Reconversion temporaire: la bonne idée d’Hilko pour survivre à la crise

Le lockdown a bien failli avoir la peau de nombreux business. Après un moment de désarroi, Hilko a fait preuve d’imagination pour relever ce nouveau défi.

Hilko Nackaers (47 ans) est luthier, spécialisé en guitares. Lorsque tout le secteur culturel a été mis à l’arrêt, il s’est lancé dans... la fabrication de sauces barbecue épicées. Retour sur cette reconversion hors du commun.

« L’été 2020 allait être le meilleur de toute ma carrière »

« Enfant, rien ne m’intéressait. Jusqu’au jour où j’ai découvert le métier de luthier. J’avais trouvé ma voie et pour la première fois, j’adorais l’école. Malgré ça, j’ai arrêté mes études en dernière année, quand des musiciens belges m’ont proposé de les accompagner en tournée. Après plusieurs expériences concluantes, j’ai même pu suivre des groupes internationaux, dont The Simple Minds. Bichonner les guitares des musiciens, c’est un métier qui me colle à la peau et que j’exerce depuis de longues années. En temps normal, je passe huit à neuf mois par an sur la route : une vie excitante et variée. L’été 2020 allait être le meilleur de toute ma carrière puisqu’on m’avait booké pour une tournée entière avec le guitariste de Earth, Wind & Fire. Mais tout cela est évidemment tombé à l’eau. J’ai rapidement senti que les choses mettraient longtemps à rentrer dans l’ordre. Un tel virus ne disparaît pas en quelques semaines.

« Pour m’occuper, j’ai recommencé à cuisiner en me replongeant dans une autre de mes passions : la fabrication de sauces épicées. »

Heureusement, j’avais encore une petite réserve financière, mais pas suffisamment pour pouvoir attendre que les tournées redémarrent. J’étais donc là, à la maison, avec beaucoup de temps devant moi. Pour m’occuper, j’ai recommencé à cuisiner en me replongeant dans une autre de mes passions : la fabrication de sauces épicées. Ma fascination pour les sauces piquantes a commencé dans les années 90, lorsque j’ai parcouru le Sud des États-Unis avec des groupes de rock. Là-bas, j’ai découvert des restaurants de barbecue fantastiques, où ils servent ces fameuses sauces épicées. En Belgique, nous ne connaissons que le tabasco, une variante fade et simpliste de ce classique américain. C’est pour cette raison que j’aime tant faire mes sauces moi-même. Je les emmène d’ailleurs toujours en tournée. Sur la route, la restauration est rarement exceptionnelle. J’ai donc pris l’habitude d’ajouter quelques gouttes de ma propre sauce sur mes plats, histoire de les pimenter d’une touche relevée et créative. Au bout d’une tournée, les musiciens sont généralement accros à mes recettes.

« J’ai décidé de donner une chance à ce business. »

J’adore la street food, un créneau à gros potentiel selon moi. J’avais l’intention de développer ce projet de manière professionnelle depuis un certain temps. Il y a sept ans, juste pour le fun, je me suis inscrit avec des amis au championnat de Belgique de BBQ. Dans cette compétition, nous faisions figure d’amateurs, mais c’est nous qui avons remporté le premier prix dans la catégorie « bœuf » ! J’avais utilisé ma propre marinade à base de sel épicé. Elle a fait un carton. Dans la foulée, j’ai été interviewé par une chaîne de radio. Lors de cet entretien, le journaliste m’a demandé où j’avais acheté ma viande. J’ai mentionné le nom du boucher. Bingo, il écoutait justement la radio. Quelques jours plus tard, il m’a contacté pour vendre mon sel épicé dans son magasin. Mais à ce moment-là de ma vie, je n’avais absolument pas le temps de m’engager dans un tel projet professionnel. Cet été, en plein confinement, je me suis souvenu de cette conversation avec le boucher et j’ai décidé de donner une chance à ce business.

 

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La création de ma start-up a pris deux mois et demi, le temps de remplir les bouteilles, concevoir des étiquettes, affiner les sauces et m’occuper du volet administratif de l’entreprise. J’ai aussi dû me mettre en ordre par rapport à l’Agence fédérale pour le contrôle de la sécurité alimentaire (AFSCA) : un défi de taille, mais je l’ai relevé et gagné. Je loue maintenant une cuisine professionnelle où je produis mes sauces. Mon petit business est un vrai one-man- show : je fais tout moi-même. Même les relations avec la presse, le site web et la compta. Depuis le lancement, les choses progressent à leur rythme. Je produis de la sauce BBQ, mais aussi une autre, très épicée, présentée dans un flacon compte-gouttes, et mon fameux sel. Je fais en sorte que mes sauces soient aussi fraîches que possible. J’ai passé beaucoup de temps à chercher le bon vinaigre de vin blanc italien à ajouter à ma recette. L’été, j’ai travaillé comme cuisinier dans le restaurant d’amis. C’est là que j’ai rencontré le chef d’un autre restaurant, qui utilise aujourd’hui l’une de mes sauces pour aromatiser son steak tartare. Pour moi, c’est une consécration. En marge de cette collaboration, je vends mes produits en ligne sur mon e-shop. Je ne peux pas encore vraiment vivre de cette activité, mais j’ai la chance d’avoir une compagne qui travaille à mi-temps. Quant à moi, je bénéficie du droit passerelle. Et des petits extras me permettent de joindre les deux bouts. »

Découvrez ce dossier en intégralité dans le GAEL de janvier, disponible en librairie.

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