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Le jeûne intermittent est-il dangereux pour la santé?

De plus en plus de Belges se tournent vers le jeûne intermittent en vue de perdre du poids. Mais le jeûne intermittent est-il dangereux pour la santé? Anaïs Lecocq, diététicienne et Delphine Blondel, licenciée en santé publique et psychonutritionniste répondent à nos questions.  

Le jeûne intermittent repose sur l’alternance de périodes de prise alimentaire et de jeûne. Il existe différentes méthodes, dont la plus connue est le modèle 16/8, où l’on jeûne pendant 16 heures et mange durant les 8 heures restantes. Si le jeûne intermittent est utilisé de façon adéquate, il peut présenter de nombreux bienfaits pour le corps. Très tendance et de plus en plus suivi par les Belges, le jeûne intermittent ne doit cependant pas être pris à la légère. Peut-il s’avérer dangereux pour la santé? Deux expertes répondent à nos questions!

Existe-t-il des risques liés à la pratique du jeûne intermittent ?

Delphine Blondel : « Tout peut mener à des dérives. Certaines personnes vont faire les choses de manière extrême: ils vont cumuler jeûne intermittent et régime cétogène. Au lieu de faire du 16-8, ils vont jeûner pendant 20h, et ils vont le faire plusieurs jours d’affilée. Comme il y a beaucoup de femmes qui ont des petits dérèglements de la thyroïde, ça peut déclencher de réels problèmes thyroïdiens. Comme dans tous, il y a des extrémistes. »

Si il est mal pratiqué et non encadré, comme c’est souvent le cas, le jeûne intermittent peut avoir des dangers et des conséquences préjudiciable pour notre santé physique/hormonale/mentale

Anaïs Lecocq



Anais Lecocq: « Si il est mal pratiqué et non encadré, comme c’est souvent le cas, le jeûne intermittent peut avoir des dangers et des conséquences préjudiciable pour notre santé physique/hormonale/mentale,… Néanmoins, si c’est encadré par un professionnel de la santé qui est conscient de l’ensemble des effets et si, la personne se sent réellement mieux avec cette pratique et que ça lui donne une santé, un poids, un dynamisme, un bon sommeil, etc. alors pourquoi pas. Lors de mes consultations, je ne le recommande pas à mes patients, car ils souffrent souvent de troubles des comportements alimentaires, d’hypothyroïdie, de déséquilibres hormonaux divers, de stress, de fatigue voir d’épuisement. Je ne trouve donc pas cette pratique pertinente dans ce cadre. »

Y a-t-il des symptômes qui exigent un arrêt immédiat du jeûne intermittent ?

Delphine Blondel : « Si on fait quelque chose et que l’on se sent plus mal que si on ne le fait pas, c’est que ça ne nous convient pas. Ça me parait évident. Comme moi, je vois le jeûne intermittent comme un outil au service de la santé, si on ne se sent pas mieux, c’est qu’il faut arrêter, cette pratique ne nous convient pas. Il faut rechercher autre chose, un autre mode d’alimentation qui convient à la personne, à son travail, ses horaires, etc. »

Quels sont les facteurs à prendre en compte avant de se lancer dans le jeûne intermittent, avez-vous des conseils ?

Delphine Blondel : « D’abord voir si on travaille de jour ou de nuit, ça, c’est vraiment important parce que c’est plus compliqué de pratiquer le jeûne intermittent quand on a du travail de nuit. Ce n’est pas impossible, mais ça se réfléchit davantage. Il faut commencer par se poser ces questions quand on mange : est-ce que je mange parce que j’ai faim ? Est-ce que je mange parce qu’il est juste 7h et que je dois partir ? Est-ce que je suis vraiment connectée à mon corps, à mes sensations de faim ? Il faut voir si on ne peut pas réduire cette fenêtre alimentaire. La fenêtre alimentaire, c’est la durée pendant laquelle on s’alimente. Si, par exemple, on mange à 7h par habitude, on peut peut-être voir si c’est possible de décaler ce repas à 8 h pour commencer. Juste décaler d’une heure et y aller progressivement. En fait, ce qui bloque le plus les gens, c’est la peur d’avoir faim. C’est une peur normale. Donc, si on y va progressivement et qu’on écoute son corps, il n’y a pas de danger. »

Anais Lecocq: Je dirais déjà savoir si on a des troubles des comportements alimentaires ou pas. Voir si on a véritablement besoin d’un jeûne intermittent ou pas, est-ce qu’on est en forme ou est-ce qu’on ne l’est pas. Si on est assez fatigué, si on est en épuisement, si on est en burn-out, ça ne me semble pas être une très bonne idée. Chez les patients qui ont des problèmes de thyroïde aussi, moi, je ne le recommande pas spécialement. Au niveau de la gestion de la glycémie, personnellement, je n’en suis pas fan. Au niveau hormonal, ce n’est pas le plan de l’année. Quelqu’un qui est sain, qui n’a pas de souci de poids, qui n’a pas de problème de comportements alimentaires, qui mange équilibré de manière générale, s’il teste le jeûne intermittent en connaissant ces besoins et qu’il se sent mieux avec ça, qu’il continue. Mais nous recevons souvent des gens qui ont des troubles du comportement alimentaire, des désordres hormonaux ou digestifs derrière, à qui je ne recommanderai pas de pratiquer le jeûne intermittent. »

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