Littérature: 3 nouveaux romans à dévorer au printemps

Envie de vous évader dans les pages d’un bon roman? Notre journaliste mordue de littérature vous livre son top 3 du mois.

SAGA USA

On vous conseille de débuter votre lecture par Nos premiers jours, mais voici venu le dernier tome contant la destinée des Langdon, cette famille américaine née dans une ferme de l’Iowa, que nous suivons de 1920 à 2020. Cette fois, c’est dans les années fric, avec Ronald Reagan comme président, que nous projette la romancière. Pour cette plongée au cœur des tensions de la décennie, elle a choisi comme protagonistes deux des petits-fils du couple d’origine, l’un comme représentant du Parti démocrate, l’autre comme yuppie avide. Pourquoi vous allez accrocher ? Parce que Jane Smiley est une chroniqueuse hors pair et nous amène à cogiter. Si son impressionnant feuilleton embrasse un siècle de révolutions, de coups du sort et de guerres, elle n’en oublie jamais pour autant l’amour et l’espoir viscéral de tout un clan.

  • NOTRE ÂGE D’OR, JANE SMILEY, 600 P., TRAD. DE L’ANGLAIS (USA) PAR CARINE CHICHEREAU, ÉD. RIVAGES.

UN PUITS

Dans la campagne turque, Cem est un jeune homme désargenté et orphelin qui doit travailler pour le puisatier, sorte de père de substitution, afin de pouvoir s’offrir l’université. Ce même été, il rencontre une comédienne rousse plus âgée, au caractère résistant et affirmé, dont il tombe éperdument amoureux. Mais un drame terrible sur le chantier vient briser l’idylle naissante. Rentré à Istanbul, notre héros cherche à occulter la vérité. Lorsque, des années plus tard, le fils de Cem, né après cet été terrible, ressurgit dans sa vie, Orhan Pamuk semble nous dire que même lorsqu’on cherche à s’enfuir et s’enfouir, on est toujours rattrapé par son histoire. Pourquoi ça nous abreuve ? Parce que ce dixième roman du prix Nobel de littérature 2006, tour à tour tragique et philosophique, explore les zones obscures de la filiation et du destin. Empruntant au mythe d’Œdipe, il nous permet de descendre bien en dessous des petites lâchetés de l’humain et de célébrer l’individualité qui se soustrait à l’emprise des générations antérieures.

  • LA FILLE AUX CHEVEUX ROUX, ORHAN PAMUK, 304 P., TRADUIT DU TURC PAR VALÉRIE GAY-AKSOY, ÉD. GALLIMARD.

QUOI DE NEUF, SHAKESPEARE ?

Les éditions Hogarth ont demandé à huit auteurs une relecture d’une pièce de l’iconique William Shakespeare. Jeanette Winterson (Pourquoi être heureux quand on peut être normal) a choisi Le Conte d’hiver. Le roi Léonte — dont les accusations d’adultère contre son épouse Hermione et son ami d’enfance Polixène sont au cœur de la pièce originale — devient Leo, gestionnaire de fonds qui utilise l’argent pour se hisser au sommet. Hermione se mue en Mimi, chanteuse, et Polixène en Xeno, un concepteur de jeux vidéo. Amenant au passage une réflexion sur la masculinité toxique, c’est grâce à une langue très vivante et à une attention à l’émotion que l’auteure anglaise remporte haut la main le défi. Pourquoi c’est une bonne idée ? Parce que cette sombre histoire de jalousie dévorante nous rappelle combien Shakespeare avait taillé des mondes intemporels et combien son génie résonne encore aujourd’hui.

  • LA FAILLE DU TEMPS, JEANETTE WINTERSON, 305 P., TRAD. DE L’ANGLAIS PAR CÉLINE LEROY, ÉD. BUCHET-CHASTEL.

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