Pierre de Maere: « Plus j’avance, plus j’ai l’impression de m’exprimer en profondeur »

À 21 ans, le chanteur belge livre un 1er album tout en fantaisie, lyrisme et exagération romantique, Regarde-moi. Itinéraire d’un enfant à la personnalité bien trempée qui cumule les talents et capte les regards. Par Isabelle Blandiaux. Photo : Marcin Kempski.

 

Pierre de Maere, dans l’oeil de la pop

Son tube Un jour je marierai un ange a pulvérisé les scores d’écoute jusque dans les nuages, avec plus de 40 millions de streams, propulsant un large public dans son univers coloré de rêve et de sentiments exacerbés. Après un EP l’an dernier, Pierre de Maere a déjà été sacré Révélation belge de l’année 2022 par les NRJ Music Awards et salué par les Victoires de la musique. À 21 ans, il publie un 1er album impératif, Regarde-moi. Et si son attitude générale peut désarçonner par son assurance et son aplomb, il fait preuve de beaucoup d’autodérision et de spontanéité en concert. Subtil, affable, il réfute d’ailleurs tout excès de narcissisme. « Le titre de mon disque évoque l’appel d’un regard d’amour sur moi, précise-t-il. Je suis arrivé comme jeune artiste en quête d’attention. Sur mon EP, je demandais aux gens de me rendre célèbre. Depuis le début, j’ai envie d’être reconnu pour ma musique. Mais mon approche est plus romantique que tournée autour de la célébrité pour la célébrité. C’est vrai que cela revient souvent, sur mon album, le be- soin de prouver que j’existe, que j’ai de la valeur, que je mérite d’être sur une scène. C’est étonnant que je veuille prouver tant de choses aux gens, parce que j’ai été aimé... »

Tu souhaites revenir à l’origine de la pop, dans le sens de « populaire ». Or, le côté « chanteur populaire » des années 70 s’est un peu perdu...

J’aime bien l’idée de faire des choses qui parlent à beaucoup de monde et pas de m’adresser à un microcosme. J’ai été bercé par des tubes, des chansons populaires. J’aime me dire que ce sont des familles qui viennent à mes concerts, enfants comme grands-parents. Ce n’est pas forcément le public le plus trash ou le plus criard. J’ai déjà vu ça chez Stromae ou chez Mika, et j’adore. C’est une grande force qui vient des tubes radiophoniques. Si je parviens à fédérer plusieurs générations avec ma musique, c’est une réussite assez forte pour moi.

Ta façon de chanter est très singulière, sophistiquée, avec beaucoup de changements de tons et une diction appuyée. Comment est née cette identité vocale forte ?

Spontanément. La première fois que j’ai écrit un morceau en français, quand je suis allé l’enregistrer en studio avec mon frère Xavier, ingénieur du son, je l’ai chanté avec les « r » qui roulent. Je n’ai rien inventé. Stromae, Brel et Piaf l’ont fait avant moi. Un héritage très fort. L’envolée dans les aigus, le chant virevoltant et la diction spéciale sont sorties comme ça. J’aime me dire que j’emploie des mots très simples. Le plus simple, le plus musical. Comme sur l’album Racine carrée de Stromae, une référence pour moi. Ou comme Souchon. Je souhaiterais garder la fraîcheur, la naïveté de ce 1er album toute ma vie. Autant je suis très fier de mes chansons, autant j’ai un complexe par rapport à mes talents de vocaliste quand je suis en concert. Cela ne m’empêche pas de fournir un bon show, que le public apprécie. Je n’ai jamais suivi de cours, or j’aimerais avoir une technique de chant solide. J’y travaille.

Quand tu as commencé à composer sur GarageBand (logiciel de création musicale, NDLR), à 10 ans, après le déménagement de ta famille de Bruxelles vers la campagne du Brabant wallon, tu écrivais déjà des textes ?

Non, c’était du yaourt, une langue imaginaire s’approchant de l’anglais. À l’époque, j’avais une image très ringarde de la chanson en français. À part Stromae, personne ne me faisait rêver. Mes icônes étaient anglophones : Lady Gaga, Mika... Et puis, j’étais trop pudique pour chanter en français. J’ai commencé à écrire en anglais à 16 ans, mais mon accent n’était pas terrible. On m’a conseillé d’essayer ma langue maternelle et cela a été un déclic. Il y a actuellement un retour en force de la chanson francophone. Cela m’a amené à chanter des choses plus personnelles. C’est une mise à nu. Je devais m’ouvrir et j’en ai été capable. Plus j’avance, plus j’ai l’impression de m’exprimer en profondeur.

Son actu :

  • 22/3 : Reflektor de Liège
  • 23/3 : festival de Namur is a Joke
  • 18/5 : Ancienne Belgique
  • 22/7 : Francofolies de Spa
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