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Langage corporel: ces gestes qui trahissent vos pensées

Si les élections sont une période passionnante pour les experts en langage corporel, la vie de tous les jours l’est tout autant. Comment décrypter ce que révèle notre gestuelle, surtout si c’est précisément… ce que nous voulons cacher ? Par Robine van Tilburg et Anne-Sophie Kersten.

Les concepteurs d’affiches électorales en jouent savamment : un candidat avec le menton légèrement relevé, le sourire aux lèvres et regardant vers l’avenir dégagera du caractère, la capacité de prendre des décisions, inspirera confiance. Ces pros de l’image connaissent la puissance d’une posture, d’un regard, d’un haussement de sourcils qui en disent plus que les mots. Depuis 1969, on sait en effet que le langage corporel porte notre communication encore bien plus que notre discours. Cette année-là, le chercheur américain Albert Mehrabian a en effet été le premier à estimer les parts verbale et non verbale de notre communication : selon lui, 7 % viennent de nos mots, 38 % de l’intonation et du son de notre voix et 55 % de notre posture et de nos mouvements.

« Le corps ne se fatigue jamais pour rien. Si on fait un geste, il a forcément un sens », affirme le docteur en science du langage Philippe Turchet. Passionné par nos mouvements inconscients et leur signification, le Franco-Canadien a inventé la synergologie®. Cette discipline recense 1 200 signes corporels et nous invite à les décoder en les croisant. Une précaution que préconise également la Belge Dana Ketels, experte du langage corporel et créatrice du bureau de communication Impact Academy. « Un geste ou un mouvement ne peut être décrypté que s’il est mis en relation avec d’autres comportements. Un geste seul dit aussi peu qu’un mot sorti de sa phrase. »

Comment contrôler son langage corporel?

Puisque nos messages corporels sont en grande partie inconscients, il est impossible de les maîtriser. Dana Ketels nuance : « Certaines réactions biologiques telles que la transpiration et la bouche sèche sont incontrôlables, mais d’autres manifestations physiques peuvent être travaillées, du moins en partie. On peut par exemple s’entraîner à ne pas reculer lorsqu’on nous pose une question, afin d’éviter de dégager un manque de confiance en nous.

Mais plus notre stress est élevé, plus il nous sera difficile de contrôler notre langage corporel. Sous tension, nous avons par exemple tendance à nous toucher plus souvent le visage.

Mais plus notre stress est élevé, plus il nous sera difficile de contrôler notre langage corporel. Sous tension, nous avons par exemple tendance à nous toucher plus souvent le visage, comme nous le faisions à l’état de fœtus dans le ventre de notre mère, lorsqu’elle-même était tendue. » Si les signaux de stress et de tension sont biologiquement les mêmes partout dans le monde, d’autres diffèrent d’une culture à l’autre. « Les Occidentaux peuvent par exemple avoir un contact visuel assez franc, ce qui n’est pas le cas au Japon. Il s’agit simplement d’apprentissages culturels différents », continue l’experte.

Les signes qui en disent long

Pour tenter de décoder la gestuelle d’une personne, le synergologue® Philippe Turchet conseille de la considérer dans sa globalité plutôt que de se focaliser sur des détails. « C’est en établissant des liens entre plusieurs signaux que vous en saisirez le sens. Votre interlocuteur croise les bras ? Ce n’est pas forcément un signe de fermeture, car s’il s’avance vers vous en même temps, c’est peut-être au contraire un moyen de vous donner toute la place. Il croise les jambes ? Tout dépend si la jambe supérieure se détourne de vous — signe que la personne décroche — ou si ce croisement se fait vers l’intérieur de la bulle que vous formez à deux. » Voici d’autres mouvements significatifs :

  • Une personne qui a envie de communiquer avec vous a tendance à s’avancer de 5 à 10 cm, et son visage va devenir plus chaud.
  • Si elle se sent stimulée positivement, un petit muscle sous les yeux va remonter et les lui faire plisser. Au contraire, si elle s’ennuie, ses yeux vont s’ouvrir plus grand. (Notez aussi que quelqu’un de triste a souvent les yeux plus grands ouverts.)
  • Une personne à l’aise dans un échange a tendance à présenter la partie gauche de son visage. On présente la partie droite lorsqu’on est dans une réflexion analytique, ce qui peut être un signal que la personne filtre ses dires… Pour mentir ? Ou tout simplement parce qu’elle a tendance à tout analyser ?
  • Sur cette Terre faite de 90 % de droitiers, on observe qu’une personne qui se sent à l’aise, qui est spontanée, communique plus avec la main gauche.
  • Quand on est moins sûr de soi, on communique plus avec les deux mains, si on se sent incompris, par exemple. On tente ainsi d’appuyer nos propos.
  • Si on a une bonne relation avec un ami, un amoureux, un collègue, on adopte souvent inconsciemment ses mouvements, sa façon de s’asseoir. Dana Ketels : « Les couples heureux sont également beaucoup plus proches : ils se touchent davantage, établissent un contact visuel plus intense. Là où votre intérêt se porte, votre attention physique se porte. »
  • Si vous voulez éviter d’être réprimandé, faites comme Barack Obama. Dana Ketels : « Lorsqu’il écoute, il incline légèrement la tête, alors que dans une position de pouvoir, on la redresse. Cela donne l’impression qu’il est plus vulnérable, plus attentif, proche et ouvert. Il ne fait aucun doute que cette attitude a été mûrement réfléchie. Essayez de réprimander quelqu’un qui a la tête penchée, c’est impossible ! »

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