Destination de rêve: les Marquises, le dernier paradis sur terre

Elles s’éparpillent comme des miettes au cœur du Pacifique, mais envoûtent auteurs, chanteurs et peintres, comme tous ceux qui savent savourer l’ivresse à l’état pur. Embarquez pour un voyage dans le dernier paradis sur Terre. Par Sonja Peeters, avec la collaboration de Charlotte Davila. Photos: Tom Van Noten.

Les parfums tropicaux et sucrés de l’hibiscus et du tiaré nous accueillent à l’aéroport de Papeete, capitale de Tahiti, en Polynésie française. Comme le veut la tradition, nous sommes accueillis dans le hall des arrivées par un groupe de musiciens jouant des accords tahitiens sur leurs ukulélés tandis que des vahinés accrochent des guirlandes de fleurs colorées autour de notre cou. Nous voici dans l’ambiance littéralement dès nos premiers pas sur l’île.

Le chant des baleines

Notre objectif : visiter le plus grand nombre possible des centaines d’îles magnifiques que compte la Polynésie française. L’Aranui 5, le bateau cargo qui nous emmènera aux Marquises, ne partira que dans deux jours. Nous commençons alors par un court séjour sur l’île de Moorea, que nous atteignons en ferry en une demi-heure. Les collines à la végétation luxuriante émergent de l’océan comme des lances et contrastent fortement avec le lagon d’un bleu profond. Ici, la nature s’impose dans toutes ses nuances de vert. Avec notre voiture de location, nous mettons le cap sur le Manava Beach Resort & Spa. En chemin, le spectacle est un régal pour les yeux.

Notre luxueux bungalow se trouve sur la plage privée de l’hôtel, d’où nous pouvons directement profiter du sable d’un blanc nacré et de l’eau cristalline. Mais nous n’avons que peu de temps pour nous extasier, car Charlie nous attend à l’embarcadère tout proche dans son speedboat. « Vous êtes prêts à rencontrer des baleines ? », nous demande-t-il avec un grand sourire.

Autour de l’île de Moorea, les femelles baleines à bosse cherchent chaque année un refuge sûr pour donner naissance à leurs petits. Nous filons à toute vitesse sur les vagues vers la haute mer, jusqu’à ce que Moorea ne soit plus qu’une tache verte à l’horizon. Soudain, le moteur s’éteint et nous cherchons un signe de vie à la surface de l’eau. Nous nous approchons en silence et enfilons nos palmes et nos tubas. Mon cœur s’emballe. Même si les baleines ne sont pas agressives, voir de près un colosse de 18 mètres de long et de plus de 30 tonnes ne figurait pas en tête de ma bucketlist. Au-dessous de nous, une baleine à bosse et son petit nagent gracieusement, remontant depuis les sombres profondeurs jusqu’à la surface de l’eau, où ils se retrouvent côte à côte, haletants. Soudain, j’entends un doux grognement, suivi de cliquetis, de sifflements et de cris. Une joyeuse symphonie envahit l’océan ; c’est le chant de la mère et de ses petits, unique et émouvante manière de communiquer entre eux.

Dans la profondeur de la jungle

Le lendemain matin, nous reprenons le ferry pour Papeete, où nous devons rencontrer Teuai Lenoir, alias Mister Rainman. Nous nous installons à l’arrière de son pick-up, dans la partie ouverte, et partons vers les terres. L’agitation de la ville est bientôt derrière nous et nous nous enfonçons dans une jungle dense et pratiquement inhabitée. Notre guide nous parle avec passion de la fascinante culture polynésienne et de la nature. Il nous fait découvrir les plantes et les fruits médicinaux qui poussent ici, comme le mûrier indien, qui renforce la résistance et donne de l’éclat à la peau, et qui est importé par tonnes aux États-Unis.

Notre guide nous rassure très vite quant aux araignées et serpents dangereux, car ils ne vivent pas ici, mais il raconte la perte tragique de nombreux oiseaux tropicaux due à l’arrivée du rat noir, qui a débarqué par bateau à cause des humains et a dévoré en masse les œufs et les poussins. Au crépuscule, il nous régale, au bord d’une rivière, d’un délicieux buffet de spécialités locales : bananes plantains aigres-douces, fruits à pain frits et poisson cru, thon cru mariné dans du jus de citron vert et du lait de coco. Nous nous baignons à nouveau dans l’eau cristalline et rentrons à Papeete avec un tas d’histoires fascinantes en tête.

Une tranquille vie à bord

« Ia ora na, ia ora na ! » Sur le quai, juste à côté d’un navire à l’allure un peu étrange, nous sommes accueillis en polynésien par un équipage enthousiaste. L’Aranui 5 n’est pas un bateau de croisière comme les autres. C’est avant tout un cargo qui, depuis les années 1950, ravitaille depuis Papeete six des quinze îles habitées des Marquises. À l’arrière, 103 cabines extérieures pour 230 passagers, un restaurant, un bar, un modeste spa et une piscine. Une fois les formalités administratives accomplies, l’ancre est levée et l’Aranui met le cap sur les Marquises au son de la corne de brume.

Après trois jours de navigation et une brève escale sur l’atoll paradisiaque de Fakarava, la terre est enfin en vue ! Au petit matin, les contours déchiquetés de Nuku Hiva, la plus grande île des Marquises, se dessinent au loin. Le minuscule port de Hakahau est niché entre des roches volcaniques et la jungle s’étend jusqu’aux plus hauts sommets des montagnes pointues.

