Santé mentale, vie de famille: Justine Henin, sans tabou
Justine Henin est notre GAEL Guest de ce mois! La tenniswoman, qui fait un peu partie de notre patrimoine national, parle de tout sans tabou. Sa santé mentale, son mari qui l’a aidée à trouver le côté lumineux de sa force, l’image austère qu’elle a pu avoir à une époque et les bêtises de Kim Clijsters, avec qui elle a pratiquement grandi. D’après un texte de Florence Hainaut. Photos : Laetizia Bazzoni.
Quand on aperçoit Justine Henin de loin, dans son club de tennis à Limelette, on a envie de courir vers elle en criant : « Juju ! » Mais on se retient, on sait se tenir. Juju a bercé notre adolescence et on a failli rater des examens pour regarder ses exploits. Quelle idée, aussi, de programmer Roland-Garros en plein blocus… C’était il y a plus de vingt ans, c’est fou, non ?
À la rencontre de Justine Henin
La Belgique entière suspendue aux revers d’une jeune fille opiniâtre, casquette vissée sur la tête, queue de cheval, silhouette menue et regard déterminé. Cette enfant de Rochefort, que rien — ni sa constitution ni son milieu familial — ne prédestinait à osciller entre numéro un et numéro deux mondiale du tennis féminin, battant à la chaîne des légendes, comme les sœurs Williams à l’U.S. Open en 2007. Juste une petite fille qui adorait le tennis et avait prévenu, à 6 ans, qu’elle atteindrait les sommets et a tout mis en œuvre pour y arriver.
Justine est née dans une famille endeuillée par le décès d’un enfant. Elle a elle-même connu le deuil trop tôt, quand sa maman est décédée d’un cancer. Dans cet océan de douleur, elle s’est créé une bulle faite d’objectifs et de limites à dépasser. En 2011, son corps lui a rappelé qu’à l’impossible, nulle n’est tenue ; elle a déposé les raquettes et a commencé son autre vie. Elle qui n’avait jamais fait de courses dans un supermarché et qui, surtout, n’avait pas pris le temps de se poser pour digérer les douleurs qu’elle avait enfouies.
Elle qui n’avait jamais fait de courses dans un supermarché et qui, surtout, n’avait pas pris le temps de se poser pour digérer les douleurs qu’elle avait enfouies.
Loin de la jeune fille parfois jugée un peu distante, la Justine version 2025 est rigolote, lumineuse, bavarde. Elle suspend l’interview pour faire un selfie avec une ado qui a les yeux qui pétillent et salue les clients du club par leurs prénoms. Entre l’organisation de la kermesse de l’école, son job de consultante télé et la gestion de son académie, elle n’a ni le temps ni la réelle envie d’être une personne médiatique. On mesure donc la chance d’être là…
Son autobio en 3 dates
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1994 « Je joue au foot dans une équipe de garçons, mais cela devient très physique et mes parents me disent que c’est trop dangereux. Même si ce n’est plus possible de concilier foot et tennis, jouer au foot avec des garçons jusqu’à mes 12 ans a forgé mon caractère et m’a aussi aidée physiquement parlant. »
2000 « L’année de mon envol. À 17 ans et 9 mois, je quitte la maison familiale dans un contexte tendu. Ce sont des événements que l’on n’aime jamais vivre, mais ils ont conditionné le fait de prendre ma vie en main. La vie, ce sont des étapes et celle-ci en était une. Importante. »
2011 « L’arrêt définitif de ma carrière. J’ai consacré la majeure partie de ma vie au tennis depuis mes 5 ans. Ma vie a changé du jour au lendemain, mais en réalité, cela a été un moment vraiment heureux et j’ai la chance que les choses se soient rapidement mises en place dans ma vie personnelle. Cela a été comme une deuxième naissance. »
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