Olivia de Lamberterie: « On ne m’a pas appris à rendre les coups »

La rédactrice en chef adjointe du Elle français et critique littéraire parle mieux
que personne des livres des autres. Son premier roman, lauréat du prix Renaudot, nous prouve qu’elle est encore plus douée pour parler d’elle et de ceux qu’elle aime.

Un souvenir d’été qui vous tient chaud en hiver ?

Le premier bain dans la Méditerranée quand on arrive en vacances. Dès qu’on nage, on se sent vivant.

Votre meilleure arme contre les larmes ?

Je suis très pleureuse, mais la musique est un bon mouchoir, notamment les chansons de Vincent Delerm ou de Véronique Sanson. C’est une bonne façon de sécher ses larmes.

La prochaine photo que vous prendrez ?

J’aime beaucoup photographier mes enfants de dos. Je trouve qu’il y a une sorte de grâce dans leurs petites silhouettes en train de grandir.

Une faille dans votre éducation ?

On ne m’a pas appris à rendre les coups. Quand on me marche sur les pieds, je dis pardon. Avec le temps, je me suis rendu compte que c’était une force car les gens qui se conduisent mal avec moi sont désespérés.

Un snobisme qui vous laisse de glace ?

Il y a un snobisme à parler de la nourriture, les gens passent des repas entiers à commenter ce qu’ils sont en train de manger. Je trouve ça dément.

« Il faudrait inviter Madame Bovary à dîner pour lui donner une seconde chance. »

Un tableau dans lequel vous voudriez vivre ?

Un tableau de Matisse. Dans tous les arts, le bonheur est très difficilement représentable et il y arrive très bien.

Les 3 ingrédients qui vous font tourner les pages d’un roman ?

Un, l’écriture, les mots doivent faire des étincelles. Deux, la présence d’une voix originale que l’on puisse reconnaître. Trois, une vision du monde avec du recul et même de l’humour.

Les 3 ingrédients qui vous gâchent un roman ?

Un, le cliché et il sort souvent groupé. « Les cascades de boucles » et les gens qui « rient aux éclats » me font fuir. Deux, le cynisme, quand on est revenu de tout, il n’y a pas d’endroit où aller. Trois, la prétention littéraire et les effets de manche, comme le fait d’aller tout le temps à la ligne ou de mettre des majuscules partout.

Si votre frère était dans un livre, quel serait-il ?

Sûrement dans un roman de Fitzgerald, c’est un personnage désespéré, flamboyant et fêlé, quelqu’un qui a tout et qui pourtant n’y arrive pas.

Un personnage de fiction à inviter à dîner ?

Il faudrait inviter Madame Bovary pour lui donner une seconde chance. Elle se trompe avec tellement de constance, il faudrait la secouer.

JOYEUSEMENT TRISTE

Entre pudeur et sincérité, entre mélancolie et drôlerie, Olivia de Lamberterie a réussi son pari. Celui de faire renaître entre les pages la figure de son frère disparu, celui aussi de percer les tabous qui obscurcissent la mort et particulièrement le suicide. Avec toutes mes sympathies (éd. Stock) est un roman vrai et vibrant qui apaise le cœur sans mentir à ses lecteurs : le deuil est inguérissable, mais les ressources de la vie sont infinies.

  • Avec toutes mes sympathies, Olivia de Lamberterie, Ed. Stock.

 

 

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