« Mon premier Noël sans toi », le témoignage poignant d’Alix

Au début de l’année Alix (28 ans) a perdu son père d’un cancer du poumon après un combat court, mais intense. Avec son compagnon Simon, elle a emménagé dans le bel appartement dont il avait, en tant qu’architecte d’intérieur, fait l’oeuvre de sa vie.

Alix : « La maladie de papa est allée très vite. Il a été diagnostiqué en décembre dernier et au début, les médecins parlaient encore d’années devant lui. Hélas, on a bientôt compris qu’on compterait plutôt en mois. Assez vite, ma sœur et moi avons dû réfléchir à ce que nous allions faire de son appartement. Dans un premier temps, nous avons pensé le vendre, mais cela nous fendait le cœur car c’est un lieu très particulier, dans lequel papa s’est énormément investi. Mon petit ami et moi vivions déjà ensemble depuis nos études dans une maison entièrement meublée par papa, mais un soir, j’ai clairement ressenti que son appartement était l’endroit où je voulais vivre quand il ne serait plus là. »

Simon : « Pour l’ameublement, le papa d’Alix a donné libre cours à ses envies. Il en a fait un lieu très personnel et chaleureux ; l’élégante longue table du salon et les armoires encastrées sont très représentatives de son style. L’intérieur en bois brut — pour lequel il a fait tailler une vingtaine de peupliers — est très atypique et audacieux. »

« Parfois, j’ai l’impression qu’il pourrait débarquer et prendre place à table. C’est douloureux et beau à la fois »

Alix : « Même si nous avons fait de cet appartement le nôtre, cet aménagement si particulier rend la présence de papa très tangible. Surtout quand on cuisine. Papa était un vrai gourmet : bien manger, en bonne compagnie et avec un bon verre de vin, c’était très important pour lui. On perpétue fidèlement la tradition (rires) ! Parfois, j’ai l’impression qu’il pourrait débarquer et prendre place à table. C’est douloureux et beau à la fois. Plus précieux encore que de pouvoir vivre ici, ce sont les éléments de sa vie dont nous avons hérité dans la foulée. Nous mangeons parfois chez les mêmes voisins, faisons la file aux caisses des mêmes magasins et marchons dans les rues qu’il empruntait si souvent. Nous gardons ainsi toujours en nous une part de lui. »

Simon : « Le plus difficile a sans doute été de trouver les bons ajustements pour que cela devienne véritablement notre chez-nous, comme d’ailleurs le père d’Alix le souhaitait. En plus d’être architecte d’intérieur et designer de meubles, c’était aussi un artiste. Sa maison était jonchée de dessins et de croquis. On les a rassemblés et stockés tous ensemble comme une sorte d’œuvre complète. Avec un des voisins, ils avaient commencé à sélectionner ses œuvres préférées pour en faire un livre. On aimerait terminer ce projet pour lui, à titre posthume. »

« Désormais, il me faut faire confiance à ce qu’il m’a appris, qui est ancré en moi, au fait que je sais prendre ces décisions moi-même »

Alix : « Il y avait aussi près de 70 tableaux d’une tante accrochés aux murs du salon. Nous les avons également enlevés, non sans avoir préalablement photographié méticuleusement chaque partie afin de pouvoir — si jamais nous le voulions — tout restaurer à l’identique. C’est dans ces moments que papa me manque le plus : il m’a beaucoup appris sur l’esthétique et l’art. Je l’appelais chaque fois que j’avais un doute sur une de mes photos ou un projet (Alix est photographe, NDLR). Nos visions artistiques étant proches, il pouvait m’aider à prendre des décisions en un rien de temps. Désormais, il me faut faire confiance à ce qu’il m’a appris, qui est ancré en moi, au fait que je sais prendre ces décisions moi-même. »

Simon : « Avec la fin de l’année qui approche, son absence devient encore plus perceptible. Nous fêterons probablement Noël comme l’année dernière, avec le même cercle intime, dans cet appartement. »

Alix : « Cette fois, on fêtera le Nouvel An en compagnie d’un nouveau petit-fils de papa : ma sœur a eu un deuxième enfant en octobre. Pour le reste, on en fait une tradition : on cuisinera exactement le même repas que papa et on trinquera à la vie qu’il savait si bien savourer. »

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