Voyage au centre de la tête... de Véronique Gallo

Notre GAEL Guest, Véronique Gallo, plonge en hypnose explorer ses ressources créatives. D’après Florence Hainaut. Photos: Laetizia Bazzoni. Maquillage: Catherine Malmendier.

« C’était long ? 50 minutes ! Ah oui, quand même... Ça m’a semblé un quart d’heure. » Véronique Gallo est un peu groggy. Pendant près d’une heure, Amélie Simon, psychologue clinicienne, l’a emmenée visiter ses propres ressources lors d’une séance d’hypnose. Véronique essuie une larme, s’étonne : « Mais j’ai pleuré ! » Elle a ri aussi.

Voyage au centre de la tête

Notre Guest Véronique Gallo est exactement comme vous l’imaginez : solaire, drôle, sympa. Elle débarque, mi-femme, mi-tornade, donne envie de tout plaquer pour aller boire l’apéro en papotant. La colonne vertébrale de cette formidable énergie, c’est une certaine forme de spiritualité. Elle se ménage des parenthèses pour se recentrer. Véronique pratique l’auto-hypnose au quotidien. « J’ai tout essayé mais rien ne me parlait. C’est en achetant un bête petit guide qu’il s’est passé un truc. J’ai senti que c’était ça qui me convenait. » Elle a beaucoup cherché, mais quoi exactement ? « J’étais dans une quête de spiritualité, mais éloignée de la religion. J’ai été éduquée dans une famille très catholique, je priais énormément quand j’étais petite, mais je suis sortie de ça. Je voulais quelque chose qui soit lié au bien-être, au développement personnel. »

De méditations en brols ésotériques, elle tombe un jour sur un livre accompagné d’un CD, et c’est la révélation. « Il s’agit de méditations sur les chakras. » Les quoi ? « Ce sont sept points d’énergie dans notre corps, rien de nouveau, ils sont décrits dans toute la littérature, surtout orientale, depuis toujours. Ces points sont comme des boules de lumière chaleureuse. Quand ils sont bien alignées, ils provoquent une espèce de colonne de lumière. » Littéralement ? « Mais non, ça c’est le jargon. Le résultat, c’est un état de bien-être intense. Quand on l’a connu, on veut y revenir. » Et elle y revient, partout, tout le temps. Au volant de sa voiture, entre deux courses, avant d’aller dormir (« et là, je sombre directement »). Quelques minutes grapillées, pour souffler et se recentrer. « Ça a changé ma vie en termes d’apaisement. Je suis une grande anxieuse, j’avais une grosse angoisse de la mort, du temps qui passe. Ça m’a permis le bien-être et la joie, d’être bien là où je suis et dans ce que je fais. »

RETROUVER DES SENTIMENTS FORTS

Amélie Simon, psychologue clinicienne, spécialisée en thérapie brève et en hypnose conversationnelle, enchaîne : « C’est sa manière à elle d’entrer en hypnose. Pour d’autres, ça sera en retrouvant le contact avec le cheval qu’on monte chaque semaine, par exemple. » Il n’y a pas vraiment de règle, c’est chacun la sienne. « Dans une hypnose moderne, on a tendance à aller vers des choses simples, on cherche à retrouver des sentiments forts et positifs. Ça peut être via les chakras, un cheval, une balade en forêt, l’idée c’est trouver l’endroit où la personne va se centrer à l’intérieur d’elle-même. »
Et à l’intérieur de Véronique, il y en a, des choses étonnantes. Si vous vous êtes déjà dit qu’ils devaient être plusieurs dans sa tête, vous n’aviez pas tout à fait tort. Et c’est exactement ce qu’elle est venue explorer. « Vous allez me prendre pour une folle. » Même pas !

« Véronique se sent soutenue, accompagnée par trois personnages. Trois facettes d’elle- même, confortablement installées dans sa tête ».

« Je voudrais explorer les sensations que je vis quand j’écris. » Plus précisément, Véronique se sent soutenue, accompagnée par trois personnages. Trois facettes d’elle- même, confortablement installées dans sa tête, avec chacune un rôle bien précis. En auto-hypnose, elle les a déjà identifiés. « Il y a un vieux sage, une femme qui représente un peu toutes les femmes et une espèce de fou du roi, un Pirlouit à grelots qui fait le mariole. Ça m’intrigue beaucoup. Je ne veux pas m’en séparer parce que ça me libère beaucoup de l’anxiété et du stress de la page blanche, je voudrais aller plus loin dans l’exploration de ces trois guides. »

