Roméo chez Max Mara ou Black Mirror sur du velours 

Au début des années 50, la ville de Reggio Emilia, entre Parme et Modène, voyait s’ouvrir les portes de la première manufacture de prêt-à-porter en Europe, Max Mara. En 2003, l’activité de la prestigieuse marque fondée par Achille Maramotti ayant déménagé vers une autre partie de la ville, les anciens bâtiments se sont réinventés pour accueillir la collection d’art de leur créateur. PAR NICKY DEPASSE.

La Collezione Maramotti, c’est une jolie étape de villégiature transalpine entre Milan et Florence, dans une ville déjà riche de beautés du passé, pour y admirer plus de 200 oeuvres contemporaines dans une scénographie lumineuse exposant sur plusieurs étages. Une collection permanente de toiles et sculptures couvrant la période d’après-guerre jusqu’à aujourd’hui et qui se trouve constamment rehaussée par des expositions d’artistes comme celle de Roméo Mivekannin. Ce Franco-Béninois établi à Toulouse qui, ces dernières années, expose dans le monde entier, fait avec cette série de peintures sur velours, une entrée thématique dans le paysage artistique italien. Ses références aux toiles de maîtres de la Renaissance et aux souvenirs de l’activité grouillante de cette ancienne manufacture sont bluffantes de génie. 

Comment vous êtes-vous retrouvé ici, à Reggio Emilia ? 

Lors d’un solo show organisé par Cécile Fakhoury, galériste à Paris, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, j’ai rencontré la famille Maramotti qui est ensuite venue visiter mon atelier à Toulouse. Leur invitation à venir voir la Collezione à Reggio Emilia, qui est très riche, m’a aussi permis de découvrir la ville ainsi que d’autres dans la région comme Modène, Ravenne, Bologne, qui n’ont pas manqué de m’inspirer. 

Pourquoi ces références dans les oeuvres exposées au Caravage, à Ribeira ? 

Quand je suis venu visiter les oeuvres de la Collezione pour m’y inscrire, j’ai eu peur de tomber dans quelque chose de superficiel. Je me suis alors dit que je devais saisir ces bras tendus par l’Italie, me demander pourquoi je me sentais Italien en tant qu’artiste. Je suis donc allé naturellement vers le Caravage car j’avais déjà travaillé sur cet artiste qui, à son époque, se questionnait sur son actualité. Sans doute est-ce la raison pour laquelle il inspire encore les artistes d’aujourd’hui. 

Parmi toutes les villes où vous avez exposé, quelle est l’expérience qui vous laisse le meilleur souvenir ? 

Ce n’est pas parce que vous êtes Belge mais j’expose actuellement aux Beaux-Arts à Bruxelles, où j’avais déjà vu une exposition d’Antoni Tàpies. Et me retrouver dans le même espace que ses oeuvres, m’avait donné l’impression d’une conversation privilégiée avec lui. Ça m’a marqué. J’adore les Beaux-Arts, je les visite chaque fois que je suis à Bruxelles. J’avais déjà exposé à Bruxelles mais au Musée d’art africain de Tervuren qui est un endroit très spécial, chargé. Or ce que j’aime, ce sont les pas de côté. Je préfère me retrouver dans un endroit où on ne m’attend pas, où je peux rencontrer des gens que je ne croiserai pas en sortant de chez moi. Pour moi, toutes les expositions se valent du moment qu’elles ont pu créer un dialogue. A partir du moment où deux personnes s’arrêtent pour se parler, j’ai réussi. 

On vous conseille donc si vous êtes de passage dans le nord de l’Italie, de visiter la Collezione Maramotti et de visiter la ville de Reggio Emilia. Et si vous passez devant la vitrine de la boutique Max Mara, ne manquez pas le restaurant situé dans la cour à l’arrière pour y déguster cette cuisine locale raffinée qui vous permettra peut-être, sans doute, de faire des rencontres, parler avec des gens, de la beauté de l’art. 

  • BLACK MIRROR, ROMÉO MIVEKANNIN, JUSQU’AU 27 JUILLET 2025, COLLEZIONE MARAMOTTI, 66, VIA FRATELLI CERVI, 42124 REGGIO EMILIA, ITALIE 

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