Julianne Moore and more…

La chef des rousses hollywoodiennes mène la danse des récompenses. Après le Prix d'interprétation à Cannes et le Golden Globe, voici pour elle l'Oscar de la meilleure actrice. Julianne Moore est simplement exceptionnelle dans "Still Alice". Interview exclusive à Londres. Par Joëlle Lehrer

Quel défi avez-vous dû relever sur le tournage de "Still Alice"?

Je fais partie des rares personnes à n'avoir aucune expérience de la maladie. Et personne dans ma famille ou dans mon cercle d'amis n'a souffert d'une grave maladie. Comme je me basais, pour ce rôle, sur des témoignages de personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer, j'avais la responsabilité d'être le plus précise et le plus vraie possible. Heureusement, tous les gens concernés par ce film ont été d'une générosité extraordinaire! Ils ont partagé avec moi tant leurs expériences que leurs sentiments sur l'Alzheimer. J'ai pris quatre mois pour mes recherches sur le sujet. J'ai commencé par visionner des documentaires puis, j'ai été à l'Association Nationale de l'Alzheimer. Elle m'a mise en contact avec des malades. La plus jeune avait quarante-cinq ans. J'ai également rencontré des médecins et des neuropsychiatres qui mènent des recherches pointues sur le sujet. J'ai d'ailleurs passé un test. Et deux semaines plus tard, ils m'ont dit que tout était normal chez moi! (Rires). J'ai aussi participé à des groupes de soutien de femmes atteintes de la maladie.

Considérez-vous ce film comme une mission?

Je ne pense pas que l'on fasse jamais un film pour susciter la polémique et faire de la propagande. Les gens vont au cinéma pour se divertir, apprendre et ressentir. On fait un film parce que l'on croit à l'humanité de l'histoire qu'il raconte. Peu de gens savent que l'Alzheimer peut frapper des personnes dans la force de l'âge. Et il n'existe pas encore de remède contre cela. Les personnes touchées par cette maladie méritent d'être moins isolées.

Vivre le moment présent est un thème récurrent dans "Still Alice". Est-il apparu également lors de vos contacts avec les patients?

Absolument. Et je crois que cela concerne tout le monde, pas seulement les malades de l'Alzheimer. C'est ce qui est captivant dans le film. On se projette sans cesse en avant. On fait des plans. Mais si on est tout le temps en train de penser à l'avenir ou de regarder le passé, on ne vit pas le présent. Tout le monde, même Shakespeare, a abordé ce thème. Dans "Macbeth", il y a ce célèbre monologue "And all our yesterdays have lighted fools the way to dusty death" ("Et tous nos hiers ont éclairé les imbéciles au chemin de la mort). Il faut savoir ce que nous sommes.

J.L.

-"Still Alice", de Richard Glazer et Wash Westmoreland, est dans les salles.

Lire l'intégralité de l'interview dans le GAEL d'avril

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