Cancer du sein: courir pour guérir
Dans la lutte contre le cancer du sein, bouger change positivement la donne. Et l’énergie dépensée favorisera aussi bien la prévention que les chances de guérison. Claudia, 48 ans, témoigne.
Courir pour guérir: pourquoi?
Nous vous le disions déjà ici, et ce mois d’octobre de sensibilisation est plus que jamais l’occasion de le rappeler: le cancer du sein est le plus fréquent chez les femmes. 25 % des femmes touchées ne survivent pas à la maladie. Ces dernières années, les méthodes de traitement et la recherche ont énormément évolué. Et la preuve de l’importance de l’activité physique dans ce domaine a été apportée.
REVALIDATION, SPORT INCLUS
Désormais, il existe même un arrêté royal et une loi qui obligent les cliniques à proposer aux patientes qui souffrent d’un cancer du sein un programme de revalidation avec un plan d’entraînement adapté, sous la supervision d’un physiothérapeute. « Nous nous sommes battus pour ça », nous dit Birgit Carly, chirurgienne mammaire à la Clinique du sein – Centre de prévention Isala de l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles. « Bouger plus, consommer moins d’alcool et maîtriser son poids, tout cela permet de diminuer de 30 % le risque de développer un cancer du sein (...) Bouger une heure, trois fois par semaine, peut déjà faire beaucoup au niveau de la prévention. »
BON POUR LE CORPS ET POUR LE MENTAL
Quand on bouge, la tension artérielle baisse et l’absorption d’oxygène augmente. On ressent moins la douleur, l’angoisse diminue et on dort mieux. Dans le cas du cancer du sein hormonodépendant, on constate une réduction de la production d’œstrogènes, ce qui est justement l’effet recherché dans le traitement. Et puis, le sport fait brûler plus de graisses et booste le système immunitaire. L’activité physique peut même freiner le développement de métastases…
LES CHIFFRES
- En Europe, 1 femme sur 8 développe un cancer du sein avant l’âge de 85 ans.
- On réduit de 30 % le risque de cancer du sein en bougeant régulièrement, en consommant peu d’alcool et en gardant un poids normal.
- 25 à 30 % des cancers du sein pourraient être prévenus par un style de vie sain.
- Le risque de succomber au cancer du sein diminue de 18 % si la personne pratique déjà une activité physique avant le diagnostic.
- Une pratique sportive après le diagnostic du cancer du sein et pendant le traitement entraîne une diminution de 34 % de la mortalité liée à ce cancer.
- Le risque de récidive diminue de 24 % quand on pratique une activité physique pendant et après le traitement.
- 10 000 pas par jour améliorent votre santé de façon significative.
Le témoignage de Claudia, 48 ans
Le projet TriaGo! (Université d’Anvers) étudie l’effet du sport d’endurance sur le bien-être et la condition physique d’ex-malades du cancer du sein. Il est soutenu par Think Pink. Douze anciennes patientes s’entraînent pendant neuf mois pour un quart triathlon: 1 km de natation, 44 km à vélo et 10 km de course à pied. Fameux programme pour quelqu’un qui sort d’une telle maladie.
Claudia (48 ans) a eu un cancer du sein et participe au projet:
«J’avais le sentiment d’en avoir besoin. Il me fallait un défi, un truc à faire, un objectif.» Le diagnostic de Claudia est tombé en janvier 2014. Un coup particulièrement dur pour cette avocate, maman de trois jeunes enfants. «Les premières semaines ont été un cauchemar. La petite boule, la mammographie, la biopsie, d’autres examens, l’incertitude. Le jour de la Saint-Valentin, j’ai subi une chirurgie mammaire conservatrice, suivie de quatre chimios et d’un mois de rayons. Un parcours moins lourd que celui subi par certaines, mais je me sentais tout de même atteinte dans mon corps. Je me suis retrouvée épuisée et je souffrais de plusieurs effets secondaires. Je n’étais pas vraiment sportive avant mon cancer du sein, mais j’ai un tempérament assez compétitif et j’avais la sensation d’avoir perdu toute ma force et ma combativité. Quand j’ai entendu parler du projet, j’ai hésité, mais un ex-collègue m’a convaincue. Il avait aussi eu un cancer et, selon lui, c’était une opportunité unique. Et je dois dire qu’il avait raison!
« à mon grand étonnement, je me suis vue dépasser mes limites. »
Nous avons commencé en douceur: un peu de marche, un peu de course, de vélo, de natation. Mais assez rapidement, le rythme s’est accru et à mon grand étonnement, je me suis vue dépasser mes limites. J’ai appris à nager le crawl, c’est génial! Je n’avais jamais été sur un vélo de course et ça a été une révélation. Tout le monde disait que j’étais folle. J’avais déjà fait mes preuves en me battant contre la maladie, non? Mais là n’est pas la question. Je me sens tellement mieux et plus en forme qu’avant. Une des femmes de notre équipe a connu une récidive, elle a dû subir une opération. Eh bien, elle est revenue très vite aux entraînements, justement grâce à la condition physique acquise ici. Et c’est ce que je ressens aussi: mon corps est fort, il est capable de quelque chose. L’effet mental est peut-être même encore plus grand. Quand on a vu la mort d’aussi près, qu’on est passée par de telles montagnes russes émotionnelles, quand le traitement est terminé, on a forcément un contrecoup.
« Quand l’une est dans une mauvaise passe, une autre la soutient. »
Il y a les jours où on tombe dans un trou noir, on se sent nulle, on remet tout en question. Dans ces moments, s’entraîner avec des femmes qui ont vécu la même chose, c’est un soutien inestimable. Quand l’une est dans une mauvaise passe, une autre la soutient. Les efforts fournis ensemble, l’euphorie à chaque épreuve surmontée, tout cela soude notre groupe. Nous sommes tellement heureuses et fières de ce que nous avons réalisé! Ce projet a été un cadeau pour moi, à plusieurs points de vue.»
Retrouvez l’article complet et d’autres témoignages, dont celui de BJ Scott, marraine de Pink Ribbon, dans le GAEL du mois de novembre, disponible en librairie dès maintenant.
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