Justine Henin: “vivre de regrets n’est pas dans ma nature”
Petite fille, Justine Henin rêvait grand. Trop grand ? Pas pour qui sait que l’on prend plus de risques à ne pas oser. Par Laura Swysen. Photo Laetizia Bazzoni.
Justine Henin est notre GAEL Guest de ce mois de juin. L’occasion de revenir sur sa fabuleuse carrière sur les courts et sur sa nouvelle vie de maman entrepreneure. Elle nous a dévoilé son mantra, une phrase particulièrement précieuse qui lui a permis de se dépasser, sur les courts comme dans son quotidien.
Le mantra de Justine Henin
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Justine Henin : « ‘‘La vie est une aventure audacieuse ou elle n’est rien’’. Cette citation d’Helen Keller (autrice et militante américaine aveugle et sourde depuis l’âge de 1 an et demi, NDLR) m’a toujours portée, surtout quand je sens que je vacille. L’audace est un mot qui revient souvent dans mes pensées ou dans mes actions. Du moins, je l’espère… J’ai toujours été habitée par beaucoup de peurs. J’en suis consciente, depuis mon plus jeune âge. Mais je faisais tout pour me dépasser. Il y avait toujours cette force qui me poussait à aller plus loin, à prendre plus de risques. »
Y pensiez-vous sur les courts ?
Justine Henin :« Non, quand je suis sur le terrain, c’est instinctif. Il faut essayer de jouer le bon coup, au bon moment. On n’a pas le temps de réfléchir. C’est le résultat de tout le travail fourni. Pendant les situations stressantes, il est crucial de pouvoir réagir. Avec le recul, on se rend compte que le risque serait finalement de ne pas oser y aller. J’ai mis du temps à le comprendre. Se lancer, même si on craint d’échouer, telle est ma définition de l’audace. J’ai beaucoup travaillé cet aspect. J’ai reconditionné mon état d’esprit en essayant perpétuellement de sortir de ma zone de confort. »
Quand une petite fille de Rochefort dit qu’elle veut devenir numéro un mondial et remporter Roland Garros, cela paraît complètement surréaliste. Je comprends les gens qui me regardaient de haut à l’époque.
Comment la petite fille anxieuse a-t-elle trouvé l’audace nécessaire pour se hisser à la première place ?
Justine Henin :« J’étais une enfant vraiment timide, mais, en même temps, j’avais énormément d’ambition et de détermination. Quand une petite fille de Rochefort dit qu’elle veut devenir numéro un mondial et remporter Roland Garros, cela paraît complètement surréaliste. Je comprends les gens qui me regardaient de haut à l’époque. Ce rêve de petite fille paraissait bien trop grand aux yeux des gens. Mais j’avais ce désir, cette flamme. Est-ce que je pouvais m’autoriser une telle ambition ? Cela a été un travail de longue haleine. Mais c’est également le fruit de belles rencontres. Des gens qui vous disent que vous avez le droit d’y croire. Comme lorsque j’ai rencontré Carlos Rodriguez, à 14 ans. Avec le talent, mais aussi à force de travail, d’espoir et de choix forts, on finit par atteindre son objectif. »
Vous dites que le risque, c’est parfois ne pas oser. Regrettez-vous certaines opportunités manquées ?
Justine Henin :« Vivre de regrets n’est pas dans ma nature. Je ne regarde jamais en arrière. Je n’insinue pas que tout est écrit. On a toujours l’occasion d’agir différemment, mais il faut se dire que nous composons avec les moyens qui sont, à un moment précis, les nôtres. Comme lors de ces deux finales perdues à Wimbledon, le seul tournoi que je n’ai pas remporté. Lors de la seconde finale, j’étais en très bonne posture. J’avais gagné le premier set face à Amélie Mauresmo, tout allait bien. Pourtant, je n’y croyais pas vraiment. J’ai pris le temps d’analyser ce match, de comprendre ces croyances qui m’ont freinée. J’ai essayé de travailler là-dessus, mais je n’y suis pas arrivée. J’essaie de me dire que j’ai agi avec les moyens dont je disposais à l’époque, je me suis donnée à fond et je ne vois pas comment j’aurais pu agir autrement. Je suis humaine. Je l’accepte, je n’ai pas de regret à ce sujet. »
Retrouvez cette rencontre avec Justine Henin en intégralité dans le GAEL de juin disponible en librairie.
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