Charles: « À 11 ans, on m’a dit que je n’étais pas faite pour chanter »

Avec sa pop contemporaine aux guitares vrombissantes et à la mélancolie mélodique, Charles a trouvé sa voie et son public en trois années intenses. À 21 ans, la Brabançonne publie un 1er album à la fois sensible, percutant et plein de maturité. Par Isabelle Blandiaux. Photo (c) Stéphanie Goosse.

Charles, rock queen

Cheveux rouges, griffes assorties parées de bijoux et nombreux tatouages apparents : sous son style acéré, Charles est une fille posée, réfléchie, hypersensible, plutôt intravertie. Une fille de 21 ans qui doute aussi, malgré une victoire à The Voice Belgique, deux tubes majeurs (Wasted Time et Without You), 6 millions de streams pour son EP Falling While Rising sorti l’an dernier et des concerts mémorables en festival à Werchter, Spa ou Ronquières. En trois ans, sa vie a changé du tout au tout. Charlotte Foret s’est métamorphosée en Charles, une artiste incarnant le retour du rock au milieu des sonorités urbaines. Sur son 1er album, qui impose son univers et sa voix hors normes, toutes les chansons évoquent le changement. À commencer par les changements en elle-même, sur le morceau Until We Meet Again qui donne son titre au disque. « Cette chanson parle de mes gros moments de doute, de down, même si je suis quelqu’un de très positif, quand je me demande ce que je vais faire de ma vie. Elle est dure, pas très joyeuse, mais je l’adore. Parce que c’est grâce à mes moments de doute que j’écris et que j’ai pu créer cet album. J’ai des problèmes de confiance en moi depuis toujours. Et je travaille ça tous les mois avec un kinésiologue. Mais je vis de ma passion. Que rêver de mieux ? J’essaye d’en profiter au jour le jour, parce que je sais que j’ai une chance énorme. »

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Quand la musique est-elle entrée dans ta vie ?

Elle a toujours fait partie de moi. Ma maman me raconte que devant la Star Academy, je dansais sur ses genoux. En primaire, j’apprenais des chansons à mes copines dans la cour de récré et je faisais de la danse. Je rêvais de devenir une pop star à l’américaine. Vers 11 ans, j’ai passé une audition et on m’a dit que je n’étais pas faite pour chanter. Je me souviens que dans ma tête de petite fille, je n’étais pas du tout d’accord. Et je me suis mise à fond au chant. Cela m’a boostée plutôt que découragée. J’ai commencé à m’entraîner à la maison. J’en avais assez de chanter  sur des sites de karaoké, alors à 14 ans, j’ai demandé un clavier à mes parents. Je ne l’ai plus jamais lâché : plusieurs heures par jour, j’apprenais à en jouer seule. Je ne suis pas devenue une grande pianiste, mais je m’accompagne sur quelques morceaux et je compose au piano.

D’où vient ton influence rock ?

C’est au début de mon adolescence que j’ai commencé à écouter beaucoup de rock et ça forge une grande part de mon identité musicale. Je me mets très rarement en colère, mais le rock m’a aidée à m’extérioriser. Je m’y suis identifiée. Le grand frère d’une copine écoutait Nirvana quand j’étais en 6e primaire. Je n’avais jamais entendu ça de ma vie, c’était unique. De là, j’ai découvert d’autres groupes comme Arctic Monkeys, Muse, System of a Down...

Qu’est-ce que tu retiens de ton expérience à The Voice Belgique, dont tu as remporté la 8e édition en 2019 ?

The Voice a confirmé ma passion pour la musique et m’a donné beaucoup de confiance en moi. Mon coach, Matthew (Irons, leader de Puggy, NDLR), m’a bien expliqué que gagner, cela ne voulait pas dire devenir quelqu’un. Pour réussir, je devais travailler et donner le meilleur de moi-même. C’est rentré dans ma tête. Je me suis rendu compte que j’allais devoir dépasser mes peurs et mes propres barrières pour écrire mes chansons. Maintenant, je compose beaucoup et j’adore ça. The Voice a été un déclic pour plein de choses.

« Toute ma vie a changé. Et je comprends tout à fait que des gens ne puissent pas le comprendre. J’apprends à relativiser »

Didn’t Get to Say Goodbye parle du décès de ton grand-père, dont tu as pris le nom pour chanter. On comprend que tu as eu un lien fort avec lui.

On était super proches. Il a été la première personne à qui je tenais autant qui est décédée. C’était en 2016. C’était logique à mes yeux de l’emmener dans l’aventure avec moi, de prendre son nom pour lui rendre hommage. Je n’avais jamais réussi à écrire une chanson sur ce sujet-là. Je voulais que ce soit très simple et beau. C’était le bon moment : je l’ai rédigée et composée en deux heures.

Ta grand-mère te suit ?

Oui, elle a 85 ans et joue encore deux fois par semaine au tennis. Elle me dit qu’elle écoute mon album tous les jours. Elle va venir me voir au festival de Ronquières. Elle y est déjà venue l’an dernier, c’était son tout premier festival à... 84 ans. Un moment trop émouvant.

Parfois, réaliser son rêve s’accompagne aussi de casse. Tu as rompu avec ta meilleure amie et tu en as fait une chanson, As Good As Them...

Mon amie comme moi, on a beaucoup changé, toutes les deux, et on a emprunté des voies très différentes. Avec le métier que je fais, je remarque que certains comprennent et sont très heureux pour moi. Quand je les vois, on ne parle pas de ça, ce qui est trop cool parce que cela me permet de faire un réel break. Mais il y a aussi d’autres personnes qui n’ont pas supporté le fait que j’aie moins de temps pour moi, que je doive plus travailler, être seule, que j’aie besoin de plus d’introspection. Toute ma vie a changé. Et je comprends tout à fait que des gens ne puissent pas le comprendre. J’apprends à relativiser.

Tu es devenue adulte plus vite ?

Oui. À 21 ans, j’ai traversé des choses com- pliquées qui m’ont forcée à grandir vite. Je n’ai pas fait d’études, donc je suis sortie de rhéto et puis directement, j’ai fait de la musique, j’ai commencé à travailler, contrairement à mes amis qui étudient. J’ai acheté ma maison il y a un an, donc j’ai mon chez-moi. Il y a plein de trucs qui font que je suis obligée d’être adulte plus vite que les autres. Cela crée parfois un décalage. Après, je suis loin d’être seule. Mes parents m’aident énormément. Comme j’ai beaucoup de concerts, je ne suis pas souvent là, mais ma maman fait le ménage, mon papa repeint. C’est trop mignon. J’ai beaucoup de chance.

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