Dans la bibliothèque de Myriam Leroy

Les best of romans d'une serial liseuse.

Enfant, Myriam Leroy lisait tout le temps, même dans la cour de récréation. Pour notre GAEL Guest, la littérature est l'art le plus noble, entre autres car il demande au récepteur un réel investissement. En télé, on la retrouve le lundi à 22h45 dans "Livrés à domicile" sur La Deux avec Thierry Bellefroid, où elle nous parle des livres qu'elle a aimés.

Voici son best of des romans à ne surtout pas manquer.

1. "La fleur du capital" de Jean-Noël Orengo

La fleur du capital

Ça fait longtemps que j'avais l'impression de crier "il faut le lire!" dans le désert. J'ai donc été très contente qu'il reçoive le prestigieux et branché Prix de Flore. Ce roman m'a filé une claque. Bon, il fait 800 pages... et en plus Orengo psalmodie beaucoup. Il faut donc idéalement le lire d'une traite, en vacances par exemple. C'est quasi une montée de junkie, provoquée par une façon d'écrire et de multiplier les répétitions qui te font monter, qui agissent sur ton cerveau. Ça parle de la prostitution à Pataya en Thaïlande, le plus grand bordel du monde. Jean-Noël Orengo arrive à faire de la littérature raffinée à l'ancienne avec un sujet qu'on verrait plutôt dans des émissions bien putassières de M6. C'est très beau, ça permet de sortir de notre prisme ethno-centré. Avant de le lire, je trouvais que la prostitution était la pire chose qu'on puisse infliger à un être humain. Après, je me suis dit que je ne détenais pas la vérité absolue... qu'ailleurs, dans une autre culture, on peut voir les choses autrement. Ça montre aussi le déclin de notre vieille Europe au profit d'autres places sur le monde.

"La fleur du capital", Jean-Noël Orengo, Grasset, janvier 2015.

2. Les deux tomes de "Vernon Subutex" de Virginie Despentes

vernon subutex

Ils sont prodigieusement écrits, souvent touchés par la grâce, à la fois sombres et coléreux mais avec quand même une note d'espoir. Quelle vertigineuse galerie de portraits de la France interlope, année 2015! Viriginie Despentes est mon héroïne absolue. Elle a la colère comme carburant. Je la trouve libre. Depuis très longtemps, elle ose faire des choses culotées, comme "Baise-moi" dans les années 90, qui a été taxé de pornographie et de scandaleux. C'est vrai qu'à l'époque, moi aussi je trouvais ça porno, je ne voyais pas le point. Mais aujourd'hui, quand je le relis, je trouve ça incroyable, très jeune, d'avoir osé s'affirmer sur un plan sexuel, et pas un plan sexuel-séduction. J'ai l'impression que Virginie Despentes s'est affranchie de beaucoup de choses pour pouvoir écrire si bien.

"Vernon Subutex", Virginie Despentes, Grasset, janvier 2015 (tome 1), juin 2015 (tome 2).

3. "L'arabe du futur" de Riad Sattouf

l'Arabe du futur

J'aime les deux tomes de ce roman graphique. Et j'aime globalement toute l'œuvre de Riad Sattouf. C'est quelqu'un de très drôle. Là où Virginie Despentes parle de la fabrique des filles, lui, il parle de la fabrique des garçons. Il traite de liberté, mais avec beaucoup de légèreté et d'humour, malgré un sous-texte souvent sombre. On peut le lire au premier degré et rire un bon coup, mas on peut aussi aller un peu plus loin et prendre le pouls du monde... qui ne va quand même pas super bien. Cette lecture permet en outre de comprendre certaines choses au sujet de la situation du Moyen-Orient.

"L'arabe du futur", Riad Sattouf, Allary, 2014.

4. "Karoo" de Steve Tesich

Karoo

C'est l'histoire d'un script doctor à Hollywood, payé pour rendre grand public des scénarii pointus, pour cochonner le travail des autres en somme. C'est d'un cynisme absolu. Ça parle du monde du cinéma, de l'Amérique, de l'Occident, avec l'expérience singulière d'un quinquagénaire comme porte d'entrée. C'est extrêmement bien écrit, c'est très drôle et très noir. Karoo, incarnation de la flamboyance de la loose, s'emploie entre autre à réhabiliter une actrice qui a toujours été coupée au montage, dans tous ses films. (ndlr: "Coupé au montage" est le titre de l'émission de Myriam Leroy sur La Trois en télé et La Première en radio).

"Karoo" de Steve Tesich, édite de façon posthume en 1998, et traduit en français aux éditions Monsieur Toussaint Louverture.

5. "Un amour impossible" de Christine Angot

Un amour impossible

Je n'aimais pas tellement Christine Angot, je la trouvais désagréable et déplaisante. En lisant ce bouquin très simple, j'ai eu l'impression de la comprendre. Elle écrit dans une oralité très travaillée, mais ça reste malgré tout quasi des mots d'enfants, avec un rythme très saccadé. ici, elle raconte l'angle mort de ce qu'elle a toujours raconté, l'inceste dont elle a été victime. Seule une ligne dit qu'elle a été violée par son père. Tout le reste parle de sa mère, qui n'a pas vu ce qui s'est passé et qui, une fois qu'elle a su, n'a rien dit, a fait semblant de rien. C'est un roman sur le pardon, une déclaration d'amour à sa mère. Superbe, vraiment bouleversant. Ce bouquin donne envie de pardonner. En fait, dans la vie, les gens font ce qu'ils peuvent.

"Un amour impossible", Christine Angot, Flammarion, 2015.

... Sans oublier toutes les œuvres d'Emmanuel Carrère, dont "Un roman russe", que Myriam Leroy affectionne tout particulièrement.

Si vous êtes aussi une serial liseuse:

L'interview de Riad Sattouf.

Renaud, Paris Perdu.

– Et bien sûr... GAEL!

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