Encore méconnue, cette île des Caraïbes va vous surprendre

L’outsider face à Aruba et Curaçao dans les Caraïbes ? L’île de Bonaire est un coin de paradis sauvage et un havre ensoleillé pour les sportifs qui aiment l’eau et le vent. Par Annelore De Donder.

Si les embouteillages et les tracas vous pèsent, sachez qu’il existe une solution. Elle s’appelle Bonaire et se trouve au large du Venezuela. Les couleurs radieuses des Caraïbes et le bleu azur de chez azur vous attendent à la lettre B des îles ABC (avec Aruba et Curaçao). La grisaille est balayée à la façon tropicale, avec un bon vent assuré pour la planche à voile. Et même si vous entendrez parler néerlandais et trouverez un supermarché Albert Heijn dans cette commune néerlandaise, le plat pays est à des années-lumière. Notre journaliste vous fait découvrir ce joyau caché des Caraïbes.

All-in paradis

Outre des vols directs des Pays-Bas, Corendon propose un séjour all-inclusive au Van der Valk Plaza Royal Residence Bonaire, un resort intime 4 étoiles récemment rénové. Après avoir franchi deux petits ponts enjambant la lagune et la marina privée, on me dépose en voiturette de golf devant l’un des appartements de 2 ou 3 chambres avec balcon(s), sur le tout nouvel îlot de villas design — piscine à débordement privée incluse.

Inutile de dire à quel point j’ai l’impression de rêver éveillée… Le lendemain, dans la lumière pastel de l’aube, la réalité m’apparaît plus nettement encore : j’ai atterri dans l’épicentre du luxe. Imaginez : piscine centrale avec vue sur la mer, récif privé pour le snorkeling, transat moelleux, délices tout frais — sushis à volonté, poisson pêché à l’instant ! —, un DJ que j’aurais bien ramené à la maison et plusieurs bars où chaque large sourire est accompagné d’un cocktail de rêve. Mais soit : voyager ne se limite pas aux joies de l’all-in… Le reste de l’île s’avère au moins aussi attrayant.

Plumes roses

Il y a la réserve naturelle protégée du Washington Slagbaai National Park, un paysage rocheux inhabité qui s’étend sur tout le nord de l’île. Plus de cinq cents espèces animales et végétales vivent dans des forêts de cactus impénétrables, de vivifiants spots de snorkeling, des grottes calcaires, dunes de sable et lacs salés. Installés à l’arrière du 4×4 des Adventure Makers pour une excursion, nous cahotons sur une piste de terre ocre en évitant les lézards et innombrables nids-de-poule. « Encore plus nombreux qu’en Belgique », plaisante Joop, l’un des nombreux Néerlandais installés ici. Oh, là-bas, un perroquet !

Si les cactus protégés poussent à des hauteurs impressionnantes, c’est surtout grâce aux innombrables chèvres qui broutent tout le reste. Avant de se faire déguster elles-mêmes en ragoût, un plat très populaire, tout comme l’iguane ou « poulet des arbres » (référence à son habitat et son goût). Personnellement, je m’en tiendrai à l’autre spécialité locale : la liqueur de cactus. Autre note typique du lieu : le flamant rose des Caraïbes, symbole de Bonaire. Fun fact, il naît blanc, son rose photogénique vient de sa principale source de nourriture, les crevettes et algues des marais salants.

Terre salée

Le cœur de Bonaire est d’ailleurs fait de sel. Il est naturellement présent dans le sol et en dehors du tourisme, l’exploitation saline est la seule source de revenus de l’île depuis des siècles. Quand les Hollandais ont commencé à saumurer leurs aliments, Bonaire s’est avérée une vraie mine d’or et la colonie est devenue, en plus d’un lieu de peine et de bannissement, un important fournisseur de sel pour la Compagnie des Indes occidentales. Des centaines d’esclaves africains devaient alors, à la main, racler les aveuglants marais salants. Quand on m’invite à remplir gratuitement un sachet de sel près des pyramides blanches du seul producteur actuel, Cargill, ça pique, dans tous les sens du terme.

Richesse sous-marine

La zone protégée de Bonaire s’étend aussi sous l’eau : la mer qui entoure l’île, avec son récif corallien, ses herbiers marins et sa mangrove, fait partie du Bonaire National Marine Park. Un véritable paradis sous-marin ; l’île ne porte pas pour rien le surnom de Diver’s Paradise. Je ne suis pas plongeuse, mais j’aime bien le snorkeling, et même à la surface, on se croirait dans Le Monde de Nemo. Palmes aux pieds, je saute du bateau SeaCow avec Tess — une autre Néerlandaise devenue bonairienne — pour un « trip drift-snorkel », portée par le courant le long du petit îlot inhabité de Klein Bonaire.

Ici, les poissons ne sont plus chassés depuis des décennies et sont tout confiants : je pourrais presque caresser le « chirurgien bleu », le « poisson-ange empereur », la « beauté des récifs » ou le « joyau de corail »… Ces créatures féeriques n’ont pas volé leurs noms majestueux. Mais il y a aussi un petit côté moins glamour : le poisson-perroquet grignote le corail — sous l’eau, on l’entend crépiter —, puis rejette tout ce qui n’est pas nutritif (algues et plantes marines) sous forme de petits grains blancs. Eh oui : ce « sable » blanc idyllique qui reflète le soleil et crée ces cinquante nuances de turquoise dignes d’une carte postale, ce sont en fait des excréments de poisson-perroquet… Ce qui n’enlève d’ailleurs rien au bonheur de flotter, en apesanteur, dans cette immensité bleue silencieuse.

