vacances ici. Allons-nous nous aventurer sur un trapèze avec le G.O. du cirque, ou nous détendre au spa avec un massage liftant Kobido ? Nous dirigerons-nous vers la grande piscine ou vers le terrain de golf pour une initiation ? Jouerons nous au padel ou partirons-nous en excursion ? Quelle tenue prévoir pour les soirées festives ? En un rien de temps, on planifie une liste d’activités, on fait de nouvelles connaissances et c’est tout un programme qui nous attend ; l’ennui n’existe pas au Club Med. « Nous venons chaque année avec des amis, raconte la femme à côté de moi pendant l’aquagym. Nous choisissons un resort différent à chaque fois. Nous avons déjà fait le tour du monde et avec le Club Med comme base, nous nous sentons toujours chez nous et à l’aise. »

« La vieille ville, qui s’étend autour de la Plaza de los Naranjos, avec ses orangers et ses terrasses, est aussi pleine de tentations avec ses boutiques tendance »

CHARME AUTHENTIQUE ET BOUTIQUES BRANCHÉES

Notre objectif : explorer. Nous rejoignons à pied le centre historique de Marbella en quinze bonnes minutes. Ce casco antiguo a des allures étonnamment traditionnelles, avec une église baroque, un beau parc avec une énorme fontaine, des pots de fleurs sur les murs et des places où les écoliers s’amusent pendant que leurs parents discutent. La vie est tranquille ici : touristes ou non, il n’y a rien qui s’apparente à du chic ostentatoire. Pourtant, la vieille ville, qui s’étend autour de la Plaza de los Naranjos, avec ses orangers et ses terrasses, est aussi pleine de tentations : vêtements et bijoux des boutiques branchées, comme Ohana Moda, qui vend des sacs à main à pompon et des boucles d’oreille en or fabriquées par un designer local.

Nous nous posons à une accueillante terrasse et nos voisins, des Britanniques, nous racontent qu’ils ont acheté leur maison sur la Costa del Sol en ligne pour la modique somme de... 3 millions d’euros et qu’ils ne veulent plus la quitter. Mais c’est aussi le fait qu’on puisse ici profiter de plaisirs simples qui semble tant attirer Phil et Barbara. Ils déjeunent parfois pour 200 €, parfois pour 15 €. Ils savent que les meilleurs restaurants de fruits de mer se trouvent au bord de l’eau. « C’est hyper basique, mais vous mangez délicieusement pour une dizaine d’euros, comme chez El Chiringuito, à la marina », conseille Phil. De là, des ferries partent pour le très branché Puerto Banús. Nous voulons aussi voir ce côté bling-bling de la ville ! Une statue de Marie et Jésus enterrée sous des fleurs observe les navires en partance et semble leur donner sa bénédiction. Je me détends dans les filets de notre catamaran ultra-rapide et sirote un cocktail tandis que défilent les montagnes caractéristiques de la Sierra Blanca, avec leurs sommets rougis et tordus. La Concha, « la coquille », est le nom que les locaux donnent au sommet le plus élevé.

Puerto Banús, des centaines de yachts de luxe voguent et des bolides hors de prix brillent de mille feux. Depuis les années 1950, la noblesse européenne et la crème de Hollywood viennent ici pour profiter du soleil, du sable, de la mer et de l’intimité. Les vitrines rivalisent entre elles, pour le plus cher semble-t-il : bijoux Hermès, tenues Moschino et sacs Louis Vuitton. C’est donc ici que se cachent les résidents les plus riches de la région. La première villa que nous croisons est un magnifique palais moyen-oriental avec du marbre blanc, des terrasses circulaires et des ornements dorés.

Sur la plage, on compte une multitude de clubs. Les pipes à chicha sont clairement à la mode à Marbella ; tout le monde se jette dessus, assis ou allongé sur la plage. L’Ocean Club est parfait pour danser, mais c’est au SLVJ qu’on s’amuse le plus, entre les plantes et un thème animaux sauvages très insolite. Au rond-point, nous tombons sur d’autres animaux sauvages : la statue de rhinocéros de Salvador Dalí, à la fois drôle et impressionnante, avec des oursins sur le dos.

