Ses débuts, son parcours: qui est la chanteuse Iliona ?
Si Iliona, la queen bruxelloise de la bedroom-pop mélancolique fascine la France comme la Belgique, c’est parce qu’elle se laisse uniquement guider par ses intuitions. Et de ses chansons, taillées comme des diamants bruts, surgissent des émotions XXL. Par Isabelle Blandiaux. Photos : Luc Praet.
À 25 ans, la chanteuse Iliona a publié deux EP, un album post-rupture cette année, What if I break up with u?, s’est bagarrée pour récupérer les droits sur sa musique, a quitté son premier label, puis créé le sien, elle continue à écrire, à composer, à produire ses chansons seules dans sa chambre, à réaliser ses clips et à concevoir ses visuels. Parce qu’il n’y a pas un instant à perdre pour être 100 % soi.
Comment la musique est-elle entrée dans ta vie ?
Iliona : « J’écoutais beaucoup de CD dans la voiture avec mes parents, dès la maternelle. On les choisissait au début du trajet. J’ai fait un peu de cours particuliers de piano classique en primaire, mais cela m’ennuyait d’apprendre le solfège. J’adorais chanter. Dès que j’ai pu, j’ai regardé les clips, les concerts et j’ai fait beaucoup de karaokés sur YouTube. C’est comme ça que j’ai appris l’anglais, enfant. J’ai rêvé d’être chanteuse, mais sans me dire que cela pouvait être réalisable. J’imaginais que pour faire ce métier, je devais être née aux États-Unis. »
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Enfant, tu aimais l’école ?
Iliona : « Non, je m’y suis toujours ennuyée. Du plus loin que je me souvienne, je ne voulais pas y aller. Non pas que j’étais rebelle, mais j’avais envie de faire autre chose. J’y ai rencontré toute petite mes amis actuels. Mais j’étais hyper dans la lune, tout le temps. Je préférais dessiner, écrire des histoires et des poèmes dès mon plus jeune âge. La narration m’attirait beaucoup, cela me permettait d’utiliser mon imagination débordante. Dès que j’ai eu un appareil, j’ai fait beaucoup de photos également. »
Tu as étudié jusqu’à 18 ans à Decroly (Uccle), dans la section artistique, comme Angèle, qui te soutient beaucoup sur les réseaux sociaux. Vous vous êtes rencontrées par ce biais-là ?
Iliona : « Non, elle a cinq ans de plus que moi, donc on ne se connaissait pas encore à ce moment-là. On s’est rencontrées plus tard. Aucun de mes amis d’enfance ne travaille dans un domaine artistique. J’ai toujours été un peu à part, à faire des choses que mes potes ne comprenaient pas trop, donc cela fait plaisir d’avoir des copines « collègues » avec qui on se comprend sur nos emplois du temps ! (Rires.) »
La voie artistique a donc été une évidence pour toi ?
Iliona : « Oui, réaliser des films était mon plan A, mon rêve le plus grand. Puis je me suis dit que je n’étais pas à la hauteur et que je n’avais pas le courage d’emprunter cette voie. J’ai voulu faire de l’illustration, puisque c’est aussi une façon de raconter des histoires. Je n’ai pas préparé l’examen d’entrée à Saint-Luc — j’avais toujours très bien réussi à l’école — et je me suis rétamée. Tant mieux. Un côté en moi aime rentrer dans les cases, plaire aux profs, donc si j’avais démarré ces études, je me serais investie. Après, j’ai suivi pendant deux mois les cours en histoire de l’art à l’ULB, puis j’ai arrêté parce que je faisais beaucoup de musique, cela m’obsédait. J’ai pensé que c’était mieux de se planter là-dedans à 18 ans qu’après des études. J’ai donc essayé, sans penser que cela marcherait. Je faisais déjà de la musique tous les jours quand j’étais à l’école, mais c’était épuisant. »
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Tu as eu la discipline de t’y mettre à fond…
Iliona : « Mes amis me disent que je suis très disciplinée, que je travaille énormément. Le truc, c’est que pour moi, ce n’est pas du travail. Donc ce n’est pas de la discipline. Je ne culpabilise pas quand je ne fais pas de musique, mais cela me manque. C’est de la passion. J’ai de la chance. »
Dans certaines de tes chansons, tu parles de ta famille. Tes parents et ton frère t’ont toujours soutenue ?
Iliona : « Ils ont toujours été très soutenants. Je pense même que mes parents ont vu plus tôt cette part artistique en moi, alors que je ne m’autorisais pas toujours à m’écouter et à être moi-même, parce que je cherchais à rester dans les cases et à performer. Je ne voulais jamais me faire remarquer, cela a toujours été comme ça. Sauf que je suis passionnée par la musique et cela m’a dépassée. À un moment, ma mère m’a dit que je devais aller au-delà de cette appréhension, que je devais foncer. Très souvent, je perds confiance, je me dis que je suis trop nulle et que je ne vais pas y arriver… Heureusement, mes parents, mon frère, mes potes sont là pour me secouer et me dire d’y aller parce que je suis douée et que j’en ai plein de preuves ! »
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