Les eaux saumâtres de la mangrove sont moins bleues, mais tout aussi riches en poissons tropicaux. Partis du Mangrove Center, nous glissons sur l’eau à la découverte de Lac Cai, avec un arrêt snorkeling en chemin. Les racines aériennes des palétuviers divisent la lumière en rayons célestes ; je vois un bébé barracuda slalomer — un spectacle rare, selon notre guide. C’est presque religieux, jusqu’à ce que ce même guide parte en apnée et que je me retrouve seule, désorientée et dérivant dangereusement près du récif, piquée par une créature indéfinissable. Ce serait trop bête de mourir dans un canal de mangrove — heureusement, le drame n’est pas allé plus loin qu’une petite frayeur.

Gone with the wind

La mer des Caraïbes, je l’ai le plus aimée quand elle clapotait sous ma planche à voile, chaude comme un bain et juste devant la plage privée du Sorobon Beach Resort. Voilà le spot idéal pour tous les véliplanchistes, même les débutants ! Protégé par le récif, sans houle océanique et garanti d’un alizé constant de décembre à mai environ. Le lieu est tout aussi parfait pour juste profiter de la coolitude liée à ce sport : la brise marine chasse les moustiques et Sorobon, avec son resto-bar chill, n’est pas loin. « Le combo idéal de sport et farniente », résume Louisa, la gérante de ce petit bijou fraîchement rénové.

Ses luxueuses Ocean View Beach Houses donnent sur la lagune et sont judicieusement disposées dans un jardin tropical pour garantir la discrétion. L’école de planche à voile et centre de location Dunkerbeck Pro Center est à deux pas. Après une session délicieuse, je rends mon matériel à Toto, « born and raised here ». Je me rince sous la douche de ma terrasse avant de m’installer confortablement pour m’imprégner de cette vue mémorable. Une fois le soleil couché, je vais au Reef Bar pour déguster la pêche du jour. De retour dans ma maisonnette climatisée, la détente se prolonge grâce au plaisir des yeux que produit l’aménagement minimaliste et chaleureux en bois et Mortex. « Vous avez les montres, nous on a le temps », résumait Toto. Je serais prête à manger un iguane pour pouvoir y retourner.

Bonaire en pratique

• Y aller : Corendon vous emmène en 10 h 40 directement de Schiphol à Bonaire. Bien que le néerlandais reste la langue officielle, on y parle surtout le papiamento et l’anglais. Pour tous les touristes à partir de 13 ans, une « entry tax » de 75 $ (la monnaie locale est le dollar américain) par personne est appliquée. corendon.be/bonaire.
• Séjour all-in à la plage : Van der Valk Plaza Royal Residence Bonaire est un resort quatre étoiles avec formule all-in. Les luxueux appartements 2 ou 3 chambres sont tout neufs. Séjour all-inclusive àpd 1 730 € par personne, vols internationaux compris.
• Sorobon Luxury Beach Resort est le seul hôtel à la lagune Lac Bay, l’un des meilleurs spots de planche à voile au monde. Avec des cabanes de plage pour 2 à 8 personnes et un Reef Bar. Àpd 329 $ pour 2 personnes. sorobonbeachresort.com.
• Délices des Caraïbes : Chez Sebastian’s, sur la « Pier Table » avec vue sur l’océan, on déguste la pêche du jour face au coucher de soleil. sebastiansrestaurantbonaire.com.
• En plein Kralendijk, on sert du poisson frais dans le jardin intérieur de La Cantina, sur fond de musiques latino et reggae. lacantinabonaire.com.
• À Posada Para Mira, en bordure de Rincon avec vue sur les collines, découvrez la cuisine authentique de Bonaire, avec de l’iguane ou de la chèvre au menu. posadaparamira.com.
• Goûter au cactus cadushi omniprésent ? C’est possible sous forme de liqueur, lors d’une visite à The Cadushy Distillery à Rincon. cadushy.com.

Bonaire toujours en pratique

• Sports aquatiques : Pour accéder aux eaux autour de Bonaire — quelle que soit la manière —, il vous faut un e-ticket Stinapa (40 $ par personne). stinapa.bonairenaturefee.org.
• Découvrez le monde sous-marin tropical en snorkeling avec l’équipage du Sea Cow, qui vous emmène aux plus beaux endroits de Klein Bonaire. seacow-bonaire.com.
• Les frères bonairiens Tonky et Taty Frans de l’école de windsurf et wingfoil The Frans Paradise, à Lac Bay, proposent des initiations. L’eau peu profonde et chaude de Sorobon Beach offre les meilleures conditions pour s’essayer aux sports nautiques. fransparadise.com.
• De l’autre côté de la baie, au Dunkerbeck Pro Center, dans le Sorobon Luxury Beach Resort, des surfers expérimentés vous aident à trouver le matériel adapté. On peut aussi prendre des cours. dunkerbeckprocenter.com.

Plus d’infos sur bonaireisland.com.

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