Angèle: « Si le succès rendait complètement heureux, ça se saurait »

Plus affirmée, moins candide, hyper lucide, pleine de doutes et de questions, la Bruxelloise revient dans la lumière avec un deuxième album pop nappé d’électro, Nonante-cinq. Bien décidée à profiter de l’instant présent sans perdre le contrôle de sa vie. Par Isabelle Blandiaux. Photo (c) Manuel Obadia Wills.

Angèle, ultra moderne belgitude

Vivre la célébrité quasi instantanée à 22 ans, être embarquée illico presto dans une tornade géante, puis connaître le confinement à 25 ans. Angèle Van Laeken telle qu’on la découvrait pour la première fois en train de rater son tram et de retirer de l’argent à la wasserette dans le clip de La Loi de Murphy n’est plus. Elle a grandi, s’est transformée. Et le monde entier avec elle. Après trois ans de roller coaster intensif, entre rêve éveillé, accélérations, tour bus, firmament et dépossession de soi-même face à l’hystérie collective, Angèle a voulu retrouver la terre ferme. Chez elle, à Bruxelles, là où tout a commencé, là où se trouvent ses proches, ses racines, pour enregistrer au studio ICP avec son complice de Brol, Tristan Salvati, son deuxième album, le très pop et chaloupé Nonante-cinq, aux mélodies instantanées et aux balades intimistes.

« Je ne comprenais rien à ce qu’il se passait : tout allait très vite et je n’avais jamais le temps de rien. »

« J’avais envie de revenir à ce que j’ai de plus fidèle, ce qui ne changera jamais, à savoir mon année de naissance », nous dit l’ambassadrice Chanel depuis son autre chez-elle, Paris, par Zoom, à côté de son chien Pépette. « Il y a également bien sûr le côté belge, puisqu’on dit nonante-cinq et pas quatre-vingt-quinze. C’était encore une façon de prendre du recul après ces années d’intensité, sans avoir l’occasion de faire la moindre pause, de se poser les bonnes questions, de savoir ce que j’aime dans ce métier, quelles sont les étapes que je n’aime pas et quel plaisir j’y trouve. Je ne comprenais rien à ce qu’il se passait : tout allait très vite et je n’avais jamais le temps de rien. Là, j’ai décidé de vivre l’instant présent plutôt que de subir les événements. C’est important d’être ancré, de prendre conscience de la chance qu’on a. Ce TGV-là, le clip de Bruxelles je t’aime y fait référence. Dans ce train à toute grande vitesse, je reprends le pouvoir et j’essaye de m’amuser le plus possible. » Toute cette folie qui l’a déboussolée, Angèle en témoigne aussi avec ses mots et ses carnets intimes, dans un film à son nom, diffusé sur Netflix dès le 26 novembre. Une autre façon de reprendre le pouvoir et de se réapproprier son histoire.

Si tu fais le bilan des trois dernières années, qu’est-ce que tu as reçu et qu’est-ce que tu as perdu ?

Certes, mon métier a été très chamboulant. Mais c’est aussi lié à mon âge. Quand on grandit, il y a des choses qu’on perd, des choses auxquelles on n’a pas trop envie de dire au revoir. Et c’est un peu ça, la vie, c’est avancer. Il y a toujours cette dualité entre le rêve de rester enfant, innocent et puis le besoin de grandir, de se prendre des murs, de vivre des montées et des chutes libres.

Bruxelles, c’est un refuge pour toi ? Tu la chantais déjà à tes débuts, en reprenant Bruxelles ma belle de Dick Annegarn.

Bien sûr, Bruxelles je t’aime est un méga hommage à la sublime chanson de Dick Annegarn, que j’adore, que j’ai reprise il y a quelques années et qui a un peu été mon point d’entrée dans tout le tourbillon qui a suivi. C’est vrai que Bruxelles est mon refuge — un beau mot. L’endroit où je me sens le mieux, où je peux faire redescendre la pression. Un espace où je peux respirer. Paris est une ville merveilleuse, sublime, magique, qui m’a permis de faire plein de choses, de rencontrer plein de gens. Mais Bruxelles, c’est ma ville. Et aucune autre ville ne pourra prendre sa place.

Autre fidélité à tes débuts, sur cet album, ta collaboration sur un titre plus urbain, Démons, avec Damso...

Oui, il a été là dès le départ. Il est toujours resté très proche, à l’écoute et disponible. On a fait le morceau Silence pour commencer. J’avais envie d’aller plus loin parce qu’il m’a aidée et fait vivre des expériences folles en me choisissant comme première partie de ses concerts. Il n’avait rien à y gagner, pourtant il l’a fait. On est issus de milieux totalement  différents, musicaux et autres. Nos différences ne nous bloquent pas mais nous enrichissent. On peut mélanger les styles et ouvrir la discussion.

Découvrez cette rencontre en intégralité dans le GAEL de décembre, disponible en librairie.

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