Violence verbale ou physique: pourquoi l’amour rend-il aveugle?

Dans les cas médiatisés d’agressions sexuelles, le soutien presque systématique des compagnes des hommes accusés laisse perplexe. Vérité trop dure à accepter ? Peur de voir sa vie voler en éclats ? D’après un texte de Florence Hainaut.

Nous avons toutes au moins une amie à qui on ne sait pas très bien comment dire qu’elle se voile la face. Qui nie, minimise ou accepte ce qui nous semble, de l’extérieur, inadmissible. Nous avons néanmoins cherché à comprendre les mécanismes qui peuvent expliquer des prises de position parfois difficilement compréhensibles pour le grand public. Il ne s’agit pas ici de déresponsabiliser ces femmes, de nier leur capacité de jugement et d’analyse. Et encore moins de les blâmer. Il s’agit d’essayer de comprendre. Parce que ce que le mouvement #metoo nous a montré, c’est qu’aucune classe sociale, aucune profession, aucun pays du monde n’échappe au phénomène des violences sexistes et sexuelles.

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INCAPABLE DE PARTIR ?

Le fameux dicton populaire a une explication tout à fait scientifique. Des chercheurs britanniques en neuropsychologie ont déterminé les zones du cerveau qui s’activent quand une personne est amoureuse. Il s’avère que ce sont exactement les mêmes qui entrent en ébullition que lors de la prise de drogue. L’étude montre également qu’en parallèle de ces zones activées, le sentiment amoureux en anesthésie d’autres. En l’occurrence, trois régions du cerveau liées aux émotions négatives, à la peur, à l’agressivité et au jugement critique. Dit autrement, et de manière un peu caricaturale, l’amour a un effet narcotique puissant et nous rend peu apte à poser des jugements rationnels.

« Si l’attachement que l’on ressent pour quelqu’un peut altérer le discernement, la crainte peut empêcher d’agir comme on le voudrait. La crainte de voir s’écrouler ce pour quoi on a travaillé toute sa vie. »

« Il y a un calcul coût / bénéfice dans toute décision que l’on prend, et de l’extérieur, ça peut sembler incompréhensible », explique Françoise Leroux, psychologue thérapeute systémicienne. Le processus mental qui consiste à créer une colonne d’arguments « pour » et « contre » est partiellement inconscient.

NIER POUR SE PROTÉGER

« S’il y a des femmes qui acceptent — pas toujours de bon cœur — que leur partenaire soit infidèle, d’autres refusent de le voir, analyse Françoise Leroux. Par confiance, attachement, amour. « Il existe toute une série de mécanismes de protection qui font que l’on a une tache aveugle sur ce qui se passe réellement », explique la psychologue. Ne pas voir, ne pas savoir, c’est ne pas souffrir.  C’est alors son cerveau qui prend le relais et met en place des portes de sortie. « C’est tellement insupportable qu’on se protège en se disant que c’est faux. »

SOURIEZ, VOUS ÊTES FILMÉES

La dimension publique de l’humiliation est également un facteur qui pèse. Pas (seulement) parce qu’il est considéré comme humiliant d’être la femme flouée, mais parce que harceler ou agresser des femmes, c’est une transgression d’un contrat moral lié à l’intimité. La publicité qui est faite de cette transgression est forcément difficile à vivre pour la compagne de l’agresseur. Vouloir sauver la face — en niant ou en minimisant les faits — peut être une façon de s’en sortir d’une manière que l’on estime digne.

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