TOURNÉE DES BARS DE PLAGE

Un détour pour aller voir le phare de Cabopino nous conduit à la réserve naturelle protégée des dunes d’Artola, dans la banlieue d’Elviria. Là, les jonquilles poussent sur les dunes blanches et les vagues se brisent sur les rochers. La nature à l’état pur est bien encore là, sur la Costa del Sol ! Encore faut-il connaître le chemin pour s’y rendre.
Un peu plus loin, au Nikki Beach, la plage est décorée avec style, avec piscine et tout. Trois copines y profitent de la fraîcheur sous les palmiers, cocktail à la main. « Nous faisons un club de plage différent chaque jour, nous expliquent-elles avec enthousiasme. Ils ont chacun leur propre atmosphère. Certains sont plus animés que d’autres. Bientôt, nous irons à l’Opium, qui est ouvert toute la nuit. »

« Plus près de la mer on peut manger, mieux c’est », tel est le critère des riches Britanniques que nous avons rencontrés. Difficile de leur donner tort. Notre découverte favorite s’appelle La Plage Casanis. Idéal pour y regarder le soleil s’enfoncer dans la mer, sur une élégante terrasse en bois, pendant que les chefs s’affairent sur le feu niché dans la cheminée à griller des calamars. Sur le chemin du retour, nous admirons aussi brièvement la mosquée de Marbella, la Mezquita del Rey. La lune dorée au sommet du portail, les lettres ornées sur la porte et les bananiers qui la bordent en font un lieu digne des Mille et une Nuits. Pendant des siècles, en Andalousie, chrétiens et musulmans ont cohabité ou se sont combattus. La sérénité et l’ouverture de cette mosquée donnent de l’espoir, un symbole de compréhension mutuelle.

VILLAGES BLANCS ET GORGES IMPRESSIONNANTES

Les jours suivants, nous nous enfoncerons dans les terres. Car la Costa del Sol possède aussi un arrière-pays magnifique et surprenant. Des villages blancs comme Monda et Ojén ornent les pentes au nord de Marbella dans la Sierra de las Nieves, une belle zone de randonnée verte avec des sommets jusqu’à 1 900 mètres et de nombreux points de vue et chutes d’eau. La ville de Ronda est très animée, avec ses célèbres ponts enjambant une gorge spectaculaire, le Tajo de Ronda. Pour faire une pause, les terrasses abondent, certaines même à l’ombre de la gorge. L’endroit est certes touristique, mais l’atmosphère y est détendue. Les boutiques où pendent des agrumes séchés ou des éventails à pois rendent la scène typiquement andalouse. On y trouve d’ailleurs toujours, hélas, une arène de tauromachie.

« Des villages blancs ornent la Sierra de las Nieves, une belle zone de randonnée verte avec de nombreux points de vue et chutes d’eau »

De l’autre côté, au nord-est de Marbella, se trouve à une heure et demie de route une autre gorge, El Chorro, près d’Ardales. Tout aussi impressionnante, avec une rivière turquoise qui serpente dans le paysage. En 1900, un ingénieur a trouvé un moyen de produire de l’électricité à partir de l’eau et les corniches le long des falaises qui servaient aux ouvriers sont maintenant des sentiers étroits pour les touristes qui n’ont pas le vertige. Il est préférable de parcourir ce spectaculaire Caminito del Rey avec un guide. L’humour de notre guide, britannique lui aussi, rend les trois heures de marche sur les sentiers forestiers et les ponts suspendus irrésistiblement intéressantes. Il nous fait remarquer les vautours qui tournent au-dessus de nous, une espèce unique. Il nous éclaire sur les couches géologiques dans les profondeurs et, près d’un grand arbre, il nous explique que toutes les graines de caroubier ont le même poids, un carat ou 200 milligrammes. Elles servent encore de référence pour peser les diamants. Curieuse, je lui demande comment un Britannique comme lui a atterri dans les terres arides et peu peuplées de l’Andalousie. « J’étais musicien et à une époque, j’ai travaillé dans la construction, raconte-t-il. À un mo- ment, je me suis retrouvé sans ressources à cause d’un escroc qui ne me payait pas pour mon travail. Mais dans ce village, les gens ne m’ont pas laissé tomber. Ils m’ont offert un abri et de la nourriture. Jusqu’à ce que je puisse les rembourser, je les ai aidés comme je pouvais. C’est dans une telle communauté que je veux vivre, un endroit où les gens se soucient les uns des autres. J’ai à nouveau suffisamment de travail et d’argent, mais je ne partirai jamais d’ici. »

