La respiration en pleine conscience peut-elle changer nos vies?

L’air rentre, puis ressort... A priori, il y a juste à laisser faire. Mais le succès des coachs en respiration et des livres et thérapies sur le sujet laisse penser qu’il peut être bénéfique de faire autrement. Alors, que nous apporte de respirer de manière plus consciente ?

Inspirez, expirez, ressentez

Un soir de confinement, je me suis assise sur le lit, mon ordinateur portable sur les genoux. Je me suis inscrite à une « breathing masterclass », soit un cours de respiration virtuel donné en live par Leonardo Pelagotti, un instructeur certifié de la méthode Wim Hof. Wim Hof — « The Iceman » —, c’est l’homme qui gravit les montagnes enneigées pieds nus, qui nage sous d’épaisses couches de glace sans combinaison et qui affirme qu’il peut retenir son souffle pendant plus de six minutes, le tout en se basant sur des techniques de respiration bien spécifiques. Puisque je ne souhaite pas (encore) gravir le mont Fuji légèrement vêtue, je me contenterai de m’offrir cette formation pour me débarrasser de mon anxiété et du stress du télétravail — et pour moi, c’est déjà un défi en soi. J’ai donc éteint ma webcam Zoom, je me suis allongée doucement et j’ai laissé la voix chaude et envoûtante du coach me guider à travers trois séries d’une trentaine de respirations, pour ensuite la retenir.

« Avant cette séance, le fait de respirer ne m’avait jamais fait réfléchir plus que ça : inspirer, expirer, c’est aussi évident que de mettre un pied devant l’autre. »

Plus tard, je décrirai mon expérience au Dr Linda Stans, psychologue clinicienne dans un département universitaire de réadaptation respiratoire, comme une sorte de voyage relaxant au cours duquel j’avais la sensation au bout d’un moment de me détacher de mon propre corps. Dr Stans : « En réalité, vous avez commencé à hyperventiler consciemment. Ce qui se passe dans votre corps, c’est la vasoconstriction cérébrale : l’apport d’oxygène dans votre cerveau est considérablement réduit, provoquant une sensation de légèreté dans votre tête. Les gens qui hyperventilent parlent parfois de “brouillard cérébral” et se réfèrent à Alice au pays des merveilles : vous avez le sentiment d’être irréel, comme un phénomène de dépersonnalisation. » En effet, ça y ressemblait. Et je vous le confirme : être hors du monde, c’est plutôt plaisant. Avant cette séance, le fait de respirer ne m’avait jamais fait réfléchir plus que ça : inspirer, expirer, c’est aussi évident que de mettre un pied devant l’autre. Mais ce soir-là, derrière mon écran, c’est devenu un phénomène en soi ; une nouvelle perspective, une aptitude que je pourrais apprendre à cultiver pour en tirer avantage au quotidien.

ÉCOUTER SA RESPIRATION

Rien d’illogique à tenir la respiration pour acquise : c’est un automatisme naturel qui se produit environ 15 fois par minute (900 fois par heure, 20 000 fois par jour). La respiration assure l’apport d’oxygène aux poumons. Là, les alvéoles assurent un échange gazeux : l’oxygène que nous respirons est absorbé dans le sang, puis le dioxyde de carbone est éliminé par l’air que nous expirons. Environ 70 % des déchets de l’organisme sont expulsés par la respiration. Simple, mais pas moins intrigant pour autant, selon le Dr Linda Stans : « Nous pouvons passer des jours sans eau, des semaines sans nourriture, mais seulement quelques minutes sans air. La respiration est cruciale pour notre survie. » L’expérience de Nicole Bordeleau, professeure de yoga et de méditation, auteure du livre Respirons, est, à cet égard, parlante. Née dans les vastes plaines vertes du Québec, cette enfant touche-à-tout s’est laissée aspirer par la spirale de la drogue au moment de quitter le nid familial. Avant la grande révélation, après une expérience traumatisante où la vie côtoie la mort : « J’ai une dette immense envers le souffle. À une époque où je me suis déracinée de moi-même, il m’a raccrochée à la vie. »

« Le souffle peut vous aider à relancer la circulation sanguine, éliminer les tensions physiques et mentales, soulager la douleur, affûter votre attention, solidifier votre concentration (...) »

Au-delà de l’aspect vital du souffle, sa bonne gestion pourrait nous faire nous surpasser dans certains domaines, indépendamment de notre âge ou de notre condition physique. « Il peut vous aider à relancer la circulation sanguine, éliminer les tensions physiques et mentales, soulager la douleur, affûter votre attention, solidifier votre concentration, revitaliser un corps fatigué, pacifier un esprit agité... », explique Nicole Bordeleau. Et plus encore : apprendre à gérer son souffle nous permettrait même de surmonter la douleur d’un accouchement sans péridurale ou encore de tenir en apnée aussi longtemps que possible sous l’eau. Et si la respiration était un superpouvoir ? « En nous reliant davantage à nos sens, et plus particulièrement à notre façon de respirer, nous apprenons à nous découvrir. Nous ressentons plus clairement les messages de notre corps, nous renouons avec notre intuition, nous développons une plus grande capacité à gérer notre énergie physique et mentale », ajoute la maître en yoga.

Lisez cet article en intégralité dans le GAEL d’août, disponible en librairie.

Illustration cover (c) Trui Chielens

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