Les conseils des experts pour améliorer sa communication de couple

Dans une relation, se comprendre l’un l’autre, c’est la base. Mais faut-il tout dire? Mentir est-il envisageable dans certains cas? Se disputer est-il sain pour le couple? Savoir se parler n’est pas si évident, et les experts vous expliqueront même qu’il n’y a pas qu’avec les mots qu’on s’exprime... Comment gérer les tensions et les disputes de couple? Une thérapeute, une psychologue et un sexologue clinicien répondent à 3 questions que l’on se pose tous.

NOS EXPERTS:

  • Rika Ponnet est sexologue et thérapeute de couple.
  • Goedele Liekens est psychologue clinicienne et sexologue.
  • Sam Geuens est sexologue clinicien, psychothérapeute et spécialiste des sciences morales.

L’avis des experts

Dans une relation, la communication non verbale est-elle aussi importante que la communication verbale ?

Le sexologue : « Des études ont établi qu’un bon rapport sexuel peut booster le mental de façon positive jusqu’à 48 heures après. Mais de petites formes de communication non sexuelles — un baiser, une caresse — peuvent également faire du bien. Même si l’impact est moindre, cela a son effet. Selon moi, toutes les formes de communication sont importantes. Il est réducteur de dire que parler est plus important que le sexe, même si faire fonctionner un couple passe principalement par la parole, par le fait de se mettre d’accord et d’être sur la même longueur d’ondes. »

La psychologue : « La communication non verbale est très importante. Vos mimiques, votre façon de bouger, un roulement d’yeux : tout a une signification et peut ruiner une relation. Mais il ne faut pas oublier la communication paraverbale, c’est-à-dire l’intonation et le débit de la parole, dont on peut déduire beaucoup de choses. Le sexe est aussi une façon de communiquer sans parole et procède du même ordre d’idées. C’est le ciment de la relation. Il lui apporte quelque chose de spécial, d’unique, car on ne fait pas l’amour avec ses amis. L’acte sexuel, c’est littéralement se brancher l’un à l’autre, se retrouver. »

« Réfléchissez aussi à la fréquence à laquelle vous vous touchez l’un l’autre, même brièvement... Tout ce qui se passe en journée fait partie des préliminaires »

La thérapeute de couple : « La communication non verbale consiste à s’accorder à l’autre. Êtes-vous présent à la relation ? Ou êtes-vous tout le temps en train de regarder votre écran ? Dans ce cas, vous êtes bien présent physiquement, mais mentalement ? Aujourd’hui, la technologie est devenue la parfaite échappatoire. Cela se voit immédiatement dans le langage corporel : la personne qui regarde l’écran de son téléphone durant une conversation est absente. C’est irritant et perçu comme un rejet. Réfléchissez aussi à la fréquence à laquelle vous vous touchez l’un l’autre, même brièvement... Tout ce qui se passe en journée fait partie des préliminaires. Si vous ne vous regardez pas de toute la journée, ne vous attendez pas à un feu d’artifice au lit le soir. »

Vaut-il mieux expliquer pourquoi on est en colère que réagir avec colère ?

Le sexologue : « Oui, bien sûr. Mais quand on est en colère, notre esprit est submergé par les émotions. Expliquer nécessite de raisonner, ce qui est très difficile dans ces moments-là. Ce n’est donc pas toujours réaliste. Mieux vaut parler une fois que les émotions sont un peu retombées, pas quand on est en plein dedans. Il faut d’abord pouvoir sortir de cette émotion. N’entamez pas la conversation si l’un de vous est hors de lui ou en pleine crise de larmes. Si vous voyez que l’autre est submergé par ses émotions, essayez d’abord de le ou la calmer. Et évitez de poser des questions qui demandent de la réflexion. »

La psychologue : « Certainement. Et c’est une chose à laquelle nous devrions tous nous exercer. À l’école, on devrait plus mettre l’accent sur la communication non violente. Marquer un temps d’arrêt n’est pas la même chose que fuir une conversation : c’est se rendre compte qu’on est trop en colère et qu’il vaut mieux en parler plus tard. En thérapie, pour amener les gens à se parler d’une façon émotionnellement plus intelligente, on utilise la méthode XYZ : X représente le comportement de l’autre ; Y, la situation dans laquelle ce comportement a pris place et Z, ce que l’on ressent. Par exemple, si votre partenaire monte régulièrement dans votre voiture sans piper mot, ne lui dites pas : “Tu ne dis jamais bonjour !”, mais plutôt : “Quand tu montes dans ma voiture sans me dire bon- jour, je me sens ignorée.” C’est une façon de communiquer sans faire de reproches. »

La thérapeute de couple : « Quand on titille nos émotions, cela fait jaillir de la colère. Et il n’y a pas de mal à ça : c’est humain, ça met les choses au clair. Ça ne se contrôle pas facilement. Ce- pendant, il est important d’avoir par la suite une conversation apaisée. Crier et hurler, c’est de la violence verbale et ça fait des dégâts si ce n’est pas suivi par une explication. »

Arrêter de parler des petites choses de la vie nuit-il d’office à l’intimité ?

Le sexologue : « Pas nécessairement. L’intimité naît de nombreuses choses. Lorsqu’on demande aux gens ce qu’ils entendent par “intimité” , les réponses sont très variées. Supposons que vous ne parliez plus des détails du quotidien, mais que cela se passe bien par ailleurs : cela ne veut pas pour autant dire que le baromètre de votre relation est en baisse. »

« Une grande partie de notre connexion vient de micromoments, pas uniquement des grandes expériences comme une naissance ou un décès, mais dans le quotidien, dans tout ce qui se trouve entre les deux »

La psychologue : « Oui, mais cela ne veut pas dire que vous devez continuellement parler. C’est important de s’accorder des moments de silence, d’avoir une conversation profonde de temps à autre. L’intimité, c’est le lien, le contact et la proximité. Si le soir, vous racontez à votre partenaire ce qu’un collègue a fait au boulot, vous l’impliquez dans votre vie. Et cela tisse de nombreux fils entre vous. Là encore, les modes de communication non verbaux sont essentiels : caresser ses cheveux, lui toucher la main... L’intimité commence par ce genre de petits contacts. Lorsque le sexe disparaît d’une relation, on constate souvent que cela ne fonctionnait déjà pas bien à ce niveau-là. »

La thérapeute de couple : « C’est vrai dans une certaine mesure. Une grande partie de notre connexion vient de micromoments, pas uniquement des grandes expériences comme une naissance ou un décès, mais dans le quotidien, dans tout ce qui se trouve entre les deux. Être capable de partager ces petits moments et d’en faire quelque chose de qualitatif en dit long sur la qualité d’une relation. Lorsqu’une relation prend fin, ce sont généralement ces petites choses qui vont nous manquer. Pas les voyages ou les moments d’exception, mais juste se réveiller et prendre le petit-déjeuner ensemble, l’autre qui rentre à la maison et raconte sa balade à vélo... C’est par là que l’on s’accorde. »

+ de conseils love:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu des partenaires

Contenu sponsorisé