12 signes qui indiquent que vous êtes TDAH

Laura Swysen

aujourd'hui Mise à jour: aujourd'hui 3 min. de lecture

Les tests et vidéos en ligne ont provoqué une épidémie d’autodiagnostic de TDAH. Mais le détecter est en réalité bien plus complexe. Effet positif tout de même : on réalise que, contrairement à une idée reçue, de nombreuses femmes en souffrent aussi. Par Marloes Zwagerman, avec la collaboration de Kathleen Wuyard.

Le TDAH chez les femmes

« Il n’existe pas de chiffres généraux pour la Belgique, mais dans notre clinique spécialisée dans le TDAH, nous avons constaté un doublement du nombre de consultations chez les adultes au cours des cinq dernières années, explique le Dr De Vriendt, psychiatre spécialisée dans le TDAH chez les adultes. Même si une partie de ces chiffres s’explique par l’effet Covid — pendant les confinements, les soins non urgents ont été mis en attente —, cette augmentation reste considérable. Pourquoi ? La médecine a longtemps pensé que les enfants finissaient par s’en sortir en grandissant. Mais il a depuis été scientifiquement établi que deux tiers des personnes diagnostiquées le resteront toute leur vie. Cela a entraîné un rattrapage chez les adultes. En conséquence, notre liste d’attente est actuellement de quatre ans. » Les nouveaux chiffres de l’Inami confirment cette hausse. Entre 2021 et 2024, le nombre de femmes prenant des médicaments contre le TDAH a augmenté de 18,5 % en Belgique.

Le monde médical a longtemps pensé que le TDAH ne touchait que les garçons. Ce n’est que depuis les années 1980 que l’on sait que les filles peuvent également en être atteintes.

En outre, l’image que la plupart des gens ont du TDAH est fausse. Du moins pas tout à fait exacte. Pour ma part, j’avais tendance à imaginer un petit garçon turbulent, n’arrêtant pas de lancer des boulettes de papier sur le tableau et incapable de rester assis. Mais ce n’est qu’une des façons dont cela peut se manifester, explique la psychiatre : « Il n’est pas étonnant que cette image soit devenue dominante, car le monde médical a longtemps pensé que le TDAH ne touchait que les garçons. Ce n’est que depuis les années 1980 que l’on sait que les filles peuvent également en être atteintes et que cela se manifeste souvent différemment chez elles. Nous savons désormais que cela ne cause pas seulement des problèmes externes, telle l’agitation en classe, mais que les problèmes peuvent également s’intérioriser. Seule la personne concernée en a conscience et cela implique notamment une faible estime de soi, parce que vous avez du mal à vous concentrer. Les garçons sont généralement hyperactifs et impulsifs en classe : cela perturbe le cours et conduit à des examens médicaux. »

Hyperactivité à l’âge adulte: comment la reconnaître et la gérer au quotidien?

« Les filles sont souvent rêveuses et dispersées : ces symptômes sont moins perturbants pour l’environnement, ce qui explique pourquoi elles ne sont diagnostiquées que plus tard. Cette prise de conscience atteint de plus en plus les services d’aide et fait que de plus en plus de femmes sont diagnostiquées. Pourtant, pour beaucoup d’entre elles, cela reste une surprise lorsque nous évoquons la possibilité d’un TDAH. »

Dissimuler en société

Malheureusement, en raison de lacunes dans les recherches sur le corps et le psychisme féminins, les femmes se retrouvent souvent dans des cases qui ne leur correspondent pas. « Beaucoup de femmes reçoivent encore un diagnostic erroné, explique le Dr De Vriendt. Les symptômes pour lesquels elles consultent sont cinq fois plus souvent attribués à la dépression ou à l’anxiété qu’au TDAH, alors qu’elles souffrent bel et bien de TDAH, mais n’ont pas encore été diagnostiquées. Les professionnels de santé ne pensent pas souvent à cette option et ne posent pas de questions supplémentaires. Chez les femmes atteintes de TDAH, on reste alors à la surface du problème. Qu’y a-t-il en dessous ? Les femmes sont assez ingénieuses pour canaliser cette hyperactivité vers des normes socialement acceptées. Elles trouvent des moyens de rendre leur agitation moins visible, mais finissent par s’épuiser. Elles mettent tout en œuvre pour s’intégrer dans la société et, en raison de leur hyperactivité intériorisée — les fameux cinq écureuils dans leur tête —, elles ont souvent une faible estime d’elles-mêmes ou le syndrome de l’imposteur. Tant que nous ne regardons pas au-delà de ces manifestations, nous ne résolvons pas le problème sous-jacent et nous ne faisons que traiter les symptômes. »

Vous souhaitez en savoir plus ? Le Réseau TDAH Belgique rassemble les praticiens de santé mentale dédiés au traitement du TDAH. reseau-tdah-belgique.be.