(c) Anneke D'Hollander

Témoignage: polyamoureux, Kelly et Thomas suivent un « règlement »

De la répartition des tâches aux sorties en « célibataire » : chaque relation a ses règles plus ou moins implicites. Mais les couples qui sortent des sentiers battus ont tout intérêt à opter pour des engagements clairement exprimés. Par Lisa Gabriëls, avec la collaboration de Laura Swysen.

Thomas (44 ans) et Kelly (34 ans) sont dans une relation polyamoureuse. Afin que chacun y trouve son compte, ils ont établi un ensemble de règles qu’ils respectent tous les deux. Mais ils préfèrent parler de « lignes directrices » : il n’y a pas de système de punition en cas d’écart !

Dessiner un cadre

Kelly : « Thomas et moi avions déjà été ensemble, mais c’était une relation polyamoureuse complètement désorganisée. Il y avait trop de non-dits et cela a mal tourné. Lorsque nous avons décidé de nous remettre en couple, nous avons vite compris que nous devions accorder nos violons. Un jour, au beau milieu d’un pique-nique ensoleillé dans le parc, j’ai ouvert l’application Note sur mon smartphone et nous avons écrit une série de “règles”. »

Thomas : « Comme on se connaissait déjà très bien, nous savions ce qui comptait pour l’autre. Cette liste constitue un cadre. Je préfère parler de garde-fou plutôt que de code de conduite. On ne reçoit pas d’amende en cas d’erreur, mais on fait tout pour ne pas foncer dans le ravin. Si quelque chose nous bloque, on peut toujours en rediscuter. »

Kelly : « La première règle, et la plus importante : être toujours ouvert et honnête. Mieux vaut en dire trop que pas assez. C’est une leçon que nous avons tirée de notre première relation. Ça ne convient peut-être pas à tout le monde, mais ça fonctionne pour nous. Est-ce que c’est chouette de tout se dire et de tout entendre ? Pas forcément, mais nous avons créé un espace où être pleinement honnête. C’est parfois difficile, mais nous savons que sur le long terme, cela nous rassure. »

Thomas : « Nous avons aussi des règles pour protéger notre propre relation. Les vacances avec d’autres personnes sont autorisées, à condition que nous partions également en vacances ensemble, par exemple. Dans le même ordre d’idées, le nombre d’amants extérieurs n’est pas limité, tant que notre propre relation n’en souffre pas. Nous devons aussi toujours nous sentir épanouis dans notre relation et ne pas chercher le bonheur ailleurs. En tant que polyamoureux, on peut aimer beaucoup de gens, mais nos semaines ne comprennent que 7 journées de 24 heures. Nous voulons des relations qualitatives, pas quantitatives. »

Nous présentons notre nouveau partenaire à l’autre dès que possible. Ne pas savoir me perturberait plus

Kelly : « Une ligne directrice que les monogames ont du mal à comprendre : présenter son nouveau partenaire à l’autre dès que possible. Enfin, j’ajoute une nuance, cela vaut si et seulement si tout le monde se sent à l’aise avec cette idée, ça ne doit pas être un défilé ! (Rires.) Ce n’est pas évident, mais ne pas savoir me perturberait plus. Parfois, je me permets de dire à Thomas que je trouve une de ses partenaires vraiment mignonne ou qu’elle a de très jolis yeux. Je parviens à exprimer mes incertitudes et on en parle ouvertement. Cela fait disparaître mes doutes en un éclair. »

Un quotidien pas si différent

Thomas : « Il ne faut pas non plus sortir avec n’importe qui. Fréquenter des membres de la famille ou des amis ne nous semble pas une bonne idée. Nous avons établi d’autres règles, comme celle de ne pas entretenir de relation avec des profils monogames ou des personnes qui souhaitent avoir bientôt un enfant. Il y a une bonne raison à cela : j’ai déjà deux enfants, un né d’un don et un autre que j’ai reconnu. Là aussi, il y a un certain nombre des règles et cela fonctionne très bien. »

Kelly : « Je connais les deux mères et les deux enfants. Au début, c’était compliqué à gérer, mais maintenant, tout se passe très bien. Toutes les personnes concernées vivent très bien cette situation. Le monde extérieur fronce parfois les sourcils en entendant notre histoire, mais à nous, ça nous convient. »

Thomas : « J’ai établi un véritable contrat avec la mère de mon enfant né d’un don : “Toi et moi, nous allons avoir un enfant, mais il s’agit de ton enfant. Voici ce que j’accepte et ce que je refuse de faire.” Nous en avons longuement discuté et tout se déroule à merveille. Il existe également des règles et des attentes claires concernant l’enfant que j’ai reconnu. De nombreuses relations traditionnelles n’ont pas établi de cadre au préalable, ce qui peut causer beaucoup de peine et de problèmes en cas de rupture. Parce que nous faisons des choix atypiques, nous devons fixer ce cadre à l’avance et je trouve que cela permet de rassurer toutes les parties impliquées. »

Kelly : « Il y a aussi des règles typiques dans le polyamour. Comme toujours avoir des rapports protégés. Ou se faire dépister chaque année. N’allez pas imaginer des orgies, nous avons une vie plutôt tranquille, vous savez. (Rires.) »

Thomas : « Nous venons d’emménager ensemble, ce qui implique qu’il va falloir ajouter quelques règles. Quelqu’un peut-il venir à la maison quand l’autre n’est pas là ? Comment s’assurer que nous passions suffisamment de temps ensemble et que notre relation ne tourne pas uniquement autour de la vaisselle et des courses ? J’ai hâte d’avoir ces conversations, elles vont approfondir notre relation. »

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