Grossophobie: pourquoi il est urgent d’en finir avec le fat-shaming

1,9 milliards. C’est le nombre d’adultes étant estimés en surpoids dans le monde. Parmi eux, nombreux sont ceux qui ont souffert de grossophobie.

La grossophobie en lumière

Il y a quelques jours la chanteuse Jesy Nelson a annoncé qu’elle quittait le groupe Little Mix, un girls band britannique qui fait fureur outre Manche et dont le sixième album caracole en tête des charts. Non, Jesy n’avait pas envie d’une retraite anticipée ou ne s’est pas disputée avec ses consœurs. La jeune femme a décidé de mettre sa carrière entre parenthèse pour protéger sa santé mentale. Depuis l’avènement du groupe, qui s’est formé sur le plateau de la version UK de X Factor en 2011, la chanteuse est victime de cyberharcelement. Des commentaires incessants sur son physique qui l’ont poussée à s’affamer et à tenter de mettre fin à ses jours.

 

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« Je me souviens juste m’être dit ‘J’ai besoin que ça cesse, je vais y mettre fin. Je suis allée dans la cuisine et j’ai avalé le plus de comprimés possible. Puis je me suis allongé dans mon lit pendant très longtemps, en pensant ‘Ca va venir. Vite‘ », explique-t-elle dans un documentaire glaçant consacré au harcèlement diffusé sur la BBC. Surnommée « la grosse » ou la « moche » par des trolls sur le net, la jeune femme n’a cessé d’être comparée à ses trois autres comparses à la silhouette jugée plus svelte – on a beau avoir sorti notre loupe à la rédac’, on ne voit toujours pas où Jesy Nelson aurait des kilos en trop, qui plus est. Mais cette affreuse situation rouvre une nouvelle fois le débat sur le harcèlement et plus particulièrement la grossophobie. Comment en 2021, les gens peuvent-ils être aussi critiques sur le physique de quelqu’un ? Pourquoi notre poids serait-il un facteur de discrimination ?

On ne naît pas égaux

Faisons taire les clichés ! Dans l’inconscient collectif, les personnes en surpoids sont automatiquement perçues comme des gens paresseux qui détestent l’effort et passent leurs journées à manger. Mais réduire notre poids à notre alimentation ou notre activité physique, ce serait nier l’influence qu’exercent nos émotions, nos hormones, notre stress, notre environnement, nos médicaments ou encore nos gênes. La précarité joue également un rôle important, puisque de nombreuses études ont prouvé que des personnes vivant dans une situation précaire avaient plus de risques d’être en surpoids. Arrêtons de faire véhiculer de telles idées, nous ne sommes pas toujours responsables de notre poids, un tas de facteurs physiques, psychologiques et émotionnels entrent en compte. Évitez donc les commentaires désobligeants du style « tu devrais faire plus de sport » ou « tu devrais manger moins de sucreries » si vous ne connaissez pas l’alimentation et les habitudes de votre ami(e), collègue ou autre proche. Peut être fait-il/elle déjà beaucoup d’efforts et que vos commentaires le plongeront davantage dans un sentiment de culpabilité. Arrêtons également de supposer qu’une personne que nous estimons grosse a forcément envie de perdre du poids. Son corps la regarde et elle est peut être très bien dans ses baskets ainsi.

Tous un peu grossophobes

On ne va pas mentir, on est tous un peu (ou grandement) grossophobe: que celui qui n’a jamais grimacé en constatant une prise de poids sur la balance ou en devant acheter un jean deux tailles au-dessus de sa taille habituelle nous jette la première pierre. Dans une société où la minceur est valorisée à l’extrême, il n’est pas étonnant que tout le monde craigne les kilos comme le grand méchant loup. Le mot « grosse » a ainsi pris une connotation négative au fil des années, raison pour laquelle certaines militantes contre la grossophobie et le fat-shaming préfèrent se qualifier de grosses plutôt que d’utiliser des euphémismes comme ronde, curvy ou encore plus size.

À l’inverse, nous ne dirons pas non plus que vouloir perdre du poids est mal, surtout si la personne approche d’une situations qui peut se révéler dangereuse pour sa santé, mais soyons plus bienveillants vis-à-vis des autres: une fois encore, le corps de quelqu’un ne regarde que lui et personne ne mérite d’être discriminé pour le poids qu’il pèse.

Des mots lourds

« Bouboule, gros lard, éléphant, baleine, ventre sur pattes, boule de graisse » et on en passe. Tant de charmants qualificatifs que vous avez pu entendre dans les cours de récréation si vous étiez en surpoids durant vos jeunes années. Des mots qui semblent légers voire inoffensifs pour ceux qui les prononcent – ces derniers ponctuant généralement leurs phrases d’un « c’est pour rire, hein! » – mais qui ont des conséquences dévastatrices sur les adultes de demain. Car si les kilos peuvent s’effacer avec le temps, certains mots demeurent gravés à jamais. Prenez donc conscience du poids des mots que vous utilisez et des répercussions qu’ils peuvent avoir sur la personne. Évitez également de juger le physique d’autrui ou de dire que vous vous sentez grosse si d’autres personnes de votre groupe le sont davantage: cela indiquera implicitement que vous les jugez.

Les conséquences de cette grossophobie omniprésente ne sont pas uniquement d’ordre psychologique mais elles sont également physiques. La société étant pensée pour les personnes plus minces (largeur des sièges, tailles de vêtements ou  encore transport en commun), les personnes en surpoids ressentent le besoin constant de se faire oublier si elles ne veulent pas attirer l’attention et déclencher les moqueries ou les regards désapprobateurs. Cet isolement peut ainsi accentuer les problèmes d’obésité des personnes qui en sont victimes. L’isolement et l’exclusion des personnes jugées grosses peuvent les amener à développer des problèmes d’estime de soi et développer de l’anxiété.

De nombreuses situations peuvent être utilisées comme prétexte au jugement, on vous conseille de lire cet article très fourni sur la manière dont nous pouvons aider les personnes rondes à se sentir mieux dans notre société.

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