Amélie Simon : « Ce n’est pas fréquent de travailler sur un sujet qui n’est pas un “problème”, où il n’y a rien à régler. Mais pourquoi pas ? » Véronique s’installe dans le fauteuil, s’enroule dans un plaid. « Vous êtes sûre de vouloir vous allonger ? Vous risquez de vous endormir. » Réponse de la boule d’énergie : « Nan, je pense pas... » Elles rigolent. Ensemble, elles cherchent comme point de départ à retrouver un sentiment doux dans lequel Véronique va pouvoir se réfugier. Elle raconte un moment très fort qu’elle a vécu lors d’une séance de méditation. « J’étais sur des billes de chemin de fer, mon père était assis et il pleurait, la tête cachée entre les mains. Il pleurait sur ce qu’il nous a fait endurer à mon frère et moi. Mon père était alcoolique, il en est décédé de manière assez violente quand j’avais 25 ans. Durant cette méditation, j’ai eu l’occasion d’aller vers lui, de le remercier, de lui dire de ne pas s’inquiéter, que ce qu’il a été m’a construite et que ça m’a permis d’activer plein de choses positives. Ça reste un moment très fort pour moi. » Et donc générateur de sentiments, de sensations intérieures. Elle ressent quoi ? « Quelque chose de chaud et doux. Ça me fait penser aux images pieuses que collectionnait ma grand-mère, celles où le cœur de Jésus est ouvert et lumineux. » À cette scène réconfortante, Véronique voudrait ajouter quelque chose de récent et très réel : « Je vis des choses très belles et très fortes avec mon nouveau compagnon. » Amélie propose : « Ça vous irait de partir de cette sensation-là ? » Sourire béat et oui qui chante. « OK, on y va. Vous ouvrez ou vous fermez les yeux, vous parlez ou pas. Je vais vous poser des questions et vous répondez seulement si vous voulez. C’est votre hypnose, c’est vous la boss. Moi, je m’adapte. »

RENCONTRES DANS UN JARDIN IMAGINAIRE

La thérapeute tapisse sa voix avec du velours et va guider Véronique dans une séance d’hypnose qu’on appelle « conversationnelle », au cours de laquelle la comédienne va se livrer sans filtre. « Le plus important, c’est de retrouver les sensations à l’intérieur de votre corps, cette chaleur, cette douceur, ce faisceau de lumière qui part du cœur. Prenez le temps. Vous pouvez vous aider de votre papa, vous nourrir des sensations ressenties, ou de la présence de votre amoureux, vous dire qu’il vous tient la main. » En quelques minutes, la voix de Véronique se transforme en murmure. « Il fait très chaud. Il y a comme une lumière de fin d’été. Et beaucoup de vert. C’est un jardin, je crois. Il y a de l’eau qui coule. Je me sens un peu cotonneuse, comme en lévitation. » Assise à côté de Véronique, Amélie propose plus qu’elle ne guide : « Prenez bien le temps de laisser cette sensation se développer à l’intérieur de vous, profitez juste de ça. Quand vous l’aurez laissée vous envahir, je vous invite à me le dire, je vous ferai une autre proposition. »

« Amélie et Véronique se promènent dans le jardin imaginaire et rencontrent les trois guides. »

Pas à pas, de sensations en sensations, Amélie et Véronique se promènent dans le jardin imaginaire et rencontrent les trois guides. D’abord le vieux sage. « Prenez le temps de le saluer, de le voir, de le rencontrer. Tranquille, on a tout le temps nécessaire. » Mais le vieux rigolera dans sa barbe quand Véronique cherchera à savoir qui il est. « Il me connaît bien mais me dit que moi, je n’ai pas besoin d’en savoir plus sur lui. » Le bouffon arrive, avec un message : « Il me dit qu’il ne faut pas que je rentre dans les cases dans lesquelles les gens veulent me mettre, que ça l’empêcherait de faire des blagues. » Mais difficile d’en savoir plus. « Il se cache chaque fois que je lui pose une question sérieuse. Il dit que je sais très bien à quoi il sert. » Amélie refait le point sur ses sensations : « C’est comment dedans ? » « Frétillant ! Mais j’ai du mal à ne pas entendre les bruits autour de moi. » Super-Amélie a réponse à tout. Notre toux devient celle du vieux sage qui ne s’est pas remis de la grippe de l’hiver. Le bruit du clavier de l’ordinateur qui écrit cet article devient le Pirlouit qui joue à la marelle dans le jardin. La fontaine à eau du chat devient un ruisseau. « En même temps, vous savez que ce n’est pas vrai, mais vous pouvez l’imaginer. Prenez le temps d’être à la fois ici avec moi et dans votre jardin. »

Découvrez cet article en intégralité dans le GAEL de février, disponible en librairie.

GAEL février

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