Les habitants de l’île nous saluent avec une bonne humeur contagieuse. C’est toujours un événement lorsque l’Aranui a repris sa tournée après trois semaines et que les marchandises commandées sont déposées sur le quai. Sur terre, nous prenons place dans un imposant véhicule tout-terrain. Nous franchissons des montagnes volcaniques escarpées et passons la vallée verdoyante de Taipivai. Au milieu de la jungle, nous nous arrêtons devant un gigantesque figuier des banians, un arbre sacré vieux de plus de six cents ans. Sur la plage idyllique d’Anaho Bay, nous dégustons le traditionnel hima’a, du porc préparé dans un four enterré, et nous nous désaltérons avec une bière blonde tahitienne bien fraîche. Jusqu’à ce que l’Aranui nous annonce avec sa lourde corne qu’il est temps de partir pour Ua Pou, à 50 kilomètres au sud de Nuku Hiva.

Cheveux sauvages et oasis de verdure

Le lendemain matin, après une nuit de navigation, nous sommes réveillés par un bruit infernal sur le pont. Nous avons atteint la minuscule île de Ua Huka, longue d’à peine 14 kilomètres et large de 10 kilomètres. Le navire est coincé entre deux falaises géantes et doit manœuvrer dans cet étroit détroit. Deux sloops nous emmènent en groupes dans la baie fermée de Vaipaee, où de longs palmiers élancés nous accueillent en se balançant. Ici, la terre devient plus rouge, la nature moins verte et le paysage nous rappelle les prairies américaines plutôt qu’une île tropicale. Nous grimpons dans notre jeep, gravissons les collines sombres et passons devant un troupeau de magnifiques chevaux sauvages amenés du Chili par un amiral français au 19e siècle.

Nous nous enfonçons dans la vallée et n’en croyons pas nos yeux : le paysage aride se transforme soudain en une magnifique oasis. Des citrons verts, des pomelos jaunes comme le soleil couchant, des kumquats orange foncé et des fruits à pain rugueux poussent en abondance. Des mangues mûres de toutes les formes et de toutes les tailles pendent aux arbres et tombent à nos pieds, pleines de jus. Partout, nous sentons l’odeur du coprah, la pulpe séchée des noix de coco à partir de laquelle est fabriquée l’huile de coco, source de revenus pour les habitants de l’île. Nous nous promenons dans le petit village, sirotant des jus de fruits fraîchement pressés et recevant des sourires radieux de toutes parts.

Finir en beauté

Nous jetons l’ancre au large de l’île la plus méridionale et la plus isolée des Marquises, qui est aussi la dernière escale de notre croisière. Depuis notre sloop, nous apercevons au loin l’église blanche d’Omoa, bordée de palmiers de plusieurs mètres de haut qui semblent embrasser le soleil. De retour sur le voilier, nous naviguons vers Hanavave.

Alors que nous pensions avoir fait le tour de ce que les Marquises avaient à offrir, la baie des Vierges surgit soudain derrière un virage serré. De grands mastodontes volcaniques surplombent la mer. En arrière-plan, une impressionnante et sombre gorge est flanquée de montagnes d’un vert fluorescent. Les palmiers et les arbres fruitiers poussent en abondance, même là où cela semble impossible. Ici encore, comme à chaque découverte lors de notre séjour, nous ressentons la magie unique et enchanteresse des Marquises qu’affectionnaient Brel et Gauguin.

Comment s’y rendre

  • Air Tahiti Nui vous emmène de Paris à Papeete, sur Tahiti, à partir de 1 542 € aller-retour. Le vol dure environ 20 heures, avec une escale à Los Angeles. Vous pouvez compenser l’empreinte C0 de votre vol via Treecological, entre autres.
  • L’Aranui 5 navigue (en fret maritime) de Papeete vers les îles Marquises environ 20 fois par an. La navigation peut commencer à partir de 3 200 € par personne pour 12 jours en pension complète, excursions guidées et des spectacles culturels compris. (Vols non compris.)

Meilleure période

  • De mai à octobre. C’est là qu’il y a le moins de précipitations et que les températures avoisinent les 25 °C. De fin juillet à début octobre, vous aurez de grandes chances d’apercevoir des baleines le long des côtes de Moorea.

À voir, à faire

  • Les amateurs de surf ne doivent pas manquer une excursion en bateau vers la vague légendaire de Teahupoo, au large de Tahiti. À bonne distance, vous pourrez admirer les vagues spectaculaires et les surfeurs les plus téméraires. Bon à savoir : les compétitions de surf des Jeux olympiques de 2024 se dérouleront sur ce spot.
  • Visitez l’Espace culturel Jacques Brel sur Hiva.

Où loger avant et après la croisière

  • Sur Tahiti iti, la petite péninsule de Tahiti, le Vanira Lodge, adossé aux flancs d’une forêt tropicale, est incontournable : vous dormez dans de jolies et confortables cabines en rondins. L’hôtel dispose d’un splendide jardin, d’une piscine et d’une vue imprenable sur le Pacifique. CHAMBRES ÀPD 136 € POUR 2 PERSONNES, VANIRALODGE.COM.
  • Le Resort Te Moana est juste à l’extérieur de Papeete, à 10 minutes de route de l’aéroport. Il permet d’explorer la ville, de se prélasser au bord de l’immense piscine qui surplombe le lagon ou de prendre un verre au Taapuna Bar. CHAMBRES ÀPD 350 € POUR 2 PERSONNES. TEMOANATAHITIRESORT.PF.
  • Au Manava Beach Resort & Spa de Moorea, détendez-vous dans l’un des luxueux bungalows situés sur la plage. CHAMBRES ÀPD 470 € POUR 2 PERSONNES. MANAVAMOOREARESORT.COM.

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