Meet our guest: Benoît Nihant, le goût du bonheur
Benoît Nihant est notre guest de ce mois. Oui, oui, celui qui fait des chocolats qui donnent envie de hurler de bonheur. Derrière une réussite éclatante, il y a un parcours totalement atypique et une vraie envie de faire les choses avec respect et éthique. Et surtout dans la joie. Par Florence Hainaut. Photos : Laetizia Bazzoni.
Benoît Nihant est un punk. On ne dirait pas, avec son air doux et son sourire timide de premier chocolatier de la classe. Mais je vous jure, c’est un punk. À 30 ans, cet ingénieur à la carrière toute tracée a tout plaqué pour aller travailler gratuitement chez un pâtissier et apprendre le métier. Un métier qu’il a réinventé, en refusant de travailler avec les multinationales qui contrôlent le commerce du cacao. Tout le monde ou presque le faisait, mais lui n’a jamais envisagé de respecter les règles. Il les trouvait injustes, il a donc créé les siennes.
Depuis vingt ans, il n’en fait qu’à sa tête — et surtout à ses tripes — et est devenu l’un des grands noms du chocolat. Quand il va au Japon, où il a trois boutiques, les fans pleurent d’émotion. « Pas à cause de moi, non, mais pour mon chocolat peut-être ? » Modeste, il met tout sur le dos de la chance. À côté de lui, et pas du tout dans son ombre, il y a Anne, sa femme, rencontrée sur les bancs de l’université. Et leur envie commune de se créer un métier passion qui a du sens. Ce fan absolu des Pet Shop Boys, qui joue (mal) au hockey avec ses potes — « Mais qu’est-ce qu’on rigole » — peut enfin savourer de vrais week-ends, lui qui, pendant des années, a travaillé sept jours sur sept pour que son envie prenne forme. « C’est peut-être pour ça que notre fils n’aime pas le chocolat. »
Benoît Nihant a toujours fait ce qu’il voulait. Quand ses petits camarades d’école écoutaient du rock, lui se plongeait dans la musique classique et tentait tant bien que mal de faire de ses petites mains d’habiles paluches de pianiste. « J’ai longtemps eu une relation d’amour-haine avec mon piano. » Mais depuis que ses mains confectionnent l’un des meilleurs chocolats du monde, il reprend plaisir à jouer. Il aime aussi le jazz, mais pas trop ce que son fils écoute… Normal. Benoît aime parler des fèves, des terroirs, des machines qu’il a lui-même construites dans son usine (c’est pratique d’être ingénieur). Mais il ne voit pas trop l’intérêt de parler de lui. Nous, si. Et c’est un moment délicieux.
Son auto-bio en trois dates
- 19 août 2005 « Départ pour un grand voyage aux USA. Dans l’avion, je prends vraiment conscience que tout va changer. Ma démission est posée et un peu après le retour, c’est le grand saut dans le domaine du chocolat et le début du travail chez Wittamer. »
- 14 juillet 2006 « Première visite (d’une longue série) d’une plantation de cacao. Rencontre avec des planteurs en Équateur, dans la région de Guayaquil. Les contacts sont chaleureux et les paysages merveilleux. Mais je ne sais pas encore comment reconnaître une fève d’exception ! »
- 10 février 2013 « Première visite et premières ventes au Japon, où nous avons aujourd’hui trois boutiques. L’accueil des produits est excellent, on voit en direct les premières files de clients se former. Et on rencontre les premiers fans de nos créations. »

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