Comment vous êtes-vous préparée à ce rôle ? Avez-vous fait des lectures sur les femmes possédées ?
Tout d’abord, le texte était très bien écrit, avec une langue très classique, même si Verhoeven avait envie d’une interprétation moderne, presque anachronique. Ensuite, j’ai bien sûr lu le livre de Judith C. Brown, ainsi que certaines mystiques comme Hildegarde de Bingen, qui illumina le 12e siècle germanique. Mais l’histoire de Benedetta Carlini arrive au moment où l’Église se méfie des mystiques. Rivette (réalisateur de La Religieuse, qui, à sa sortie en 1966, avait fait scandale, NDLR) était passionnant, mais n’a pas grand-chose à voir avec Benedetta. Je me suis aussi tournée vers des films comme Les Diables avec Vanessa Redgrave (1971, inspiré de l’affaire des démons de Loudun dans le 17e siècle français, NDLR), qui traite de la possession et des préjugés sur la sexualité à l’époque. Et puis pour la première fois, j’ai travaillé avec un professeur — je préfère ce mot à « coach ». On se plongeait dans le scénario comme dans un parchemin et on essayait de faire surgir des images mentales. Notamment pour la scène de mort et de résurrection. Ou lorsque Benedetta crie : « Blasphème, blasphème ! », je pensais à certains hommes politiques qui perdent leurs valeurs avec le pouvoir, car Benedetta est aussi une stratège. Sa pathologie — elle est certainement schizophrène — et l’ivresse du pouvoir lui donnent une espèce de surpuissance comique. J’ai travaillé sur le premier degré de la croyance et Verhoeven filmait le second degré.