Rochehaut: la réussite d’un village perdu de la Semois
Rochehaut, perché sur les hauteurs de la Semois en Ardenne belge, était autrefois un hameau agricole discret. Aujourd’hui, il attire des milliers de visiteurs grâce à ses hôtels, restaurants, boutiques et activités. Par Nicky Depasse.
Au coeur de cette évolution, la famille Boreux raconte son parcours dans un livre qui explique comment une région condamnée à perdre sa population a trouvé un nouveau souffle, profitant de l’explosion du tourisme, des parcours gastronomiques et de la préservation de nos espaces naturels.
Les racines d’une auberge à la ferme
En 1975, les grands-parents Boreux ouvrent, un peu par hasard, une petite auberge dans leur ferme pour accueillir des voyageurs. L’idée est nouvelle : combiner agriculture et accueil. Leur fils Michel et sa femme Patricia, le couple au centre de l’histoire, ont repris le flambeau du gîte dans les années 1990 et fusionnent leurs expériences pour développer l’affaire. Trois générations se succèdent, passant de la culture des champs à l’hôtellerie sans oublier les racines. Le village compte désormais plusieurs hôtels, gîtes et restaurants gérés par la famille.
De la ferme au haut lieu du tourisme
Si les Boreux réorientent les revenus agricoles vers le tourisme, c’est parce que Rochehaut s’y prête : sa position offre une vue spectaculaire sur la vallée de la Semois et le hameau de Frahan, classé parmi les plus beaux de Wallonie. Ils créent un parc animalier, une brasserie artisanale et un agri-musée. En 2025, pour les 50 ans de l’auberge, la famille célèbre cette réussite familiale. Le terroir belge y est roi : bières locales brassées sur place, produits de la ferme en cuisine, randonnées dans les bois ardennais.
L’empreinte familiale sur un village aux origines lointaines
Rochehaut apparaît dans les textes dès le XIIe siècle, comme fief des seigneurs de Bouillon. Le livre détaille les traces romaines dans la vallée de la Semois, les fortifications du Moyen Âge et les droits seigneuriaux. Des chapitres sur l’époque carolingienne montrent comment le village, perché sur son éperon rocheux, servait de point de guet. Un ancrage pour Rochehaut dans l’histoire belge, avec Godefroid de Bouillon et les croisades.
Les grandes familles qui ont modelé le village
Au-delà des Boreux, l’ouvrage met en lumière d’autres lignées du village. La famille Barthélemy, dont descend Patricia Boreux, est centrale : son grand-père, bourgmestre de 1940 à 1960, gérait l’Hôtel Barthélemy, étape pour les voyageurs en calèche depuis la gare de Carlsbourg. Avant la guerre, les Barthélemy accueillent déjà les premiers touristes. Le livre évoque aussi les familles agricoles comme les Van der Linden ou les Dumont, qui cultivaient les terres et organisaient les fêtes villageoises. Ces portraits montrent comment ces clans ont transmis savoirs et biens, formant le tissu social de Rochehaut.
Le tourisme naissant après 1945
L’après-guerre marque un tournant. Dans les années 1950, les Ardennes attirent les citadins de Liège et Bruxelles, fuyant la reconstruction industrielle. Rochehaut profite de sa vue sur la Semois et de ses sentiers de randonnée. Les hôtels familiaux émergent, boostés par l’arrivée de l’automobile. Patricia Boreux y voit les prémices de leur projet : en 1975, ses beaux-parents transforment la ferme en auberge, captant ce flux touristique. Des anecdotes sur les premiers kayaks et les dîners au coin du feu illustrent cette transition, où le terroir belge avec son jambon d’Ardenne, et ses fromages locaux, devient un atout. L’envie de fouiller le passé en marchant sur les chemins de Rochehaut vous prend. Il révèle pourquoi ce coin d’Ardenne reste authentique, loin du tourisme de masse.
Rochehaut séduit par sa simplicité ardennaise, à quelques kilomètres de Bouillon, son château médiéval et l’Archéoscope Godefroid et, un peu plus loin, de la forteresse de Sedan et ses attractions. Un invitation à descendre la Semois en kayak ou grimper les Échelles de Rochehaut, une incroyable randonnée pour une vue panoramique vertigineuse. Les hôtels offrant des chambres calmes, avec des feux ouverts pour les soirées d’automne après être allé écouter le brame du cerf, c’est l’endroit idéal pour un week-end déconnecté, en famille, entre amis ou en couple. Le miracle touristique n’est pas l’apanage du grand voisin français. Laissez Rochehaut vous envelopper de son rythme lent.
- ROCHEHAUT, L’HISTOIRE D’UN VILLAGE, L’EMPREINTE D’UNE FAMILLE, PATRICIA & MICHEL BOREUX, PASCAL WILLEMS, 360P., Ed. Rochehaut.
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