De retour dans le luxe du Club Med, nous nous rafraîchissons pour notre dernier dîner dans le plus pur style andalou ; le noir et le rouge sont le code vestimentaire de la soirée. Je jette un coup d’œil à ma trousse de toilette sur laquelle figure la phrase de Gérard Blitz : « The purpose of life is to be happy ». Le guide britannique a trouvé le bonheur dans la campagne espagnole, dans toute sa simplicité. Trouvons chacun notre bonheur à notre manière, et pas seulement pendant les vacances. Au cours des pro- chaines semaines de travail, je garderai la maxime de Blitz à l’esprit et je placerai cette trousse sur mon bureau, comme un paratonnerre dans les moments de stress. Pour me rappeler ce qui compte vraiment.

Marbella en pratique

S’y rendre

  • Marbella se trouve à 60 km à l’ouest de Malaga, où vous pouvez vous rendre avec un vol bon marché : àpd 100 € aller-retour avec Vueling. VUELING.COM.
  • Une voiture de location est toujours pratique. Avec le service Collection sans contact de Sunny Cars, pas de file d’attente ! La clé tombe du distributeur et le retour se fait également sans encombre, car votre voiture est entièrement assurée. SUNNYCARS.BE.
  • La température est toujours agréable, surtout au printemps et en automne. TURISMO.MARBELLA.ES.
  • Vous pouvez réserver un séjour d’une semaine tout compris au Club Med Magna Marbella àpd 1 346 € par personne (hors vols). CLUBMED.BE.

Plaisirs de la plage

  • SLVJ (prononcer salbaje) à Puerto Banús est un charmant bar de plage avec un restaurant japonais (intérieur et extérieur) et une animation élégante. MARBELLA.SLVJ.ES.
  • Atmosphère décontractée et sans fioritures au Luuma Beach (géré par des Belges) et au Camurí Las Cuchis. LUUMABEACH.COM. LASCUCHIS.CAMURI.ES.
  • Si vous aimez la cuisine haut de gamme, rendez-vous à La Milla (une étoile Michelin) et à Playa Padre (beaucoup de plats végés, entre méditerranéen et mexicain). LAMILLAMARBELLA.COM. PLAYAPADRE.COM.
  • Faites la fête en journée au Nikki Beach, avec piscine, DJ, spectacle, restaurant et bar en bord de mer. Entrée gratuite, transat àpd 50 €. À l’Opium, où l’on fait la fête jusque tard dans la nuit. MARBELLA.NIKKIBEACH.COM. OPIUMBEACHMARBELLA.COM.

Dans les montagnes

  • Dans la Sierra Blanca, la Sierra de las Nieves et la Sierra de Grazalema, vous trouverez toujours le calme et la fraîcheur. Parfait pour une randonnée le long de chutes d’eau et de lacs avec de magnifiques points de vue. ANDALUCIA.ORG.
  • Pour le Caminito del Rey, vous pouvez réserver votre créneau horaire jusqu’à trois mois à l’avance. Nécéssaire, car le nombre de visiteurs est limité. Réservez donc votre promenade tôt et présentez-vous au point de départ au restaurant El Kiosko, à Ardales, une demi-heure à l’avance. CAMINITODELREY.INFO.

+ de tourisme :

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